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Mitt Romney rafle la mise en Floride

[image:1,l]Il aura suffi d’une semaine et de 25 millions de dollars à Mitt Romney pour renverser la tendance. Donné perdant en Floride après sa défaite en Caroline du Sud, le candidat modéré à l’investiture républicaine a remporté une large victoire, mardi 31 janvier 2012. Avec plus de 46% des voix, il creuse l’écart avec ses concurrents, le conservateur Newt Gingrich (32%), l’ultraconservateur Rick Santorum (13%) et le libertarien Ron Paul (9%).


Le vainqueur félicite ses adversaires et s’attaque à Barack Obama


L’image est belle et le vainqueur, tout sourire, s’efforce de prendre de la hauteur. Adoptant une posture présidentielle, Mitt Romney a remercié les électeurs de Floride qui l’ont placé largement en tête mais, surtout, félicité ses adversaires. Dans un hommage appuyé, il a vanté le sérieux et l’efficacité de Newt Gingrich, Rick Santorum et Ron Paul.


Pas autant de délicatesse en revanche à l’égard du président Barack Obama, son futur – et véritable – adversaire, espère-t-il, le 6 novembre prochain : « Monsieur le président, vous avez été élu pour mener et vous avez choisi de suivre. Maintenant il est l’heure pour vous de laisser la place ! », a-t-il lancé devant ses supporters réunis au centre de conférences de la ville de Tampa.


Le résultat de Mitt Romney dépasse les espérances de ses partisans


Dans le camp de Mitt Romney, on s’empresse de décrypter les résultats. Non seulement leur champion frôle la majorité absolue mais, dans le détail, il l’emporterait sur tout l’échiquier politique de Floride : auprès des hispaniques, des jeunes, des retraités et même – une surprise – auprès des ultraconservateurs du Tea Party.


Or, l’enjeu des primaires est bien là. Son positionnement est connu, Mitt Romney est un modéré et c’est précisément ce qui fait de lui un concurrent sérieux et dangereux à la présidentielle, susceptible de l’emporter face au président sortant Barack Obama. Mais, avant de mener bataille au centre, de tenter de séduire les électeurs indépendants, fluctuant d’un camp à l’autre, il lui faut rassembler les républicains et, pour cela, s’aventurer bien plus à droite, donner des gages sans pour autant se renier. Il doit montrer qu’il est le candidat le mieux à même de battre le président sortant.


Une campagne agressive contre Newt Gingrich


Après avoir passé des semaines à critiquer Barack Obama, Mitt Romney a recentré ses attaques contre Newt Gingrich lors de sa campagne en Floride. Il n’a reculé devant aucun procédé : publicités, discours, débats et mise en avant de personnalités soutenant sa candidature, tels John McCain, sénateur et candidat malheureux à présidentielle américaine de 2008, ou l’acteur Jon Voight.


Il a dépensé des millions de dollars – 25 millions, dit-on – dans cet État avec des spots publicitaires très agressifs contre Newt Gingrich. Cette campagne publicitaire s’est révélée être redoutablement efficace. La combativité de Mitt Romney, au cours de deux débats télévisés en Floride, a largement contribué à renforcer sa cote de popularité, au détriment de celle de son adversaire. Certaines idées saugrenues de Newt Gingrich ont également représenté une précieuse source d’inspiration. Sa proposition d’installer une colonie permanente sur la lune en 2020, dévoilée mercredi dernier, a ainsi provoqué l’hilarité de Mitt Romney et de son équipe, qui ont brandi ce projet comme la preuve de la nature erratique de leur adversaire.


Pourtant, dans l’ardeur du combat, certains supporters de Mitt Romney craignaient ouvertement qu’il soit parfois allé trop loin et que leur camp en pâtisse plus tard.


Newt Gingrich promet se battre jusqu’au bout


L’ancien président de la Chambre des représentants espérait profiter de sa belle victoire de Caroline du Sud. Il y a une semaine encore, les sondages le donnaient en tête. Il n’a pas résisté, cette fois, à la grosse armada de Mitt Romney.


Pourtant, il ne renonce pas. La course à l’investiture est encore longue et Newt Gingrich promet de mener la bataille jusqu’au bout. C’est la promesse qu’il a faite à ses partisans : « Nous allons nous battre dans les 46 Etats restants et en août, lors de la convention, nous décrocherons l’investiture ».


Sa riposte consiste, d’abord, à dénoncer la stratégie du millionnaire Mitt Romney : « Il faut voter pour un homme, pas pour son argent ». Il ne dispose pas d’un trésor de guerre équivalent lui permettant de répondre aussi efficacement à coup de spots publicitaires. Il tente aussi de rallier à sa cause l’ ultraconservateur Rick Santorum. Sur le papier, certes, l’addition de leurs deux scores aurait permis de faire jeu égal avec Mitt Romney. Sur le papier seulement, l’élection n’est pas qu’une question de mathématiques.


Un duel long qui profiterait sans doute à Barack Obama


Quel impact aurait une longue lutte aux primaires, qui se réduirait à un duel serré entre Mitt Romney et Newt Gingrich ? Une lutte fratricide ne risque-t-elle pas de favoriser le camp adverse, d’autant plus que l’adversaire est le président sortant ? En 2008, la bataille acharnée entre Barack Obama et Hillary Clinton avait servi le jeune sénateur démocrate face à son concurrent républicain John McCain. Mais, le contexte était différent. D’abord, les républicains étaient, eux aussi, engagés dans une primaire. Ensuite, cette longue campagne avait permis à Barack Obama de s’endurcir, de se faire connaître et de démontrer ses talents. Là, Mitt Romney comme Newt Gingrich auraient sans doute plus à perdre. Tout ce qu’ils disent aujourd’hui sera, forcément, repris contre eux par une l’équipe de Barack Obama aux aguets.


Prochaines étapes de ce feuilleton passionnant : le Nevada et le Maine, à partir du 4 février. 

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