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Le peuple boude les élections législatives

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Alors qu’il se trouvait à Sétif, pour le 67ème anniversaire des massacres des nationalistes algériens par l’armée française, le président Abdelaziz Bouteflika a fait état de son inquiétude concernant les élections législatives, qui se tiendront jeudi 10 mai.

Abdelaziz Bouteflika appelle à la mobilisation des Algériens

Pour la sixième fois depuis l’annonce de la tenue de ces élections, le président a lancé un appel pressant à la mobilisation du peuple algérien pour l’élection de ses représentants.

« J’appelle toutes les catégories de la société à exprimer leur choix libre et à élire leurs représentants, nonobstant leur obédience ou leur appartenance, lors de ces législatives qui se distingueront des précédentes par une large participation de différents courants politiques, mais aussi par une forte présence des femmes et des jeunes sur les listes de candidature » a-déclaré le président Bouteflika lors de son discours.

« Je vous appelle tous à sortir en masse le jour du scrutin pour annoncer une nouvelle étape du processus de développement de réformes et de l’évolution démocratique dans votre pays, l’Algérie » a-t-il ajouté.

Les Algériens rejettent leur classe politique

Ces élections législatives, annoncées le 15 avril 2011, en plein Printemps arabe, font partie du train de réformes annoncées par le gouvernement pour éviter tout phénomène de contagion des pays voisins vers l’Algérie.

Mais aujourd’hui, la participation des électeurs au scrutin est lourdement compromise. Les Algériens, lassés de la classe politique au pouvoir depuis des années, ne voient pas en ces nouvelles élections un signe de changement, mais plutôt un faux espoir de plus donné au peuple.

Alors que dans les pays du Printemps arabe, les islamistes ont réalisé de très bons scores lors des différentes élections organisées, l’Algérie est en passe de devenir le premier pays à ne pas suivre la vague de la Révolution de Jasmin.

Les islamistes dénoncent des fraudes

Sur les 44 partis et listes indépendantes présentées au peuple, sept se réclament de l’islamisme. Parmi elles, trois formations ont de grandes chances de réunir assez de votants pour siéger à l’Assemblée. Le Front de la justice et du développement (FJD), l’Alliance verte et le Front du changement espèrent, tous trois, profiter de l’élan islamiste dans la région pour s’offrir une majorité au Parlement.

Néanmoins, à la différence des pays voisins de l’Algérie, les islamistes ont été associés au gouvernement depuis les années 90. Leurs différents mouvements politiques ne font pas l’unanimité dans la population, convaincue qu’ils ne créeront pas la rupture.

Les formations islamistes, en campagne jusqu’au 6 mai dernier, font maintenant état de leurs inquiétudes concernant les fraudes massives, dont le scrutin pourrait être victime. Abdallah Djaballah, à la tête du Front de la justice et du développement, a exprimé ses craintes lors d’une conférence de presse, mardi 8 mai. « Certains signes poussent à l’inquiétude et nous font craindre une fraude » a-t-il déclaré ajoutant que, « la circulation de quelques bulletins de vote et le gonflement des listes d’électeurs qui représentent 65% de la population alors qu’habituellement elles ne dépassent pas les 45% » sont des signes pour comprendre que la validité du scrutin sera largement compromise.

« L’enregistrement massif de militaires après la fermeture des délais d’enregistrement, alors qu’ils avaient envoyés des procurations à leurs proches », ce qui signifie qu’ils pourraient voter deux fois, est, pour lui, un autre signe visible.

500 observateurs le jour du scrutin

Pour contrôler le scrutin, Abdelaziz Bouteflika a accepté l’entrée sur le territoire algérien de 500 observateurs qui seront chargés de contrôler les bureaux de vote et le dépouillement des bulletins des 21,6 millions d’électeurs.

À l’issue des élections, l’Assemblée, actuellement constituée de 389 députés dont 59 islamistes, devrait être élargie à 462 représentants.

Le Front de libération nationale (FLN) actuellement majoritaire au Parlement, a souffert de nombreuses crises internes durant ces derniers mois et pourrait perdre cette majorité. 

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