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Les « sharmuta » se mettent en marche

[image:1,l]« Salopes de tous les pays, unissez-vous ! » Ou plutôt, comme on dit en Israël, « Soyez fières d’êtres des sharmuta » (« prostituée, salope », dans l’argot arabe mais aussi hébraïque). 

Le 16 mars, Tel-Aviv organise sa première « marche des salopes ». Un mouvement qui a déjà pris une grande ampleur à travers le monde. De New York à New Delhi, les femmes de plusieurs continents ont un unique but : faire cesser les violences infligées aux femmes en raison de leurs tenues vestimentaires ou de leur style de vie. Traitées de « salopes », elles se réapproprient cette insulte pour la retourner contre ceux qui s’opposent à leur liberté. « Fière d’être une salope », oui et alors ?

Minijupes et bas résille

Cette « marche des salopes » se bat contre une société machiste où le harcèlement sexuel et le viol trouvent des excuses en pointant du doigt les tenues vestimentaires provocatrices ou sexy des femmes. Un argument souvent utilisé par les violeurs. « Ce n’est en aucun cas la faute des victimes si elles se font violer », déclarent plusieurs manifestantes lors des différentes marches. 

Yaara Lieberman-Kalif, l’une des organisatrices de la marche, explique que le but recherché en choisissant le terme « sharmuta », est d’enlever toute connotation négative au mot pour imposer au contraire une vision positive de la liberté sexuelle féminine, qui n’est pas moins naturelle et légitime que celle des hommes.

Dans les défilés organisés aux Etats-Unis ou au Canada, des milliers de femmes ont paradé en lingerie fine, bas résille et minijupes. Pourtant Yaara Lieberman-Kalif insiste sur le fait qu’aucune consigne n’a été donnée à Tel-Aviv pour s’habiller outrageusement : « Nous ne demandons à personne de porter des vêtements provoquants ou aguichants, car le but de cette marche n’est pas de forcer les gens à s’habiller selon une règle, mais au contraire de souligner la liberté des hommes et des femmes de s’habiller comme bon leur semble, sans jugement social ». 

Un écho mondial

La première « marche des salopes » s’était tenue à Toronto, au Canada, il y a un an, après qu’un policier eut déclaré lors d’une conférence de presse que « Les femmes devraient éviter de s’habiller comme des trainées si elles ne veulent pas se faire agresser ». Près de 3 000 femmes (et hommes) organisèrent alors une marche pour protester contre cette déclaration aberrante et sexiste.

Le mouvement s’est alors propagé à Boston, Singapour, New Delhi et Londres. Le 16 mars, Tel Aviv s’ajoutera à la liste. Une semaine après, la ville d’Haïfa suivra.

Une « marche des salopes » est également prévue à Jérusalem en avril. Aucune information ne précise si la marche se déroulera après ou avant Pâques. Dans tous les cas, les costumes de lapines devraient être sûrement de la partie.

GlobalPost/Adaptation Sabrina Alili pour JOL Press

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