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Les Frères musulmans bloquent une manifestation contre l’armée

[image:1,l] Nous y voilà. Un an après le soulèvement des Égyptiens face à leur dictateur de longue date Hosni Moubarak, les deux principaux courants politiques (libéraux et islamistes) se retrouvent à couteaux tirés. Lors d’une importante session du nouveau Parlement égyptien au Caire, le 31 janvier 2012, des sympathisants du parti majoritaire des Frères musulmans et des centaines d’activistes antimilitaires se sont fait face dans les rues de la capitale.

En marche contre le pouvoir militaire

Indignés de voir l’Égypte gouvernée par une junte militaire qui s’est emparé du pouvoir pendant la révolte en février 2011, des activistes ont appelé à une marche depuis la place Tahrir vers le Parlement afin de presser la transition vers un gouvernement civil. C’est là que le Premier ministre Kaml al-Ganzouri, nommé par l’armée le 25 novembre dernier, donnait son discours devant une assemblée majoritairement composée de Frère musulmans.

D’après les témoins, des sympathisants du Parti de la liberté et de la justice (PLJ) des Frères musulmans ont alors formé une vaste chaîne humaine autour de la symbolique place, interdisant ainsi aux militants de s’approcher du Parlement. 

La rencontre des deux camps

Ce cordon d’islamistes n’a fait qu’attiser la colère de nombreux activistes, qui ont décidé de répliquer en lançant des bouteilles d’eau, des pierres ou encore des chaussures, lançant en cœur des slogans selon lesquels les Frères musulmans avait vendu le peuple en sympathisant avec le pouvoir militaire. 

Beaucoup d’observateurs ont qualifié la situation de « tendue », avec un risque potentiel de dérapage dans la violence. Mais vers 20 heures, la foule des deux camps s’était largement dissipée. Les forces de sécurité ne sont pas intervenues et ont laissé aux Frères musulmans le soin de maintenir l’ordre.

Quelles solutions pour les Égyptiens ?

Pour certains libéraux, les Egyptiens laïcs, il ne s’agit rien d’autre que d’une trahison : leur révolution a été volée par l’armée et par les Frères musulmans. Mais beaucoup d’Egyptiens voient dans cette assemblée, dominée par les Frères et d’autres islamistes qui étaient marginalisés sous la présidence d’Hosni Moubarak, un véritable succès révolutionnaire et le moyen le plus efficace de démanteler le régime militaire.  Les manifestants, en revanche, craignent qu’un transfert anticipé du pouvoir, avant les élections présidentielles de juin prochain, ne bénéficie aux Frères musulmans : un gouvernement civil serait en effet géré par leurs politiciens déjà en place au Parlement. Pour les partisans d’une Egypte démocratique et laïque, la marge de manœuvre semble donc bien étroite.

GlobalPost/Adaptation Antoine Le Lay pour JOL Press

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