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Mission impossible pour Alexis Tsipras, chef anti-austérité

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Après une ouverture en légère hausse, la bourse de Paris est repartie à la baisse ce mercredi 9 mai. Si l’alternance en France, avec l’élection de François Hollande, a été bien accueillie, les marchés européens, en net recul la veille, ont d’autres soucis dont la cause est, une fois de plus, à chercher du côté d’Athènes… Les élections législatives du dimanche 6 mai ont débouché sur un parlement sans majorité où les forces anti-austérité sont considérablement renforcées. Avec cette inévitable crise politique, le risque est grand d’un défaut de la Grèce sur l’une de ses prochaines échéances, avec un degré de probabilité élevé, mais aussi le début des démarches nécessaires pour organiser la sortie de la Grèce de la zone euro.

La coalition anti-austérité tente de former un gouvernement

Après l’échec du chef des conservateurs, Antonis Samaras, à rallier une majorité favorable à l’austérité, c’est au tour du chef de la coalition anti-austérité de gauche radicale, Syriza, propulsée deuxième parti de Grèce, de tenter de former un gouvernement.

Aux termes de la constitution, Alexis Tsipras a trois jours devant lui. C’est très peu et beaucoup à la fois, tant impossible parait la mission que lui a confié le chef de l’Etat, Carolos Papoulias. Arithmétiquement, les trois partis de gauche anti-austérité ont obtenu 97 sièges sur les 300 que compte le parlement. C’est loin de la majorité absolue et ne fait même pas une majorité relative puisque les conservateurs de la Nouvelle Démocratie détiennent 108 sièges.  

Malgré tout, dans sa tentative, Alexis Tsipras doit mener des contacts avec l’ensemble des dirigeants politiques du pays. Mardi soir, il s’est déjà heurté à une fin de non-recevoir de la dirigeante communiste du KKE, Aleka Papariga, fidèle à la tradition isolationniste d’un des derniers partis communistes staliniens d’Europe. Elle n’a même pas voulu le rencontrer.  Deux chefs de partis de gauche, un dissident du Syriza et le parti écologiste, lui ont demandé de clarifier sa position sur l’appartenance de la Grèce à l’euro.

Un gouvernement de coopération n’est pas possible

Mardi soir, devant l’urgence de la situation, le dirigeant du Pasok et ancien ministre des Finances, Evangélos Vénizélos, a proposé la constitution d’un gouvernement « d’union nationale » à toutes les formations qui satisferaient deux exigences : rester dans l’euro et renégocier avec l’UE et le FMI. Dans sa bouche, cela constitue une avancée puisque, jusqu’à présent, il s’était cantonné à demander un an de plus pour permettre à la Grèce de respecter ses objectifs budgétaires.

La défaite électorale – 41 sièges sur 300 – a été lourde et le Pasok n’est pas en position de dicter sa loi. Le dirigeant du Syriza a exclu d’appartenir à un gouvernement de coalition avec des partis qui acceptent le plan de redressement de la Grèce dicté par l’UE et le FMI.

La formation d’un gouvernement de coopération n’apparait plus possible et le scénario le plus probable semble celui de nouvelles élections – qui, probablement, seraient encore plus favorables aux extrêmes, la gauche anti-austérité et les forces d’extrême-droite.

Vers l’arrêt du deuxième plan de sauvetage puis la sortie de l’euro ?

Le Syriza d’Alexis Tsipras a mené une campagne entièrement hostile aux efforts demandés à la Grèce par ses créanciers. Notamment les nouvelles baisses de salaires et de retraites attendues. Celui-ci dénonce les conditions « barbares » d’accès aux prêts internationaux fixés par l’UE et le FMI, et rejette particulièrement les efforts demandés à la Grèce pour 2013 et 2014 qui devaient être discutés par la « troïka » des créanciers du pays (UE-BCE-FMI) dès la fin mai. Il demande aussi l’arrêt d’une partie du paiement de la dette.

Mardi, il a rappelé ses priorités: « annulation » des mesures de dérégulation du travail récemment votées, « contrôle public sur le système bancaire », « création d’une commission internationale de contrôle de la dette ».

Dans ce contexte, les investisseurs craignent que l’instabilité politique ne débouche sur l’arrêt de la poursuite du deuxième plan de sauvetage international accordé au pays en octobre, qui mènerait à court ou moyen terme à un défaut de paiement du pays.

Des inquiétudes entretenues par les déclarations du président de la Commission européenne José Manuel Barroso. Mardi, il n’a laissé aucune marge de manœuvre à ceux qui veulent renégocier le « mémorandum » d’accord conclu entre le pays et ses créanciers : les pays les plus en difficulté de la zone euro doivent se plier à une stricte discipline budgétaire sinon c’est le « défaut de paiement », a-t-il dit, après un message de même teneur en provenance de Berlin lundi.

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