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L’élection présidentielle tourne la page de l’ère Saleh

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[image:1,l] Les Yéménites sont appelés à voter, mardi 21 février, non pas pour élire leur nouveau président, mais pour le confirmer. Car il n’y aura qu’un nom dans les bureaux de vote du pays. Le candidat Abd-Rabbou Monsour Hadi a donc toutes les chances de son côté pour être élu lors de ce scrutin. Si les résultats sont connus d’avance, le taux de participation permettra d’évaluer la confiance du peuple dans son nouveau chef d’Etat.

Un président pour deux ans, transition vers la démocratie

Successeur d’Ali Abdallah Saleh, Abd-Rabbou Monsour Hadi était vice-président du Yémen depuis 1994. Il occupe actuellement le poste de président par intérim, depuis les accords signés à Ryad le 23 novembre 2011 en vue de trouver une issue pacifique à la crise qui soulevait le pays depuis un an.

Après trente-trois ans de règne, Ali Abdallah Saleh avait finalement accepté de renoncer à ses fonctions contre plusieurs exigences, dont celle d’obtenir une immunité pour lui, sa famille et ses proches. Aujourd’hui il reste président d’honneur du Yémen.

Abd-Rabbou Mansour Hadi sera donc élu pour une période transitoire de deux ans durant laquelle il devra relever un pays affaibli et le préparer à de nouvelles élections présidentielle et législative, les vraies cette fois, qui auront lieu en 2014.

Avec cette élection, le Yémen devient ainsi le seul pays arabe à avoir achevé sa révolution de façon pacifique, par une solution négociée.

Réunifier l’armée et combattre Al-Qaïda

[image:2,s, r]Lors d’un discours prononcé dimanche 19 février, l’unique candidat à la présidentielle a énoncé les grandes lignes de son programme. Il a posé comme priorité la réunification de l’armée, séparée en deux depuis la crise, certains groupes ayant rejoint les rebelles sudistes. Il s’est également engagé à combattre le terrorisme, notamment Al-Qaïda.

Soutenu par le Printemps arabe

Dans les rues des villes du pays, notamment à Sanaa, la capitale, les murs sont recouverts du portrait de celui qui représente un espoir pour de nombreux Yéménites. La bonne réputation de cet habitué du palais présidentiel le suit et de nombreux électeurs semblent prêts à approuver le dirigeant. De grandes personnalités se sont engagées auprès du candidat. Le général Ali Mohsen al-Ahmar, qui avait rallié le Printemps Arabe en mars, a déclaré à l’AFP : « Monsieur Hadi jouit d’un soutien local, régional et international et c’est un dirigeant respecté qui a une vision pour l’avenir. Nous appelons tous les Yéménites à participer à l’élection. »

Dans un communiqué, la jeune Tawakkul Karman, prix Nobel de la paix 2011, a également appelé les Yéménites à voter pour le vice-président, estimant que son élection était « le fruit du soulèvement populaire des jeunes ».

Les ambitions séparatistes du Yémen du Sud

Néanmoins, le Yémen n’est pas uni autour de cette nouvelle figure et l’approche du scrutin réveille les passions de certaines franges politiques du pays.

Dans les environs d’Aden, au sud du pays, les militants sudistes appellent au boycott de l’élection. Sous la coupe de l’ancien vice-président Ali Salem al-Baid, les nostalgiques du Yémen du Sud indépendant (ce qui fut le cas jusqu’à la réunification des deux Yémens en 1990) appellent à une journée de « désobéissance civile » pour dénoncer « l’occupation du Sud ».

Des forces de sécurité ont été déployées en masse dans la région pour éviter les débordements et permettre le déroulement du scrutin. Déjà, plusieurs bureaux de vote ont été attaqués par la branche dure du Mouvement autonomiste sudiste qui promet d’empêcher, par tous les moyens, les électeurs de se rendre aux urnes et fait également circuler des rumeurs selon lesquelles mardi sera une journée de violences.

Au nord, la tension est également vive. Les rebelles zaïdistes, une branche du chiisme, qui se sont opposés au pouvoir central lors de six conflits depuis 2004, et qui contrôlent encore de vastes territoires au nord, dénoncent une élection fantoche.

La peur du retour d’Ali Abdallah Saleh

Selon les groupes rebelles, si le nom de la tête de l’Etat change, les postes clés du régime restent occupés par les mêmes personnalités, proches de l’ancien président.

Car le spectre d’Ali Abdallah Saleh plane encore sur le Yémen, alors même qu’il se trouve aux Etats-Unis afin d’obtenir des soins à la suite de blessures provoquées par un attentat. Selon des sources gouvernementales, celui-ci aurait annoncé un retour au pays mercredi 22 février, au lendemain des résultats.

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