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La lassitude du peuple afghan face aux Occidentaux

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[image:1,l] Dix jours après l’incinération de plusieurs exemplaires du Coran dans la base américaine de Bagram, les tensions commencent à peine à retomber. Les livres brûlés auront coûté la vie à plus de trente personnes, tuées dans les manifestations anti-américaines à travers le pays et dans des attentats à la voiture piégée.

Ras-le-bol des Robocops

Mais au delà de l’atteinte au symbole qu’est le Coran, c’est le ras-le-bol général de la population afghane qu’il fallait percevoir dans ces protestations. Les manifestations dans des zones habituellement calmes ont prouvé à quel point les Afghans les plus modérés finissaient à leur tour par se lasser des bavures de l’OTAN.

L’Afghanistan a toujours été connu pour sa résistance acharnée aux envahisseurs étrangers. En 2002, après la défaite des talibans, le pays avait plus ou moins favorablement perçu l’arrivée de ces Occidentaux venus « aider ». Aujourd’hui, la confiance accordée à ces étrangers aux costumes de Robocop est réduite à peau de chagrin.

Sous occupation étrangère

Chaque mois, les journaux se font l’écho de ces soldats afghans qui tournent leurs armes contre leurs supposés alliés américains ou français. Les forces occidentales qui se vantaient d’être une armée au service de la paix ressemblent de plus en plus aux Soviétiques des années 1980 aux yeux des Afghans. De fil en aiguille et de bavure en bavure, le peuple afghan a fini par se sentir à nouveau sous une occupation étrangère.

Les missiles envoyés sur des hommes tirant en l’air pour des mariages, les corans brûlés, les soldats urinant sur les corps : tous ces actes isolés ont canalisé le désir des Afghans d’en finir avec la présence d’étrangers sur leur sol.

Le rêve impossible de l’OTAN

Le général David Petraeus a beau répéter régulièrement que l’Afghanistan est un pays très différent de l’Irak, cela n’empêche pas les officiers de réaliser les mêmes erreurs.

Tout ce qui n’a pas fonctionné en Irak ne fonctionne pas mieux en Afghanistan, malgré l’optimisme de façade des militaires.

Ainsi, la désillusion irakienne n’a pas brisé la croyance des Occidentaux dans leur impossible rêve : l’émergence en quelques années d’un Etat libre et démocratique, débarrassé de la corruption et intégrant les concepts des droits de l’homme.

Bien des décennies peuvent encore passer avant que ce tableau idyllique ne devienne réalité. Mais pour l’heure, les Afghans sont las de se voir imposer la gestion de leur territoire et aspirent simplement à gouverner leur propre pays.

GlobalPost/ Adaptation Emmanuel Brousse pour JOL Press

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