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Poussée de fièvre après la rupture d’un contrat gazier

[image:1,l]La tension monte entre Israël et son voisin égyptien. Dimanche 22 avril, le président de la Holding internationale EgasMohamed Chouaïb, a annoncé l’annulation d’un contrat de 2,5 milliards de dollars, signé avec Israël en 2005, et portant sur la vente annuelle – pendant 15 ans – de 1,7 milliards de mètres cube de gaz naturel à la Compagnie électrique israélienne (CEI).

Le gaz égyptien n’ira plus en Israël

L’Égypte, premier pays arabe à avoir signé un accord de pays avec l’État hébreu, semble vouloir changer de ligne politique depuis l’arrivée au pouvoir des islamistes.

Si aucune annonce sérieuse et officielle n’a été faite d’un côté comme de l’autre, les déclarations des différents acteurs diplomatiques des deux pays attestent d’une poussée de fièvre liée en partie aux bouleversements politiques que connaît l’Égypte depuis plus d’un an.

Lundi 23 avril, le ministre égyptien de l’Électricité, Hassan Younès a justifié la décision de l’entreprise gazière par des contraintes internes justifiées par les propres besoins énergétiques du pays. Déclaration contredite par la suite par Fayza Aboul Naga, ministre égyptienne de la Coopération internationale qui a affirmé que l’Égypte était tout à fait prête à envisager un nouveau contrat avec Israël. Contrat qui serait négocié à partir de nouveaux tarifs et de nouvelles conditions.

« Différend commercial » ou déclaration de guerre ?

Côté israélien, des déclarations contradictoires ont envahi les médias. Quand certains se veulent rassurants, d’autres envisagent déjà le pire.

Si le ministre israélien des Affaires étrangères, Avigdor Liberman, ne voit dans cette rupture qu’un « différend commercial » sans conséquences sur les relations entre les deux pays, le ministre des Finances, Yuval Steinitz a exprimé, sur une radio publique israélienne, son inquiétude face à « un dangereux précédent qui jette un voile sur les accords de paix entre l’Egypte et Israël. » Le chef d’État-major de Tsahal, le lieutenant général Benny Gantz va encore plus loin et n’a pas hésité à menacer l’Égypte d’une action militaire si les tensions entre les deux pays venaient à s’aggraver.

Les islamistes changent la donne des relations israélo-égyptiennes

Israël, dont les ressources en gaz naturel proviennent à 43% de ses contrats avec l’Égypte, prend la situation très au sérieux et voit comme un danger important la montée de l’islamisme dans le pays qui a écarté, un an plus tôt, Hosni Moubarak, garant, d’une certaine manière, des bonnes relations entre les deux pays.

Les islamistes, dans l’opposition en 2005, avaient très mal accueilli la signature du contrat gazier entre l’Égypte et son voisin. Aujourd’hui majoritaires au Parlement récemment élu et en très bonne position pour remporter la présidence du pays lors de la prochaine élection, les islamistes, largement représentés par les Frères musulmans, dénoncent « l’amitié » israélo-égyptienne conclue par les accords de Camp-David en 1979 et dont ils ont toujours contesté les conditions.

L’aide américaine garante de la stabilité régionale

Si la nouvelle configuration politique de l’Égypte depuis la chute du Raïs laisse planer le doute sur l’avenir des relations entre les deux pays, les forces en présence permettent de croire qu’un conflit plus sérieux, voire armé, n’est actuellement pas envisageable.

Dans le fond, si les relations entre Israël et l’Égypte ne pourront s’améliorer ni retrouver leur stabilité du temps de Hosni Moubarak, le pouvoir égyptien, dans l’état actuel des choses, ne pourrait prendre le risque d’une crise diplomatique aux dangereuses conséquences pour l’économie et la stabilité du pays.

Les États-Unis, garants de la survie de l’armée égyptienne grâce à leur aide annuelle d’1,3 milliards de dollars offerte contre l’engagement d’une paix cordiale avec Israël, assurent également une forme de stabilité dans la région.

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