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Le faucon Shaul Mofaz à la tête du parti centriste Kadima

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Les résultats sont quasi définitifs : Shaul Mofaz, en jouant sur la corde sécuritaire, s’est imposé avec 62% des voix contre 38% à sa rivale. Le taux de participation a été de l’ordre de 45% seulement parmi les 95000 adhérents de Kadima, aujourd’hui la principale formation de l’opposition. Il prend la tête d’un parti en perte de vitesse accélérée face au Likoud du premier ministre Benjamin Netanyahu qui caracole en tête dans les sondages.

Un militaire de carrière d’origine iranienne

Né en 1948 à Téhéran, Shaul Mofaz et ses parents ont émigré en Israël en 1957. Après ses études secondaires, il rejoint les forces armées en 1966. Il participe à la guerre des Six Jours, à la guerre du Kippour, à la guerre du Liban et au raid d’Entebbe avec les troupes aéroportées Sayeret Matkal, une unité d’élite des forces spéciales. En 1998, il est nommé chef d’état-major de Tsahal.

En politique aux côtés d’Ariel Sharon

Après une crise gouvernementale en 2002, la nomination de Shaul Mofaz au poste de ministre de la Défense suscite la controverse. S’il s’était déclaré partisan d’un accord avec les Palestiniens, il n’entendait faire aucun compromis dans la lutte contre les groupes militants comme le Hamas, le Djihad islamique ou les Brigades des martyrs d’Al-Aqsa.

Comme il venait à peine de quitter ses fonctions à la tête de Tsahal, il ne lui est pas possible de se présenter aux élections de 2003. Désormais membre du Likoud, la formation de droite au pouvoir, il est maintenu dans ses fonctions après le scrutin, remporté à nouveau par Ariel Sharon.

Le 21 novembre 2005, Shaul Mofaz rejette l’invitation à rejoindre le nouveau parti centriste créé par le premier ministre Ariel Sharon en vue des élections de l’année suivante. A la place, il se porte candidat à la direction du Likoud. Vingt jours plus tard, il revient sur sa décision, abandonne la course au leadership et rejoint Kadima.

Une première défaite aux primaires de Kadima

En novembre 2005, l’ex-général Ariel Sharon fait scission du Likoud à la suite de l’opposition d’une partie des députés du grand parti de la droite nationaliste au retrait de la bande de Gaza qu’il avait orchestré. Début 2006, Ehud Olmert succède à Ariel Sharon, terrassé par une attaque cérébrale, aussi bien à la tête du gouvernement que de Kadima avant de démissionner, en 2008, à la suite d’une série de scandales de corruption. Shaul Mofaz se porte candidat à sa succession. Le 17 septembre 2008, il est battu par Tzipi Livni de très peu – 431 voix exactement.

Deuxième sur la liste de Kadima aux élections de 2009, il conserve son siège à la Knesset, le parlement israélien, mais perd son portefeuille ministériel.

L’échec de Tzipi Livni

Sous la direction de Tzipi Livni, Kadima a obtenu le plus d’élus à la Knesset (28 sur 120), devant le Likoud (27) de Benjamin Netanyahu. Mais la leader centriste n’a pas réussi à mobiliser une majorité à la suite du refus du parti ultra-orthodoxe Shass de la soutenir, ce qui a permis à « Bibi » Netanyahu de former la coalition au pouvoir actuellement.

De facto patronne de l’opposition, Tzipi Livni a eu le plus grand mal à faire entendre sa voix face à Benjamin Netanyahu, au point que les derniers sondages ne créditaient Kadima, qui n’a guère d’influence, que de douze à quinze députés, quel que soit son futur leader.

En effet, de nombreux électeurs de Kadima sont retournés au Likoud ou sont passés au Parti travailliste, désormais dirigé par l’ex-journaliste Shelly Yacimovich, championne des causes sociales, tandis que d’autres sympathisants sont attirés par un nouveau parti, de tendance centriste laïque, que doit lancer un ancien journaliste vedette de la télévision israélienne Yaïr Lapid.

La revanche de Shaul Mofaz

Tzipi Livni et son challenger ont mené une campagne électorale dure, fertile en accusations réciproques de fraude électorale, et en manœuvres politiciennes archaïques, comme l’envoi aux militants de messages indiquant que le scrutin aurait lieu… le lendemain du vote.

Selon les commentateurs, la grande inconnue est à présent de savoir si Tzipi Livni entend épauler Shaul Mofaz ou faire scission. En implosant, le parti se condamnerait au néant, prédisent-ils. Président de la puissante commission parlementaire des Affaires étrangères et de la Défense, Shaul Mofaz, durant sa campagne, a affirmé qu’il accepterait le verdict des urnes et resterait au sein du parti, contrairement à Tzipi Livni qui a refusé de prendre un tel engagement.

Vers une coalition avec benjamin Netanyahu ?

Les législatives sont prévues en octobre 2013, mais les rumeurs sur un scrutin anticipé à l’automne se multiplient, malgré les démentis de Benjamin Netanyahu, qui a aisément remporté le 1er février dernier une primaire au sein du Likoud.

Un ancien chef d’état-major né en Iran, il y a de fortes chances que Shaul Mofaz conduise Kadima à accepter d’entrer dans un gouvernement de coalition dirigé par « Bibi » Netanyahu. Celui-ci caracole très largement en tête des sondages avec le Likoud, et Tzipi Livni a jusqu’au bout voulu incarner « une alternative » à son gouvernement.

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