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Le Brésil peut-il désamorcer la crise nucléaire iranienne?

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[image:1,l]La communauté internationale salue le bilan de la présidente brésilienne, Dilma Roussef, en visite cette semaine aux États-Unis. Celle qui dirige la puissance montante d’Amérique du Sud bénéficie en effet d’une dimension internationale grandissante. Ainsi, selon certains observateurs, l’influence de la présidente Dilma Roussef pourrait s’avérer déterminante en Iran.

À la manière de l’Iran, le Brésil a lui aussi un plan d’enrichissement d’uranium. En revanche, il a clairement convaincu le monde de son utilisation pacifique.

Les pays sud-américains, et le Brésil en tête, pourraient montrer l’exemple en faisant pression sur l’Iran afin que le pays abandonne l’enrichissement d’uranium. C’est en tout cas ce que pense Bernard Aronson, l’ex assistant au secrétaire d’État des Affaires interaméricaines, de 1989 à 1993. Il s’explique dans un papier du New York Times intitulé « Le Brésil peut-il stopper l’Iran ? ».

« Le Brésil jouit d’un statut unique pour adresser un message sur les dangers de la prolifération nucléaire. Surtout parmi les nations en développement. Si le pays devait renoncer à son droit d’enrichir de l’uranium, fermer ses installations, accepter l’aide des Nations Unies au nom de la paix internationale, le débat nucléaire en serait transformé. »

Le Brésil et l’Iran ont toujours entretenu de bons rapports. Luiz Ignacio Lula da Silva, l’ancien président brésilien avait d’ailleurs déroulé le tapis rouge lors de la visite de son « ami », le chef d’État iranien, Mahmoud Ahmadinejad. Le président Lula avait déclaré au Time Magazine : « Il est important que quelqu’un s’assoit et discute avec l’Iran. Il faut établir un équilibre qui permette le retour à la normalité dans le Moyen-Orient. »

Changement d’atmosphère

Ce premier rapprochement avec l’Iran avait suscité la colère de certains alliés du Brésil. Mais lorsque Lula s’était rendu à Téhéran en mai 2010, un officiel du Département d’État Américain avait souligné que c’était « l’acte de trop ».

Bien que Dilma Roussef, ait succédé au président Lula, la présidente n’a pas adopté la même posture vis-à-vis de L’Iran. Les liens autrefois ténus avec le pays du Moyen-Orient se sont considérablement distendus sous l’administration Roussef.

Lors de sa visite en Amérique du Sud, en janvier dernier, le chef d’État iranien n’a pas fait escale au Brésil. Et pour cause, il n’y a pas été invité.

[image:2,l]Ali Akbar Javanfekr, ancien conseiller de Mahmoud Ahmadinejad, a d’ailleurs expliqué au New York Times « que la présidente avait été très sévère à l’égard du mandat de son prédécesseur, Luiz Ignacio Lula da Silva ».

Selon Eduardo J. Gomez, professeur de politique publique à l’université de Rutgers (New Jersey, aux États-Unis), « les prises de position de Dilma Roussef s’expliquent grâce à ses expériences personnelles et ses ambitions géopolitiques » a-t-il spécifié à la CNN.

Ayant vécu sous la dictature militaire (1964-1985), Dilma Roussef est restée particulièrement sensible et attachée au respect des Droits de l’Homme. Elle a par ailleurs insisté sur le fait qu’elle ne soutiendrait pas l’Iran tant que le président Mahmoud Ahmadinejad ne se penchera pas sérieusement sur cette question dans son propre pays.

Le Brésil, un nouveau rempart contre l’Iran ?

Dilma Roussef, en visite aux États-Unis, ne manquera pas d’aborder d’autres sujets. Elle donne, ce mardi 10 avril, une conférence dans la prestigieuse université d’Harvard, retransmise dans le monde entier. La présidente du Brésil bénéficie de la meilleure côte de popularité au sein du groupe du G20, souligne l’agence de presse Bloomberg.

Barack Obama lui a rendu visite au Brésil en mars dernier. Une étape importante de sa tournée en Amérique du Sud. Il a ainsi déclaré qu’il serait favorable à ce que l’Iran ait un programme de nucléaire civil, à condition que Téhéran prouve qu’il ne développe pas une arme nucléaire.

Mais les spécialistes espèrent surtout qu’il demandera à Dilma Roussef de l’aider à stopper complètement l’enrichissement d’uranium. Le Brésil sera-t-il prêt à sacrifier son propre programme afin de désamorcer la crise iranienne ? La réponse de la présidente brésilienne à cette épineuse question est aussi imminente que décisive. 

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