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Pénurie d’eau: une nouvelle crise menace le pays

[image:1,l]Plus d’un an après le Printemps égyptien, une nouvelle crise menace le pays. L’approvisionnement en eau est un problème majeur qui affecte des millions d’Égyptiens. Le pays, qui compte près de 75 millions d’habitants, a vu sa population doubler en l’espace de 40 ans. En dépit d’une amélioration des rendements agricoles, il devient primordial d’importer cette ressource afin d’assurer une meilleure irrigation des récoltes. Les problématiques liées à l’approvisionnement en eau soulèvent de nombreuses – et légitimes- inquiétudes et ne se cantonnent pas aux frontières égyptiennes. L’Éthiopie ou l’Érythrée sévèrement frappés par des sécheresses répétitives en pâtissent également. 

La crainte d’une crise alimentaire future

À l’instar des pays qui fondent une partie de leur économie sur le secteur agricole, l’Égypte craint les conséquences de ces pénuries en eau. « Les Égyptiens sont terrorisés à l’idée de souffrir de la faim », explique Mohammed Hassan, boulanger au Caire. À 32 ans, l’homme est propriétaire de plusieurs boulangeries de la capitale égyptienne. La production de son pain est subventionnée par l’État, un soutien financier désormais indispensable pour pérenniser la distribution de cette denrée alimentaire de base. L’arrêt de sa fabrication aurait de lourdes conséquences alimentaires et économiques. Une « nouvelle révolution » guette l’Égypte, si le gouvernement retire sa subvention, selon Mohammed Hassan.

Pour Christine Anderson, Maître de conférence à l’Université Américaine du Caire : « Aucun rempart n’est érigé pour empêcher une crise alimentaire future ». Elle détaille son propos dans son ouvrage intitulé, Le Changement climatique, la Gouvernance de l’eau, et la Survie Légale dans le Monde arabe.

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Un fléau récurrent

Les crises alimentaires et la famine ont marqué l’Histoire de l’Égypte. Selon les archéologues, spécialistes de l’Égypte Antique, les premiers grands épisodes de disettes se sont produits à  l’époque des Pharaons. Les famines, dues à de longues et fréquentes périodes de sécheresses, avaient conduit à d’importantes révoltes de la faim et se sont accompagnées de guerres de territoires pour remporter davantage d’accès aux rives du fleuve sacré, le Nil. Les conflits sanglants se sont soldés par un exode massif de la population égyptienne.

L’époque moderne aussi regorge d’exemples. 1977 : le pays plie sous la colère des manifestants, au cours des « émeutes de pain ». Un soulèvement populaire engendré par une inflation historique du prix des denrées de bases, telles que la farine. La production du pain n’étant plus subventionnée par le gouvernement, une crise alimentaire s’abat alors sur la population. De violents affrontements éclatent dans les rues du pays et se soldent par la mort de plus 70 personnes. En 2008, l’histoire se reproduit…Le spectre de nouvelles émeutes de la faim plane à nouveau sur l’Égypte d’aujourd’hui.

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L’Égypte ne parvient plus à nourrir sa population

Doit-on craindre une nouvelle crise de cette ampleur ? Ayman Nour, militant pro-démocratie, semble le croire. « La question du prix du pain peut être un élément déclencheur d’une nouvelle révolution ». Plus de 80% de la population égyptienne comptent sur ce pain subventionné. « L’ancien régime avait volontairement élevé le prix du pain, pour pouvoir mieux tenir la population en laisse » ajoute-t-il.

Paradoxalement, l’Égypte qui fonde une majeure partie de son économie sur le secteur agricole et insiste sur l’exportation de matières premières, ne parvient plus à nourrir sa population. Cette contradiction dessine les contours d’une crise alimentaire qui semble désormais inévitable.

Une inflation galopante

Un an après la révolution du 25 janvier 2011, les prix des denrées alimentaires et des matières premières se sont à nouveau envolés. Selon l’agence centrale pour la Mobilisation et la Statistique : « Le prix de la tomate (un des aliments de base en Égypte, ndlr) a connu une hausse de 150% ». Seul 6% du territoire égyptien sont exploités à des fins agricoles, le reste n’est qu’un vaste désert aride. Le Nil représente la seule source d’eau douce pour le pays. Avec une inflation galopante, une démographie en hausse, une menace de l’utilisation accrue du Nil par les pays voisins situés traversés par le fleuve : l’Égypte serait-elle sur le point de replonger ?

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La pénurie s’étend au pays voisins 

Les fermiers Éthiopiens luttent également pour obtenir un accès à l’eau du Nil. Les pays voisins de l’Égypte pâtissent également de cette pénurie en eau. L’approvisionnement est le principal point d’accroche entre les nations en bordures du Nil. L’Égypte domine le Nil et limite ainsi les capacités des pays voisins à s’approvisionner en eau. L’Éthiopie planifie un projet de barrage: le « Gilgel Gibe III » retiendra 14,7 millions de mètres cubes d’eau. Sa capacité de production de 1 870 MW donnera un nouvel élan à la Société d’énergie électrique d’Éthiopie (EEPCO) qui projette d’augmenter l’approvisionnement en électricité et en eau dans le pays. La crise du Nil demeure et avec elle la hantise de manquer un jour du précieux liquide.

 

Global Post / Adaptation Rédaction JOL Press

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