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La justice suspend la Commission constituante

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La commission égyptienne en charge de la rédaction de la Constitution a été suspendue, mardi 10 avril, par le tribunal administratif du Caire.

Une Constitution écrite par des islamistes

La décision de la justice égyptienne, à six semaines du scrutin présidentiel, n’a pas été expliquée pour le moment.

Boycottée par les libéraux et largement représentée par les courants islamistes, la Commission constituante était fermement critiquée depuis sa création. Un recours, porté par des juristes et des partis libéraux et accusant le Parlement, majoritairement islamiste, d’avoir profité de ses prérogatives, avait été déposé auprès de la justice égyptienne.

Désignée à la fin du mois de mars par le Parlement nouvellement formé, la Commission est constituée de 100 personnes, 50 parlementaires et 50 non-parlementaires. Les Frères musulmans, grands vainqueurs des élections législatives et les Salafistes, autre force politique prônant un islam dur, sont très largement représentés dans cette instance.

Les courants libéraux boycottent la commission

« La Commission constituante est devenue nulle et non avenue par décision de justice et ne peut poursuivre son travail » a déclaré Mohammed Nour Farhat, responsable du Parti démocrate social, parti de la mouvance libérale sur une chaîne de télévision publique.

« Le Parlement doit se réunir pour réformer la commission constituante et nous l’invitons à commencer par mettre au point des critères garantissant la représentation équitable de l’ensemble des forces sociales et politiques, pour que la commission ne soit pas dominée par un seul courant politique. »

Environ 150 Égyptiens se sont mobilisés au Caire afin de protester contre le monopole des islamistes sur la commission constituante.

Derrière les slogans « il y en a deux à qui on ne peut pas faire confiance : l’armée et les Frères musulmans »,  les Égyptiens libéraux ont voulu témoigner de leur colère face à l’armée, qui dirige le pays depuis la chute d’Hosni Moubarak et qui rechigne à donner le pouvoir à un gouvernement civil composé des Frères musulmans, principale force politique du pays.

Chaos politique à quelques semaines de l’élection présidentielle

Après avoir considéré que la majorité islamiste de la Commission constituante ne respecterait pas la diversité d’opinion de la minorité, les partis libéraux ont décidé de boycotter la rédaction d’une nouvelle constitution pour l’Égypte.

Peu de temps après, l’Église copte orthodoxe, l’Institution islamique sunnite d’Al-Azhar et la Cour suprême constitutionnelle ont également retiré leurs représentants de la Commission.

Côté islamiste, l’argument invoqué est celui de la représentation au Parlement. Si les islamistes, toutes formations confondues, détiennent 70% des sièges de l’Assemblée, les libéraux sont très peu représentés et redoutent que la future constitution ne soit un cheval de Troie pour renforcer la charia dans la législation.

Une fois rédigée, cette Constitution devra être soumise au peuple égyptien par le biais d’un référendum.

Ces nombreux contretemps laissent penser que les Égyptiens devront élire leur président, les 23 et 24 mai prochains, sans avoir eu connaissance de la Constitution qui déterminera ses pouvoirs. 

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