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L’opposition à Poutine marque le pas

[image:1,l] Ils étaient des milliers de russes à braver le froid et les brigades de policiers anti-émeutes, samedi 10 mars, pour protester contre la victoire présidentielle de Vladimir Poutine du 4 mars et demander des élections justes ainsi que la libération des prisonniers politiques.

Une opposition boudée par les Russes

« Honte à ces escrocs qui siègent au Kremlin ! », a déclaré le leader d’opposition radical Sergeï Udaltsov, chef du Front de gauche, depuis la place Novy Arbat, point central de Moscou. Les acclamations ont retenti dans la foule, mais n’ont pas tardé à se tarir.

« C’est un bon début mais nous aurions pu être plus fort », a déclaré Sergeï Udaltsov avant de dénoncer le gouvernement qui, selon lui, aurait besoin d’être nettoyé.

D’autres opposants ont condamné la victoire de Poutine, l’accusant de fraude électorale, et ont demandé aux manifestants d’assister le 11 mars au procès de l’homme d’affaires Alexei Kozlov, arrêté sous de fausses accusations selon des groupes de protection des droits de l’homme.  

Mais le mouvement semble s’essouffler comparé aux précédentes manifestations qui avaient suivi les élections législatives de décembre. De 100 000, le nombre de manifestants serait passé à 20 000. Les applaudissements et acclamations se sont faits plus rares et moins convaincants.

Un rassemblement hétéroclite

Deux célébrités du mouvement d’opposition, le politicien Boris Nemtsov et le militant anticorruption Alexei Navalny, favori pour prendre la tête de l’opposition, étaient absents du groupe d’orateurs, composé d’un mélange hétéroclite de journalistes, d’observateurs électoraux, de figures de l’opposition et de membres du conseil du district de Moscou, fraichement élus et avec des positions hostiles au Kremlin.

Comme à son habitude, la foule a affiché des posters faits main, tout comme des bannières antiPoutine toujours plus créatives. Mais l’euphorie et les sourires présents lors des dernières manifestations ont cédé la place à l’inquiétude quant à l’avenir du mouvement.

Vitaly Zalomov, 52 ans, est un ancien vétéran venu sur la place de Novy Arbat pour manifester son désir de voir à la tête de la Russie des politiciens honnêtes et non corrompus. Face au faible taux de participation, il ne cache pas sa peine.

« L’avenir du mouvement est une question qui me ronge », a déclaré le manifestant. « S’il s’essouffle, que nous reste-il ? […] Nous ne pouvons pas laisser une telle chose arriver », a-t-il ajouté, assurant qu’il se rendrait aux prochaines manifestations, même si elles sont reprimées. D’après lui, la police n’hésite pas à tomber sur les manifestants dès que l’occasion se présente.

Sergeï Udaltsov, symbole de l’opposition

[image:2,xs,r]Après la manifestation, Sergeï Udaltsov a été arrêté avec deux de ses partisans lorsque, avec 60 sympathisants, il essayait de se rendre sur la place Pushkinskaya en scandant : « Nous sommes libres de nous promener où nous voulons ». Un autre allié de l’opposant au régime a été arrêté sur la place après avoir demandé à des journalistes de se rendre au discours d’Udaltsov.  85 manifestants ont aussi été arrêtés lors d’une manifestation non-autorisée à Nizhny Novgorod, une ville à 450 kilomètres au sud-est de Moscou.

Sergeï Udaltsov, comme des centaines d’autres opposants, avait déjà été arrêté lundi 5 mars lors d’une précédente manifestation place Pouchkine, puis relâché le lendemain. Cette fois, la police l’a relâché quelques heures après son interpellation. 

« On verra bien ce qui se passera »  

Udaltsov a cependant admis que le nombre de manifestants tendait à diminuer. D’après lui, beaucoup d’entre eux auraient été démoralisés par la victoire de Poutine.

« Cette manifestation n’a pas répondu à toutes nos attentes, a-t-il déclaré alors qu’il se tenait face au poste de police où il était détenu, entouré par ses partisans. Mais elle a montré qu’il y en a encore beaucoup de gens prêts à se lever contre le gouvernement. »

Le leader du Front de gauche a annoncé son projet de rassembler plus d’un million de personnes lors d’une manifestation le 1er mai, en plus de rassemblements hebdomadaires sur la place Pouchkine, en présence de députés de la Douma, la chambre basse du Parlement.

« On verra bien ce qui se passera », a-t-il lancé.

GlobalPost/Adaptation Antoine Le Lay pour JOL Press. 

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