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L’intervention étrangère en question

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[image:1,l]Alors que le soulèvement en Syrie dure depuis maintenant un an, les divisions s’accentuent entre Syriens sur la question de l’opportunité d’une intervention militaire étrangère pour contrer les attaques du gouvernement sur la population.

La communauté internationale est divisée

Pour Edward Dark, pseudonyme d’un activiste d’opposition à Alep, de plus en plus de Syriens penchent en faveur de cette intervention, au fur et à mesure de l’augmentation du nombre de victimes. Les Nations unies estiment désormais que le bilan de la répression a largement dépassé les 7 500 morts.

« La majorité des Syriens soutient une intervention, surtout si elle est dirigée par les troupes arabes ou turques et soutenue par l’OTAN, déclare-t-il. Les gens ont le sentiment que les violences n’en finiront pas et que le gouvernement n’arrêtera pas le massacre tant qu’il ne sera pas en face d’une action concrète ou au moins une menace d’action. »

« La question n’est pas de savoir ce que les Syriens veulent, mais de savoir ce que la communauté internationale est prête à faire, et pour le moment elle n’est prête à rien. »

Actuellement, la communauté internationale reste divisée sur la question. L’Arabie Saoudite, le Qatar et la France font partie de ceux qui pourraient soutenir une intervention. En revanche, la Turquie, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et certains pays arabes soutiennent une politique axée autour de sanctions, arguant de la complexité religieuse et ethnique du pays et de la structure particulière du gouvernement syrien.

Une intervention pourrait être un remède pire que le mal

Rami, dentiste sunnite de 29 ans, de la riche région de Malki, près de Damas, s’oppose à une intervention extérieure et pense que la plupart des Syriens sont du même avis. « Presque personne ne veut d’une intervention étrangère, les gens sont fermement contre cette idée. Et ceux qui sont pour sont pris pour des fous. »

Un diplomate européen à Damas, qui a souhaité garder l’anonymat, croit que le régime syrien a conscience que la communauté internationale n’a pas envie d’intervenir et qu’elle pense qu’une action militaire ne sera pas la solution cette fois-ci. « L’intervention ne fera qu’arranger le régime et motivera les troupes pour se battre farouchement contre l’ennemi étranger. »

Qui pourrait remplacer le régime syrien ?

Même point de vue pour Joshua Landis, directeur du Centre d’études du Moyen-Orient à l’université d’Oklahoma et auteur du blog populaire Syriacomment, qui comprend la volonté de la communauté internationale de faire cesser les violences. « Cependant, en décapitant l’Etat, les violences continueront et il n’y aura plus de gouvernement », explique-t-il dans une interview.

Joshua Landis croit qu’une intervention étrangère pourrait placer la Syrie dans la catégorie des Etats en décomposition. « Aujourd’hui, il n’existe pas de gouvernement de remplacement. Il n’y a pas non plus d’entité armée capable de remplacer l’armée syrienne. »

Fait révélateur, l’envoyé spécial de l’ONU et de la Ligue arabe en Syrie, Kofi Annan, a déclaré jeudi 8 mars que l’armement des insurgés conduirait inévitablement à une montée en puissance du conflit. Selon lui, la communauté internationale doit être « prudente et ne pas donner un médicament pire que le mal initial. »

Pour Kevork, étudiant arménien du nord d’Alep, une intervention étrangère en Syrie est actuellement peu probable.

« Si, et seulement si, il devait y avoir une intervention internationale, elle ne devrait pas venir d’un seul pays, comme la Turquie ou les Etats-Unis, mais d’une coalition de forces. Sinon cela se transformerait directement en guerre entre les deux pays. » explique-t-il.

La Syrie n’est pas la Libye

La mission des observateurs de la Ligue arabe qui s’est déroulé sur tout le territoire syrien entre décembre et janvier n’a pas réussi à freiner la répression du régime. « Les pays de la Ligue arabe ne sont pas en mesure de vaincre facilement l’armée syrienne, et sont même en désaccord sur cette question », ajoute Kevork.

Les troubles en Syrie sont incomparables avec ceux de la Libye, où l’intervention de l’OTAN a été considérée comme fructueuse (du point de vue militaire). Mais beaucoup rappellent les interventions malheureuses de l’OTAN en Afghanistan et en Irak pour décrire ce qui pourrait se passer en Syrie.

Selon le diplomate européen en poste à Damas, la situation en Syrie, dans le contexte actuel, ne pourra jamais appeler sérieusement à une intervention étrangère. « Il y a encore une place pour une solution négociée. Il y a certains espoirs pour que la Russie s’engage en faveur d’une résolution politique et accepte une version humanitaire d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU pour la Syrie. »

Global Post/Adaptation Sybille de Larocque – JOL Press

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