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L’austérité responsable de la montée de l’extrémisme

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[image:1,l] Au lendemain de sa victoire aux législatives grecques, le leader du parti néo-nazi Aube dorée a tenu un discours qui résonne au-delà des frontières de son pays. « L’heure de la peur a sonné pour les traîtres à la Patrie. Nous arrivons ! », a exulté Nikolaos Michaloliakos dans une conférence post-électorale. « Et la Grèce n’est qu’un commencement ». L’élection de 21 membres d’Aube dorée au Parlement est symbolique de la façon dont les 3 ans de crise ont radicalisé la politique en Europe

En France

[image:2,l] Au premier tour de la présidentielle française, la candidate d’extrême-droite Marine Le Pen a remporté le meilleur score jamais obtenu par son parti, le Front national : 17.9 %. Les communistes et autres groupes d’extrême-gauche ont, eux, atteint plus de 12%

En Italie

[image:3,l]En Italie, ce dimanche, le Mouvement 5 étoiles du comédien Beppe Grillo a remporté les élections locales au détriment des grands partis qui soutenaient la politique d’austérité du gouvernement. « Un tremblement de terre social est sur le point de se produire » a annoncé le dirigeant « apolitique » tandis que son parti remportait 19% des votes à Parme, 14% à Gênes, et plus de 10% dans d’autres villes. « Le Mouvement 5 étoiles ne saurait être stoppé ». Le comique a mis en garde : à moins que les partis n’écoutent son appel à mettre un terme à l’austérité, les populations continueront à voter pour des gens comme Marine Le Pen et Nikolaos Michaloliakos. C’est inévitable.

Aux Pays-Bas

Le parti radical anti-islamique, Parti de la liberté, la troisième formation au Parlement néerlandais, a mis le gouvernement de centre-droit à mal, après avoir initié une série de protestations anti-austérité. En vue des élections de septembre, son leader, Geert Wilders, a ajouté à sa rhétorique anti-immigration un appel à sortir de l’euro.

En Irlande

En Irlande, la branche politique de l’IRASinn Fein, qui propose de rejeter, lors du referendum du 31 mai prochain, le traité fiscal européen, a vu le nombre de ses sympathisants se multiplier considérablement.

Dans le reste de l’Europe

En Suède, en Autriche, en Finlande et en Hongrie aussi, les partis d’extrême-droite rencontrent un franc succès depuis le début de la crise. 

Ils restent néanmoins marginaux en Allemagne. La population a trouvé une alternative avec le Parti pirate, qui a obtenu plus de 8% aux élections régionales en Schleswig-Holstein. S’il atteint le même score à un niveau national, il pourrait jouer un rôle important dans le prochain gouvernement de coalition allemand. Les « Pirates » sont ne partagent aucunement les valeurs des partisans d’Aube dorée. Cependant, à l’instar des militants néo-nazis, ils ont également su surfer sur l’actuelle vague de contestation.

Une menace politique réelle

Aube dorée est apparue dans les années 80. Ses partisans ont régulièrement été accusés de violences (parfois mortelles) envers les immigrants ou les électeurs de gauche. Jusqu’à ce que la crise de l’euro ne ravage l’économie grecque, le parti extrémiste n’était toutefois pas considéré comme une menace politique sérieuse. Les élections de dimanche 6 mai, ont aussi vu les électeurs voter massivement pour l’extrême-gauche. En se radicalisant ainsi, les électeurs ont privé les partis, qui avaient dominé la vie politique grecque depuis la fin de la dictature militaire dans les années 70, d’une précieuse majorité.

Les heures sombres de l’Histoire en toile de fond

[image:4,l]Pour certains, une telle radicalisation évoque les heures sombres de l’Histoire. En visite au camp d’extermination nazi d’Auschwitz, le Premier ministre belge, Elio di Rupo,  a comparé l’actuel effondrement économique à celui qui, dans l’Allemagne des années 30, avait précédé l’avènement d’Adolf Hitler« Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une nouvelle crise économique, et la menace continue » a-t-il réagi.

En Allemagne, l’on redoute un retour à l’hyperinflation des années 20, qui avait miné les institutions démocratiques allemandes. Cette angoisse explique que le gouvernement veuille s’en tenir à une certaine politique fiscale d’austérité. Cela n’empêche pas les voix de s’élever en Europe. Pour certains, les Allemands ont une mémoire sélective : ils n’auraient pas retenu tous les enseignements, aussi douloureux soient-ils, de cette période trouble. 

Au début de la crise, après que l’argent des contribuables allemands a été utilisé pour aider les Grecs, un officiel de l’UE a averti que l’Allemagne les « presserait jusqu’à ce que le sang coule des pierres de l’Acropole ». Ses mots ont sonné comme un écho perturbant à l’incitation des alliés, à la fin de la Première Guerre Mondiale, à « presser l’Allemagne jusqu’à en faire éclater les pépins ».

De l’inutilité d’un nouveau traité de Versailles

En 1919, le traité de Versailles a contraint les Allemands à verser aux alliés 269 milliards de marks, environ 800 millions d’euros. Ce sont les difficultés de l’Allemagne à honorer ses traites qui ont miné son économie et permis à Hitler d’arriver au pouvoir. Que Berlin oblige les Grecs à se serrer la ceinture alors que la récession fait rage reviendrait au même.

[image:5,l] « Si vous poussez les pays dans une situation où ils n’ont plus d’espoir et ne voient plus la lumière au bout du tunnel, les gens vont se tourner vers des solutions simplistes et parfois mauvaises » a estimé Alistair Darling, ancien ministre britannique des finances. « Le traité [fiscal, ndlr] européen reviendrait, comme le traité de Versailles, à institutionnaliser une spirale infernale. » 

Plutôt que de s’inspirer de Versailles, les opposants à l’austérité estiment que l’UE devrait prendre exemple sur les Américains, et le plan Marshall qu’ils ont mis en place à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, pour ranimer les économies, en difficulté, des pays du Sud.

Global Post / Adaptation Anaïs Leleux – JOL Press

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