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Boris le bouffon ou Ken le rouge… Londres élit son maire

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[image:1,f]Sept candidats sont en lice pour le scrutin du jeudi 3 mai. Pourtant, comme il y a 4 ans, la campagne se résume à un duel entre le maire sortant, Boris Johnson, et son prédécesseur, Ken Livingstone. Fantasques et iconoclastes, ces deux politiques aguerris n’affichent l’un pour l’autre que du mépris, s’accusant d’incompétence et n’hésitant pas à avoir recours aux insultes : « Vous êtes un p… de menteur », aurait lancé Boris Johnson à Ken Livingstone, lors du dernier incident en date début avril au siège d’une radio londonienne.

C’est bien la personnalité des deux candidats, plus que leurs étiquettes politiques, qui divisent les Londoniens.

À la gauche du ring… « Ken le rouge »

Dernier détenteur de la présidence de la Greater London Authority, embryon d’Assemblée municipale dissoute par Margaret Thatcher dans les années 80, et premier maire élu de Londres, de 2000 à 2008, Ken Livingstone se situe à la gauche de la gauche. Son positionnement lui a valu le surnom de « Ken le Rouge ».

Pour sa tentative de « comeback » à la tête de la capitale britannique, Ken Livingstone met en avant son expérience et son amour pour sa ville. C’est à lui que les Londoniens doivent, notamment, la « Congestion Charge », système de péage urbain qui a considérablement allégé le trafic automobile dans le cœur de Londres. Il rappelle son engagement en faveur du multiculturalisme et son patriotisme municipal qui s’est particulièrement manifesté en juillet 2005, durant son deuxième mandat, lorsqu’à un jour d’intervalle, Londres a obtenu l’organisation des Jeux Olympiques de 2012 et a été la cible de multiples attentats terroristes orchestrés par des islamistes.

Mais, sa crédibilité a été atteinte par la révélation d’un montage financier lui ayant permis de payer moins d’impôts. Ainsi que par des larmes qu’il aurait versées lors de la première diffusion en public de son clip de campagne. Des larmes qui, d’après The Sun, seraient davantage liées à des sondages défavorables.

À la droite du ring… « Boris le bouffon »

Homme politique atypique que ce personnage haut en couleur… Issu d’une des plus grandes familles de l’aristocratie, il a aussi des racines turques. Éduqué dans une école privée huppée et membre des clubs les plus sélects depuis ses années à Oxford, il traîne aussi, des bancs du Parlement au City Hall, un look débraillé et des cheveux blond vénitien toujours hirsutes. Sa verve est légendaire. Ainsi, en 2004, il promettait des épouses « à forte poitrine » et de gros 4×4 aux Britanniques qui votaient conservateurs. Mais, l’humour a ses limites et, au fil des années, il a offensé de nombreux groupes, des habitants de Liverpool aux Irlandais, des noirs et des musulmans aux homosexuels…

S’ils lui ont reproché d’avoir tardé à rentrer de vacances lors des émeutes qui ont embrasé la capitale en août 2011, les Londoniens se sont pris d’affection pour leur maire et lui reconnaissent un bilan honorable. À son crédit, un système de vélos en libre-service, façon vélib’ parisiens, qui connaît un très fort succès et a d’ailleurs été rebaptisé « Boris Bike ».

Un maire aux pouvoirs restreints

Cela peut paraître bien maigre comme bilan, même si l’on y ajoute sa contribution à la préparation des Jeux Olympiques et à l’animation de la capitale. Mais, dans un pays où l’on craint l’hégémonie d’un Londres hypertrophié, le maire dispose de bien peu de pouvoir. Sa principale compétence est en matière de transports et il peut agir aussi dans le logement et la planification. Il n’a pratiquement pas de pouvoir dans les domaines de l’éducation et de la santé.

Boris, de City Hall à Downing Street ?

Les observateurs mettent sur le compte de cette décentralisation inachevée la faible qualité du casting des candidats. Si Boris et Ken sont atypiques, il ne faut pas se fier aux apparences… ce sont deux hommes d’expérience, de fins manœuvriers. Si la carrière du second est derrière lui, celle du premier reste en devenir. Et certains lui prêtent même un destin…

Boris Johnson est de la génération de David Cameron. Il est né en 1964, deux ans seulement avant le Premier ministre. Si son talent et ses compétences ont de longue date fait l’admiration des militants conservateurs – et des téléspectateurs amateurs de ses sorties iconoclastes -, son dilettantisme lui a valu une relative marginalisation. Pourtant, sa réélection attendue, ce jeudi, détonerait dans un pays où la cote des conservateurs et de David Cameron ne cesse de s’effondrer. Et, dans ce cas – probable -, Boris Johnson apparaîtrait, plus que jamais, comme le plus sérieux rival de David Cameron. Sa stature nationale en sortirait renforcée. Dans la foulée, il lui faudrait encore passer une haie difficile, celle des Jeux Olympiques, et alors tout deviendrait possible.

Si Boris Johnson se distingue de la puissante aile droite des conservateurs en matière de logement ou de transport, il a pris des positions susceptibles de séduire les plus radicaux et eurosceptiques en matière d’intégration européenne et de souverainisme. En cas d’effondrement de la coalition avec les libéraux-démocrates, conduite par David CameronBoris Johnson pourrait apparaître comme un recours… D’ailleurs, ce n’est peut-être pas un hasard s’il est parfois comparé à Winston Churchill, iconoclaste, lui aussi, avant d’être sauveur.

 

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