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Anders Behring Breivik ouvre son procès par un salut nazi

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Anders Behring Breivik est entré dans la salle d’audience peu après 9h00 heure locale. Libéré de ses menottes, il s’est frappé le cœur de la main droite avant de tendre le bras, poing fermé, à l’adresse du public composé de familles de victimes, de survivants et de journalistes. Ce salut d’inspiration néo-nazie, représente, comme il l’avait expliqué après son arrestation, « la force, l’honneur et le défi aux tyrans marxistes en Europe ». Le procureur a égrené la liste des 77 victimes, massacrées l’été dernier…

Dix semaines de procès

Le procès de l’auteur du massacre le plus sanglant commis en Norvège depuis la Seconde Guerre mondiale, entouré d’importantes mesures de sécurité et d’un intérêt médiatique considérable, est prévu pour durer dix semaines.

La première journée doit être consacrée à la lecture de l’acte d’accusation et aux remarques préliminaires du ministère public qui poursuit Anders Behring Breivik, aujourd’hui âgé de 33 ans, pour « actes de terrorisme ».

Dans le prétoire où régnait un silence quasi religieux, on n’entendait que la litanie des noms égrenés par la procureur Inga Bejer Engh. Les familles des victimes trahissaient leur profond dégoût pour l’accusé par des hochements de tête silencieux. Certains pleuraient.

Anders Behring Breivik, lui, gardait la tête et les yeux baissés, le visage totalement impassible, comme s’il n’entendait pas la procureur déclarer solennellement : « L’accusé a commis des crimes extrêmement graves à une échelle qui n’avait jusqu’à présent jamais été observée dans notre pays, à l’époque moderne ».

L’accusé plaide non coupable

Vêtu d’un costume sombre, d’une chemise blanche et d’une cravate beige dorée, Anders Behring Breivik affichait un froid détachement. Il s’est présenté comme « écrivain » et a déclaré aux juges qu’il ne reconnaissait pas le tribunal norvégien. Lors d’une première pause en milieu de matinée, il ne daigne même pas se lever, contrairement à l’usage, à la sortie des juges.

Il plaide non coupable : « Je reconnais les faits, mais pas ma culpabilité au sens pénal, et j’ai agi en état de légitime défense », a-t-il déclaré devant la cour. Il estime avoir agi contre « des traîtres à la patrie » coupables, selon lui, de brader la société norvégienne à l’islam et au multiculturalisme. Le témoignage de l’accusé doit être entendu mardi.

Anders Behring Breivik devrait regretter de ne pas être allé plus loin

Son avocat Geir Lippestad a déjà prévenu: « Il sera extrêmement difficile (…) d’écouter ses explications », d’autant qu’il va « déplorer de ne pas être allé plus loin dans son carnage qu’il a qualifié d’atroce mais nécessaire ».

Anders Behring Breivik s’estime totalement responsable de ses attaques, en pleine possession de ses capacités mentales et psychiques, seule manière d’inscrire ses actes dans le cadre d’une action politique, qu’il prétend cohérente et réfléchie. Et c’est la raison pour laquelle il a chargé ses avocats de combattre toutes les tentatives de le faire passer pour fou.

Au cœur du procès, sa santé mentale

L’accusé ayant revendiqué le massacre, le principal point portera sur sa santé mentale. Jugé psychotique et donc pénalement irresponsable par un premier rapport psychiatrique l’an dernier, Anders Behring Breivik a ensuite été déclaré sain d’esprit par une contre-expertise, dont les résultats ont été publiés le 10 avril. En dernier ressort, il reviendra aux cinq juges du tribunal d’Oslo de trancher, à l’occasion de leur verdict attendu en juillet.

Si Anders Behring Breivik est reconnu pénalement responsable, il encourt 21 ans de prison, une peine qui pourra ensuite éventuellement être prolongée aussi longtemps qu’il sera considéré comme dangereux. Dans le cas contraire, il devra subir un traitement psychiatrique dans un établissement fermé, potentiellement à vie.

De ce verdict dépendra aussi la capacité de la Norvège à tourner la page. Certains jugent que la qualification d’acte de folie pourrait faciliter la tâche d’un pays traumatisé par ces événements, puisqu’elle ne leur reconnaîtrait pas de dimension politique à proprement parler. En revanche, si Anders Behring Breivik est jugé sain d’esprit alors ses attaques deviennent des actes militants dans le cadre d‘un combat politique, fût-il extrémiste. Celui-ci cherchera tout au long des audiences à faire de son procès, le procès de la Norvège, et au-delà, celui de la société occidentale, multiculturelle et ouverte sur le monde.

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