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Le tandem Poutine-Medvedev, un couple qui dure

[image:1,l]Dernière étape du jeu de chaise musical à la tête de la Russie. Après 4 ans à la présidence, Dmitri Medvedev rendra, le 7 mai, les clés du Kremlin à Vladimir Poutine qui, lui-même – sauf « coup de Jarnac » extraordinaire – lui rendra les clés de la Maison Blanche, la résidence officielle du Premier ministre. En vertu de l’accord qui lie les deux hommes, après les législatives de décembre et la présidentielle de mars, et une séquence de manifestations sans grandes conséquences, les deux têtes du tandem exécutif auront repris leurs rôles respectifs et pourront aspirer, ainsi, à douze années de – relative – tranquillité.   

Pur produit du « clan de Saint-Pétersbourg »

Dmitri Medvedev est habitué au rôle de second, dans l’ombre de Vladimir Poutine. Né en 1965, il a grandi à Leningrad, comme son mentor. Après la chute de l’URSS, jeune diplômé de l’université de droit civil, il rejoint l’administration de la ville, devenue Saint-Pétersbourg. Le président du Conseil municipal s’appelle alors Anatoli Sobtchak et le supérieur hiérarchique de Dmitri Medvedev n’est autre que Vladimir Poutine – de 13 ans son aîné.

L’homme de Vladimir Poutine à Moscou

Vladimir Poutine a vu sa destinée le conduire à Moscou. À la tête du FSB – le successeur du KGB -, celui-ci est repéré par le président Boris Eltsine. À l’été 1999, il est nommé Premier ministre puis, quelques mois plus tard – au terme d’une ascension fulgurante – il accède à la présidence, suppléant à un président défaillant, rongé par l’alcool. Dmitri Medvedev, âgé d’à peine 35 ans, le suit.

Directeur adjoint de l’administration du gouvernement en novembre 1999, Dmitri Medvedev occupe, un mois plus tard, les mêmes fonctions au sein de l’administration présidentielle. Trois ans plus tard, en 2003, il est promu chef de l’administration du Kremlin. En novembre 2005, il devient premier vice-président du gouvernement.

Un partage inédit des rôles

Empêché par la Constitution de solliciter un troisième mandat, Vladimir Poutine fait investir son poulain candidat à la présidence et le 2 mars 2008 celui-ci remporte la présidentielle. Dmitri fait son entrée au Kremlin, Vladimir est nommé Premier ministre. Pendant ces quatre ans, les rares velléités de Medvedev seront vite maitrisées par Poutine, sans que personne ne sache vraiment quels sont les ressorts du pouvoir que semble exercer l’aîné sur le cadet.

« Tout ça, c’est pour longtemps »

L’annonce par Vladimir Poutine, lors du congrès de son parti Russie Unie fin septembre 2011, de son intention de retrouver son rang, de solliciter un nouveau mandat de six ans à la tête de la Russie et de nommer Dmitri Medvedev Premier ministre, ajoutée aux accusations de fraudes électorales lors du scrutin législatif de décembre, a provoqué les plus vastes manifestations de l’Histoire de la Russie post-soviétique. Les deux hommes ont tenu bon – et le 7 mai, Vladimir Poutine entamera un nouveau bail au Kremlin d’une durée pouvant aller, à ce jour, jusqu’à 12 ans – et l’année 2024.

Lors de sa dernière interview, Dmitri Medvedev a averti les Russes que son tandem avec Vladimir Poutine était là « pour longtemps ». « Il me semble qu’il faut se détendre. Tout ça, c’est pour longtemps, » a déclaré celui qui est encore président, interrogé sur la permutation à la tête de l’État.  

« Nous sommes liés avec Vladimir Poutine non seulement par notre coopération politique, mais aussi par une amitié de vingt ans », a encore souligné Dmitri Medvedev.

Un « progrès démocratique »

Dmitri Medvedev a affirmé y voir un progrès démocratique qui permet que « le destin du pays, les processus politiques ne dépendent pas de la volonté d’un seul homme ». « Il me semble que c’est normal, c’est bien ça la progression vers la démocratie : deux personnes comme celles-là, trois, cinq, sept, dix », a-t-il dit.

Comme il semble loin, le temps où Dmitri Medvedev incarnait des espoirs de libéralisation du pays. S’il affirme avoir été l’homme de la démocratisation du pays, la réalité est toute autre. Il n’a jamais réellement réussi à sortir de l’ombre de son puissant aîné et les raisons en demeurent mystérieuses. Elles obsèdent journalistes et commentateurs, elles fascineront historiens… et psychologues. 

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