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Avantage aux conservateurs anti-Ahmadinejad

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[image:1,l]Le Majlis – c’est le nom du Parlement de la République islamique d’Iran – compte 290 membres. Lundi 5 mars au matin, seuls 224 sièges avaient été attribués, 63 devaient faire l’objet d’un second tour – en avril – et 3 restaient à pourvoir. Sans attendre, le pouvoir s’est félicité du premier résultat définitif connu, celui de la participation : plus de trente millions d’Iraniens – sur 48 millions d’électeurs – se sont déplacés pour voter.

Une opposition réformatrice en net recul

Parmi les 3400 candidats à ces élections, rares étaient ceux représentant ouvertement l’opposition réformatrice. Depuis l’élection présidentielle de juin 2009, truquée au profit de Mahmoud Ahmadinejad, celle-ci s’estime victime d’une répression sévère depuis juin 2009. Le contrôle d’Internet s’est intensifié et les deux principaux leaders, Mirhossein Moussavi et Mehdi Karoubi, sont en résidence surveillée depuis qu’ils ont appelé, le 14 février 2011, leur partisan à soutenir les mouvements de contestation du « Printemps arabe ». Avec 19 sièges seulement, contre 60 lors de la précédente législature, les réformateurs disparaissent quasiment de la scène parlementaire.

Un Majlis fortement renouvelé

Seule certitude dans un contexte encore flou, le nouveau Majlis devrait être fortement renouvelé. Selon l’agence officielle Irna, 100 députés sortants avaient déjà été battus hier. En tenant compte du fait que 57 députés sortants ne se représentaient pas, le Parlement devrait donc compter plus de la moitié de nouveaux élus.

Parmi les conservateurs, avantage aux anti-Ahmadinejad

Les conservateurs ont en commun leur soutien au Guide suprême, l’ayatolah Ali Khameneï, mais ils n’en sont pas moins divisés : d’un côté, le « Front uni des conservateurs », qui rassemble les opposants au président Mahmoud Ahmadinejad, et de l’autre, le « Front de la persistance de la révolution islamique », ses partisans. Selon les informations publiées par les médias, les anti-Ahmadinejad disposeraient d’une certaine avance : sur 222 élus identifiés, le Front uni, dirigé par le président du Parlement sortant, Ali Larijani, aurait obtenu 43 sièges contre seulement 10 au Front de la persistance. Mais l’équilibre réel entre les deux factions est difficile à cerner.

Il semblerait que le Front uni soit nettement en tête à Téhéran. Une autre coalition conservatrice critique à l’égard de Mahmoud Ahmadinejad, le «Front de le résistance» dirigé par l’ancien patron des Gardiens de la révolution Mohsen Rezai, réalise aussi de bons scores en province où plusieurs députés sortants connus pour leur soutien sans faille au gouvernement ont été battus. Parvin Ahmadinejad, la sœur du président qui se présentait pour la première fois, a été battue à Gharmsar, sa ville d’origine dans le nord du pays. A l’inverse toutefois, un grand nombre des 79 députés qui avaient réclamé en février la convocation du président devant le Majlis ont été battus, de même que la liste «Voix de la nation» qui réunissait à Téhéran quelques-uns de plus virulents détracteurs du président. 

Les résultats officiels ne mentionnent pas l’étiquette des candidats

Les annonces officielles des résultats ne mentionnent pas l’appartenance des élus. Le scrutin était uninominal dans les petites circonscriptions rurales et de liste dans les grandes villes. L’analyse est compliquée par le fait qu’un certain nombre d’élus figuraient en même temps sur plusieurs listes comme cela est fréquent en Iran. 54 d’entre eux auraient été élus, sans qu’il soit possible de savoir quel parti ils choisiront d’appuyer. De plus, 89 des élus connus hier étaient, selon les médias, des «indépendants» n’ayant pas bénéficié de l’appui des principales coalitions conservatrices et dont l’allégeance politique demeurait incertaine.

Le baroud d’honneur de l’ancien Parlement

Ce lundi, les députés iraniens, membres de la commission du budget, ont accusé le gouvernement du président Mahmoud Ahmadinejad de ne pas avoir remis au Trésor public des milliards de dollars provenant de la vente du pétrole.

Mehdi Fathias, porte-parole de la commission, a estimé que 6,4 milliards de dollars (4,84 milliards d’euros) auraient dû être remis au Trésor pour la période couvrant le printemps et l’été 2011. Or, selon ce porte-parole, le Trésor n’a perçu que 2,4 milliards de dollars (1,81 milliard d’euros). Ali Motahari, l’un des plus virulents détracteurs de Mahmoud Ahmadinejad au parlement, a déclaré que les députés pourraient tenter de destituer le président si ce dernier ne répondait pas à leurs inquiétudes sur un certain nombre de sujets.

Un Mahmoud Ahmadinejad encore plus incontrôlable ?

Un signe des difficultés à venir pour le président iranien qui doit, normalement, quitter le pouvoir en 2013. Quel que soit le scénario des mois à venir, une chose est sûre, la nouvelle majorité restera ferme sur la question du nucléaire. L’Occident et Israël n’ont pas de raisons objectives de se satisfaire de ce nouveau contexte politique. Affaibli, Mahmoud Ahmadinejad pourrait se révéler encore plus difficilement maitrisable. D’autant plus s’il venait à voir dans une crise internationale la possibilité de jouer son va-tout politique. 

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