[image:1,l]Même le plus grand des sceptiques doit l’admettre : les réseaux sociaux ont permis à des causes inconnues du grand public d’être propulsées sur le devant de la scène médiatique. En témoigne ce film-documentaire d’une trentaine de minutes mis en ligne par l’ONG américaine The Invisible Children, « un mouvement cherchant à mettre fin au conflit en Ouganda et aux enlèvements d’enfants transformés en soldats. »
Joseph Kony, la terreur de l’Ouganda
Chef des rebelles de l’Armée de résistance du Seigneur (Lord Resistance Army, LRA), Joseph Kony est visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) depuis 2005 pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Dans sa lutte pour renverser l’actuel président ougandais Yoweri Musuveni, afin d’instaurer un système fondé sur la Bible, le « Messie sanglant » ne compte pas les pertes humaines. Son armée est notamment accusée d’enlever et de torturer des enfants. Aux jeunes garçons il tendrait une arme afin d’en faire des soldats pendant que les jeunes filles deviendraient les esclaves sexuelles d’une armée composée à 90 % de mineurs, selon l’ONU.
La genèse du mouvement The Invisible Children
C’est au cours d’un voyage en Ouganda que Jason Russell rencontre Jacob, un enfant enlevé par la LRA et forcé de rejoindre les rangs de l’armée. Son témoignage ne manque pas de toucher le futur fondateur de l’ONG The Invisible Children, qui s’engage à faire son possible pour mettre un terme aux enlèvements d’enfants.
Les politiciens américains vont cependant rester sourds à ses appels à l’aide, prétextant que le pays n’a aucune raison de s’engager en Ouganda : la sécurité intérieure n’est pas menacée et les intérêts économiques sont inexistants.
« Kony 2012 »
L’objectif de The Invisible Children est avant tout de rendre le visage de Joseph Kony connu de tous. Le mouvement détourne ainsi les campagnes d’affichage destinées aux primaires républicaines en affichant « Kony 2012 » devant les maisons ou sur des murs. Mais 2012 n’est pas la date butoir d’une élection. Pour ne pas décourager le gouvernement américain, frileux à l’idée de s’engager dans un conflit « sans intérêt », l’arrestation de Joseph Kony doit intervenir au plus vite.
Internet se mobilise
Et The Invisible Children compte bien utiliser tout ce que la société 2.0 peut offrir : Facebook, Twitter, stars de la musique accros aux réseaux sociaux, acteurs en mal de cause à servir… tout est bon pour faire passer le message et permettre d’intercepter au plus vite le Messie sanglant. Grâce à un tweet du chanteur Chris Brown, l’un des nombreux artistes à soutenir la cause, la vidéo réalisée par The Invisible Children a fait le tour du monde en quelques heures.