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Quel « style Hollande » sur la scène internationale?

[image:1,l]Certains, peut-être, à Washington, s’étaient-ils inquiétés de l’arrivée de ce nouveau président français. Après la parenthèse Nicolas Sarkozy qui, au moins au début de son quinquennat, s’était déclaré – et montré – ouvertement atlantiste, François Hollande n’allait-il pas retrouver la méfiance et la défiance – bon teint, toute relative, certes – qui a caractérisé la relation de tous ses autres prédécesseurs avec leurs homologues de Washington ? N’allait-il pas chercher, malgré le poids diplomatique décroissant de la France mais en s’appuyant sur la majorité – encore largement silencieuse – de ses partenaires européens à bousculer l’ordre du jour de ces rendez-vous au sommet ? Qu’attendre, que craindre, que comprendre de l’étiquette « socialiste » du nouveau venu ? 

L’administration Obama est rassurée

De la rencontre bilatérale à la Maison Blanche au sommet de l’OTAN, en passant par la réunion du G8 à Camp David, François Hollande n’a pas contrarié les objectifs et intentions de Barack Obama, de son administration et de son équipe de campagne. « Il a fait d’excellents débuts », a déclaré le président américain en recevant son homologue français dans le bureau ovale.

À Camp David, craignant qu’une déstabilisation de la zone euro et ses effets boule de neige ne vienne menacer sa réélection en novembre prochain, Barack Obama souhaitait que l’ensemble des pays du G8 plaident en faveur de la croissance économique pour compenser l’effet de l’austérité budgétaire et appellent de leurs vœux, le maintien de la Grèce dans la zone euro. C’est une position tout à fait similaire à celle de François Hollande, même s’il resterait sans doute à débattre des différentes options existantes pour relancer cette dite croissance.

De même, au vu de la manière dont s’est déroulé le sommet de l’OTAN, les Américains ont de quoi être satisfaits : de l’Iran au déploiement du bouclier antimissile en Europe, François Hollande s’est efforcé de les rassurer. « Il est clair que la France va être un bon ami et allié », a estimé un haut responsable américain.

S’il a maintenu sa décision de retirer d’Afghanistan les troupes françaises de combat à la fin 2012, il a constamment veillé à éviter tout ce qui aurait pu embarrasser Barack Obama, comme une remise en cause de la stratégie des alliés en Afghanistan. « Chicago pouvait être un conflit au sens d’un malentendu entre la France et ses alliés. Cela n’a pas été le cas », s’est félicité le président français à l’issue de la première journée de travaux. « Nous avons veillé les uns et les autres à ce que la position de la France soit pleinement respectée et appliquée. »

Après la théorie, François Hollande passe à la pratique

On en revient toujours au B-A, BA du jeu diplomatique : le donnant-donnant dans le respect de rapports de force que peu de choses, et surtout pas la simple arrivée d’un nouveau locataire à l’Élysée – même à l’occasion d’une alternance politique -, ne saurait comme miraculeusement bousculé. À l’occasion de ses premiers contacts avec ses homologues internationaux, François Hollande aurait fait impression. La presse internationale est unanime. Bonne et parfois même forte impression…

Si François Hollande n’avait pas, jusqu’à cette semaine, fréquenté le cercle fermé des chefs d’État et de gouvernement, s’il n’avait pas, non plus, d’expérience officielle de la diplomatie internationale – comme cela a pu lui être reproché -, s’il ne connaissait pas personnellement ses homologues, c’est souvent le cas des nouveaux élus – et, notamment, le plus souvent, des présidents américains. À défaut d’expérience, un peu d’intelligence… et la continuité des services diplomatiques de l’État.

Pas de raison, ni d’intérêt d’ajouter une crise aux crises

Ces rendez-vous internationaux sont des occasions très formatées, ultra-préparées dont l’objectif est, le plus souvent, non pas de constater des désaccords, mais de mettre en avant les points d’accords, de sorte que les messages adressés au monde, et en particulier aux opinions publiques, soient à l’avantage de chacun des participants.

En l’occurrence, François Hollande vient d’être élu et, loin de profiter d’un état de grâce comme certains de ses prédécesseurs, les Français attendent de lui qu’il fasse ses preuves – et en jugeront les 10 et 17 juin lors des législatives. Barack Obama a entamé la phase active d’une campagne de réélection périlleuse – même, à ce jour, elle semble se dérouler à son avantage. Angela Merkel est affaiblie par des défaites électorales à répétition – même si celles-ci ne remettent pas en cause sa position. David Cameron traverse une crise de mi-mandat très délicate… Aucun des participants au G8 et au sommet de l’OTAN n’avait d’intérêt à la confrontation et à la mise en scène du désaccord.  

Une présidence « normale » contre la politique-spectacle

Resteront toutefois de la première escapade outre-Atlantique du président Hollande quelques images cocasses. Le club est fermé, ses membres se connaissent bien, il vient d’y être admis et cela se voit… quand il est le seul à porter une cravate ou quand, à côté de ses homologues s’enthousiasmant devant la finale de la Champions’ League entre Chelsea et Bayern Munich – même Barack Obama semble s’y connaître en soccer… -, il semble bien songeur. Un peu comme s’il se disait tout ça pour ça…

À l’avenir, jouera aussi pleinement à ce jeu qui consiste à offrir de bonnes images entre « happy few » ou « à l’ancienne » préférera-t-il garder une certaine distance… de la réponse à cette question dépendra le « style Hollande » sur la scène internationale mais, peut-être aussi, la place qu’y tiendra la France.

Prochain rendez-vous : le sommet européen du mercredi 23 mai.

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