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Vladimir Poutine au Kremlin, l’opposition dans la rue

[image:1,l]Le résultat était attendu, le scrutin  de ce dimanche ne devait être qu’une formalité. Selon les derniers résultats, fournis par la Commission électorale et portant sur l’essentiel des 90000 bureaux de vote, Vladimir Poutine aurait recueilli 63,9% des suffrages au 1er tour de l’élection présidentielle. Si  sa victoire ne faisait, pour ainsi dire, aucun doute, le score de l’ancien et futur Président est proche de la limite haute des prédictions fournies par les instituts de sondage. La participation serait, elle aussi, de l’ordre de 64%. L’opposition, fortement divisée et muselée par le régime, n’a pas réussi à convaincre : le communiste Guennadi Ziouganov obtient 17,18% des voix, le libéral  Mikhaïl Prokhorov 7,7%, le populiste, nationaliste et xénophobe, Vladimir Jirinovski 6,24% et le centriste Sergueï Mironov 3,84%. 

L’opposition dénonce une mascarade électorale

Comme gage de bonnes volontés, le pouvoir avait installé deux webcams dans chacun des bureaux de vote. Les enregistrements des images ont cessé à 20 heures à la clôture du scrutin et, de toute façon, il y a des choses qu’une webcam fixe ne peut pas filmer. Parmi les fraudes les plus courantes : des électeurs auraient découvert que l’on avait déjà voté à leur place. Dans la région d’Orenbourg, au sud du pays, des électeurs auraient été transportés en minibus de bureau en bureau pour voter plusieurs fois.

L’appel à la manifestation

Les fraudes constatées lors des législatives du 4 décembre avaient poussé l’opposition dans la rue. En dépit de la rudesse de l’hiver russe, le pays a connu depuis la plus forte vague de manifestations depuis la chute de l’URSS. Dimanche soir, sans attendre la publication des résultats définitifs, les partis d’opposition appelaient à nouveau à la manifestation dès ce lundi : des manifestations, à travers le pays, contre l’abus de pouvoir et pour de vraies élections. 

L’opposition cherche à rester mobilisée. L’absence de scrutins nationaux d’ici aux législatives de 2016 lui laisse un peu de temps pour définir une stratégie alternative mais l’oblige aussi à entretenir la mobilisation. La manifestation, sans unité de pensée ou de leadership du mouvement, c’est risquer l’essoufflement ou la radicalisation, avec la crainte d’un bain de sang. Si la contestation a gagné du terrain dans les villes, Vladimir Poutine reste très populaire dans les milieux ruraux. Mais l’opposition aime à rappeler qu’en novembre 2010, Hosni Moubarak avait été lui-même réélu avec 80% des voix et que, seulement trois mois plus tard, il était contraint de quitter le pouvoir. La Russie n’est sans doute pas l’Egypte…

« Nous avons gagné dans une lutte ouverte et honnête »

Dimanche soir, aux côtés de Dmitri Medvedev, le désormais ex-Président et futur Premier ministre, Vladimir Poutine avait les larmes aux yeux lorsqu’il s’est exprimé devant plus de 110000 de ses partisans rassemblés à Moscou. Des larmes de crocodile… Des défis de taille attendent le nouveau Président, comme la modernisation de l’économie ou la lutte contre la corruption. Sur la scène internationale, les observateurs s’attendent un attitude beaucoup plus ferme de la Russie et craignent la résurgence de velléités expansionnistes, notamment sur l’ancien espace soviétique. 

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