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Marco Rubio, un espoir latino à la vice-présidence ?

[image:1,l] Marco Rubio, le sénateur républicain de Floride, est un homme politique de plus en plus influent. Un fier représentant de la communauté hispanique et une étoile montante dans son parti. De plus en plus souvent, son nom est cité comme possible n°2, candidat à la vice-présidence, sur le prochain ticket républicain. La question lui a été posée à plusieurs reprises, mais il a toujours nié avoir cette ambition. Pas très convaincant lorsqu’il prétend qu’il n’y pense pas se rasant, tant semblent nombreux les atouts qu’il a en main.


La valeur n’attend pas le nombre des années


Le 6 novembre 2012, Marco Rubio n’aura que 41 ans. N’est-ce pas un peu jeune ? Le sénateur n’a jamais perdu de temps, sans pour autant se presser. Né le 28 mai 1971, il a passé ses premières années à Miami. En 1979, M. Rubio père, barman de profession, et Madame, gouvernante dans l’hôtellerie, emmènent leur petite famille, Marco compris, à Las Vegas. Le marché du travail y est florissant dans leurs professions. L’exil ne dure que 6 ans et en 1985, ils sont tous de retour en Floride, à la case départ, Miami. Rien de très surprenant pour ces émigrés cubains.


Après le lycée, Marco Rubio, doué à l’école, mais aussi excellent joueur de football américain, obtient une bourse pour l’université. Il y décroche un diplôme de droit et mord vite à l’hameçon de la politique. Élu local à West Miami, il devient membre de la Chambre des représentants de Floride en 2000. Réélu à trois reprises, il fait irruption sur le devant de la scène politique floridienne en occupant la présidence de cette assemblée de 2006 à 2008.
Tallahassee, la capitale de Floride, c’est bien, mais Washington, c’est mieux. Au terme d’une rude campagne, il remporte un des deux sièges de sénateur de Floride lors du renouvellement de novembre 2010.


L’espoir de l’aile conservatrice


Une première année au Sénat fédéral aura suffi à faire de ce catholique fervent, père de quatre enfants, un des meilleurs espoirs de l’aile conservatrice du Parti républicain. Pour beaucoup, et notamment au sein du Tea Party, il est tout simplement le meilleur et, pour ces raisons, il se retrouve fortement soutenu au niveau national, médiatiquement et financièrement. Au point que certains, dans les sphères dirigeantes du Parti républicain, le considèrent comme un candidat incontournable comme n°2 sur le prochain ticket présidentiel. Le sénateur prouve ainsi que, sans en avoir l’air, il a su jouer sa carte et préparer l’avenir, le sien.


Un politique habile à la manœuvre


Cette semaine, il s’en est pris à Newt Gingrich pour lui reprocher d’avoir diffusé à la radio une publicité en espagnol qualifiant Mitt Romney de « candidat le plus farouchement anti-immigration ». Marco Rubio a qualifié ce message d’« inexact » et «diffamatoire ». Le camp Gingrich a retiré la publicité. Si l’attaché de presse du candidat, R.C. Hammond, a prétendu que cette décision participait d’un « programme de rotation des messages de campagne », le rôle tenu par Marco Rubio dans cette décision d’urgence est évident.


Peut-on, pour autant, considérer sa défense de l’ancien gouverneur du Massachusetts comme la preuve d’un ralliement ? Non. Son porte-parole, Alex Connant, a déclaré : « Nous tenons à rester neutres ». Neutre peut-être, mais pas forcément désintéressé… En effet, il semblerait bien qu’il retienne l’attention les deux favoris des primaires républicains : Mitt Romney et Newt Gingrich envisageraient chacun d’en faire leur colistier pour la présidentielle.


L’appât pour le vote hispanique ?


Nombreux sont ceux qui aiment à croire qu’il apporterait sur un plateau le vote hispanique et garantirait ainsi la victoire le 6 novembre prochain. Mais d’autres rappellent, à juste titre, qu’il n’existe pas d’électorat hispanique homogène. Si la communauté hispanique se retrouve autour de l’usage d’une même langue, elle est en réalité très diverse selon le pays d’origine : Cuba, Mexique, Porto Rico, Salvador ou République dominicaine. Ainsi, les Hispaniques ont voté à 67 % pour Barack Obama contre 31 % à John McCain en 2008.  


Juan Hernandez, spécialiste du Parti républicain et commentateur sur la chaîne CNN en version espagnole, invite à la prudence : « Marco Rubio est bien apprécié au sein de la communauté hispanique, mais doit prendre position clairement en faveur d’une réforme de la politique d’immigration s’il entend rapporter des voix au candidat républicain à la présidence. »


Marco Rubio n’est pas un Latino comme les autres


L’immigration est un sujet sur lequel Marco Rubio se distingue des autres grands élus d’origine hispanique. Récemment, il a ainsi déclaré que l’immigration n’était pas la seule question qui préoccupait les Hispano-Américains.  Sujet crucial pourtant et de nombreux Latinos – même ceux enregistrés comme républicains – se sentent très mal à l’aise dès que des candidats parlent de renforcement des mesures de protection des frontières, rejettent la légalisation des travailleurs sans-papiers et demandent que les États-Unis fassent de l’anglais leur langue officielle. Certains considèrent que Marco Rubio, un Cubain-Américain, aurait bien des difficultés à séduire les Mexicains-Américains, qui représentent sept Latinos sur dix aux États-Unis.


Une autre carte latino pour les républicains : Susana Martinez


Juan Hernandez, lui-même Mexicain-américain, estime qu’il y a d’autres choix possibles que le sénateur de Floride : « Marco Rubio jouit à l’heure actuelle d’une certaine notoriété mais il y a bien d’autres options à la tête de la communauté hispanique ».


Si le candidat républicain, vainqueur des primaires, souhaitent offrir aux Etats-Unis leur premier vice-président d’origine hispanique, d’autres noms sont fréquemment cités : Susana Martinez, la gouverneure républicaine du Nouveau-Mexique, a vu son nom fréquemment citer lors de ce débat. Susana Martinez est conservatrice, Mexicaine-américaine… et une femme – de quoi avoir un ticket chic et choc. Mais, comme Marco Rubio, ses positions sur l’immigration tranchent nettement avec celles de la majorité des Latinos.


Pas facile de convaincre les Latinos de voter républicain


Maria Cardona, experte du Parti démocrate, doute des capacités de la gouverneure Martinez à attirer le vote latino : « Elle serait un bien meilleur choix que Marco Rubio. Mais ce ne serait pas suffisant car, d’abord, elle n’a pas obtenu la majorité chez les Hispaniques de son Etat et puis, comme candidate à la vice-présidence, elle devrait reprendre les théories du candidat à la présidence. Or, de ce fait, elle perdrait sur presque tous les terrains, en particulier pour les questions qui préoccupent le plus les Latinos. Les Latinos votent en fonction des réponses à des problèmes spécifiques, pas seulement la consonance du nom de famille. »   


Si le vote latino semble difficilement captable par les républicains, c’est que toutes les études montrent que les Latinos votent en fonction des réponses que privilégient les candidats à des problèmes spécifiques plutôt qu’en fonction de la consonance de leur nom de famille. Marco Rubio l’a, semble-t-il, bien compris puisqu’il cherche à s’adresser à tous les électeurs sans chercher à apparaître comme le chef de file d’une communauté. C’est un peu ce qu’avait fait, il n’y a pas si longtemps, un autre jeune et brillant homme politique, ayant refusé, lui aussi, de s’enfermer dans le rôle réducteur de héraut d’une communauté, celle des Afro-Américains en l’occurrence… Son nom : Barack Obama, 44e président des États-Unis d’Amérique

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