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Chenouda III, le visage des coptes

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[image:1,l] Des dizaines de milliers de coptes sont passés saluer la dépouille du vieil homme. Englouti sous les parures dorées, Chenouda III a succombé au poids des années. Né en 1923, alors que l’Egypte fêtait encore son indépendance fraichement acquise, Nazir Gayed Roufaïl a grandi dans un petit village de Haute-Égypte. Plus tard, il a suivi des études de théologie et d’archéologie avant d’être ordonné prêtre en 1955, puis évêque sept ans plus tard.

Un pape réformateur et œcuménique

A la mort de Cyrille VI, en 1971, il est choisi comme nouveau Pape d’Alexandrie, plus haute autorité de l’Eglise copte. Il prend le nom de Chénouda III, à la suite de Chénouda II, décédé au onzième siècle.

C’est en profondeur qu’il réforme l ‘Eglise copte en opèrant, notamment, un rapprochement historique avec Rome. Chenouda III s’oppose pourtant à plusieurs reprises à l’Eglise catholique sur des questions théologiques mais, premier « Pape d’Alexandrie » à visiter le Vatican depuis plus d’un millénaire, il veille à ce que les relations politiques entre Rome et son église n’en soient pas affectées.

Un pape politique et équilibriste

Car si Chenouda III laisse une abondante œuvre religieuse, sa longévité et son influence ont été tels que l’héritage du 117 ème pape d’Alexandrie reste avant tout politique.<!–jolstore–>

Ses relations avec Anouar el-Sadate ont été exécrables à partir du moment où il a critiqué les violences faites aux chrétiens. En représailles, il est exilé dans l’antique monastère de Saint Bishoy jusqu’à ce que la mort du président, assassiné le 6 octobre 1981 par les balles du lieutenant Khalid Islambouli. Malgré la « destitution » symbolique opérée par Sadate, Chénouda III retrouve alors son trône pontifical et établit de bonnes relations avec le nouveau pouvoir.

Tout au long des trente années de présidence de Moubarak, il entretient avec le raïs des relations cordiales. Soucieux de préserver les intérêts de ses fidèles, il se range régulièrement du côté des pays arabes lors des conflits avec Israël. Tout le patriarcat de Chenouda III est marqué par ce numéro d’équilibrisme tentant de concilier conservatisme religieux , amitié avec les musulmans et rapprochement avec Rome. Ses derniers mois seront sur ce plan symboliques : rongé par un cancer du poumon, le vieux pape a été jusqu’à organiser des rencontres avec les dirigeants des Frères Musulmans sur son lit d’hôpital.

La périlleuse tâche de son successeur

La mort de ce personnage, que beaucoup d’Egyptiens avaient fini par considérer comme une icône intemporelle, intervient au plus mauvais moment alors que l’Egypte sort difficilement de sa révolution de 2011. Les tensions religieuses s’intensifient et on assiste à une forte poussée des extrémismes. Son successeur, tiré au sort par un enfant aux yeux  bandés, aura fort à faire pour  guider une communauté meurtrie dans un pays qui se cherche encore un avenir.

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