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Ces indélogeables dinosaures de la politique africaine

[image:1,l]Où que j’aille en Afrique, les aînés ont la parole. Les pauvres jeunes que nous sommes, nous devons de les écouter, de les respecter et tout ça car, bien entendu, leur expérience et leur savoir sont supposés être bien plus grands et surtout plus sages que les nôtres.

Mais ils sont aussi condescendants et souvent sectaires. Et dans la plupart des cas, on ne peut pas dire que la situation politique et sociale qu’ils ont laissée derrière eux soit une fierté.

Des dirigeants vieillissants

Il n’en a pas fallu plus pour que de son côté, Todd Moss, du Centre pour le développement global, ne fasse ses propres calculs et en arrive à d’étonnantes conclusions concernant le fossé générationnel, ou plutôt « gouffre générationnel » comme il le qualifie, entre les gouvernants et les gouvernés. Plus d’un chef d’Etat en Afrique ou au Moyen-Orient dépasse d’un bon demi-siècle l’âge de ses concitoyens.

Prenez l’exemple d’Abdoulaye Wade, le président sénégalais qui espère briguer un nouveau mandat aux prochaines élections. Il a 85 ans (voir plus…sa biographie officielle est douteuse) alors que l’âge médian au Sénégal est de 19 ans. Si vous votez pour quelqu’un pour représenter vos intérêts, qu’est-ce qu’un homme de 85 ans sait de la vie de ses jeunes contemporains ?

Ou pour enfoncer le clou, regardez donc du côté des dirigeants déchus par le Printemps arabe. « Hosni Moubarak avait 83 ans, 59 années de plus qu’un égyptien moyen. Et le fossé qui séparait Kadhafi et Ben Ali de leur population était de 45 années. »

Ce qui nous pousse à nous demander : « Est-ce qu’un écart de trois (ou quatre) générations peut-être un des facteurs de la protestation ? Ses écarts sont-ils les témoins d’un gouvernement qui se désintéresse de son peuple ? » Dans tous les cas, cela n’annonce rien de bon.

L’heure de la retraite a sonné

Le temps est venu pour ces dinosaures de la vie politique africaine de tirer leur révérence et de se mettre au vert, de se reposer à l’ombre d’un cocotier, de dispenser quelques conseils, et non de continuer de la sorte à contrôler la trésorerie et les forces de l’ordre. Ils ont eu leur chance, et ils sont beaucoup à l’avoir gâchée. Ils devraient surtout savoir qu’attendre que la révolution vienne frapper à votre porte n’a jamais été très bon pour la santé.

GlobalPost/Adaptation Antoine Le Lay pour JOL Press

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