Site icon La Revue Internationale

Najib Mikati, un rassembleur pour le Liban?

[image:1,l]Najib Mikati n’était pas un inconnu du grand public lorsqu’il a accédé à la fonction de Premier ministre le 25 janvier 2011. Son passé d’homme d’affaires et sa prestation à la tête du gouvernement provisoire formé au lendemain de l’assassinat de Rafiq Hariri, en 2005, ont suffi à faire sa réputation. Mais l’étroite relation qu’il entretient avec le président syrien Bachar al-Assad et le soutien qu’il a reçu du Hezbollah en font un personnage controversé.

L’un des hommes les plus riches du Liban

Avant d’être un homme politique, Najib Mikati était surtout un homme d’affaires. En témoigne son incroyable fortune, qui lui a valu de décrocher la 374e place mondiale dans le classement 2010 du magazine Forbes. Titulaire en 1980 d’un master en administration des entreprises de l’université américaine de Beyrouth, Najib Mikati n’a pas manqué de suivre plusieurs cursus de courte durée à Harvard, comme tout dirigeant qui se respecte.

C’est avec son frère qu’il fonde, en 1982, la société de télécommunications Investcom, qui investit massivement au Moyen-Orient, en Europe et en Afrique avant d’être revendue au consortium sud-africain MTN Group en 2006, pour la somme de 5,5 milliards de dollars.

Mikati n’abandonne pas pour autant les affaires et devient le cofondateur de M1 Group. Évalué à plusieurs milliards de dollars, ce groupe financier et industriel possède des intérêts dans les télécoms, l’immobilier, les transports, le pétrole et le gaz.

La réussite du gouvernement provisoire de 2005

Des affaires à la politique, il n’y a qu’un pas. En 1998, il est élu député de Tripoli et ne tardera pas à intégrer les hautes sphères en devenant, pendant trois gouvernements successifs, ministre des Travaux publics et des Transports jusqu’en avril 2005. Il refuse cependant la proposition du président Emile Lahoud qui lui offre le poste de Premier ministre. Mais la démission de Karamé à la suite des importantes manifestations qui ont éclaté après l’assassinat du Premier ministre Rafiq Hariri le place à la tête d’un gouvernement provisoire le 14 février 2005.<!–jolstore–>  

« Le véritable séisme politique » qu’a représenté l’assassinat de Rafiq Hariri à Beyrouth, dans une voiture piégée, lui a donné l’opportunité de faire ses preuves à la tête du gouvernement. Plongé dans la révolution du Cèdre qui submerge le pays, le Liban se divise autour de deux camps, menés d’un côté par le fils du défunt, Saad Hariri, de l’autre par le parti chiite Hezbollah. Le gouvernement de Mikati reste néanmoins stable et parvient à entretenir des relations privilégiées avec la Syrie tout en protégeant la résistance luttant contre Israël, le Hezbollah.

« Najib Mikati semble avoir entamé son action au pas de charge », témoignait L’Orient-Le Jour en 2005. Pendant 90 jours, Najib Mikati s’est essentiellement occupé à préparer le pays pour les élections législatives du 31 mai 2005, qui verront l’Alliance du 14 mars – rassemblement politique antisyrien et pro-Hariri – sortir victorieuse avec la nomination au poste de Premier ministre de Fouad Siniora.

Un homme du centre ?

Najib Mikati serait d’après lui un Premier ministre de consensus, centriste, qui déclarait, le jour de sa nomination en 2011, vouloir être « le symbole de la modération et de l’unité nationale ». Mais il n’est pas aisé de se déclarer centriste dans un pays extrêmement divisé.

Ancien proche de l’Alliance du 14 mars, c’est pourtant avec le soutien de l’Alliance du 8 mars – qui regroupe le Hezbollah et des prosyriens – qu’il accède au poste de président du conseil le 25 janvier 2011. Son glissement du Courant du futur de Rafiq Hariri vers le camp prosyrien a d’ailleurs déclenché une vague de manifestations à travers le pays au lendemain de sa nomination. Rappelons que l’action du Hezbollah, dont la création a suivi l’invasion israélienne en 1982, est contestée par une partie de la population libanaise et qu’il est considéré comme une organisation terroriste par de nombreux pays comme les Etats-Unis, le Canada, l’Australie ou les Pays-Bas.

Cette étiquette de centriste que Najib Mikati s’est lui-même attribué est difficilement défendable d’après Issa Goraieb, éditorialiste pour L’Orient-Le Jour. Elle lui « colle obstinément à la peau », malgré ses démentis et ceux de Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah depuis 1992. 

Un bilan satisfaisant

Le bilan serait « plutôt positif » selon les propos de responsables français recueillis par L’Orient-Le Jour. Un an après la nomination de Najib Mikati au poste de président du conseil, la communauté internationale semble être rassurée, l’homme d’affaires a réussi à contrôler ses alliances controversées avec la Syrie et le Hezbollah tout en garantissant l’équilibre de son pays. Son gouvernement aurait tenu ses engagements principalement tournés autour de trois sujets clefs : la stabilité, les obligations internationales et les réformes.

Quitter la version mobile