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A J-2 de la présidentielle, le Parlement est invalidé

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Coup de théâtre à deux jours d’une élection historique. L’Assemblée nationale égyptienne, élue à l’automne dernier, a été invalidée par la Cour suprême constitutionnelle égyptienne, jeudi 14 juin. En conséquence, l’Assemblée constituante, nommée par le Parlement, a également été dissoute.

Une Assemblée anti-constitutionnelle

Les juges de la Cour suprême ont estimé que la loi qui encadrait les élections de l’automne 2011 était anti-constitutionnelle. Cette loi interdisait notamment aux anciens du régime Moubarak de présenter leur candidature.

Pour la Cour, la loi en vigueur à l’époque n’était pas fondée sur des « motifs objectifs » et constituait de ce fait « une violation du principe d’égalité ».

A deux jours du deuxième tour du scrutin présidentiel, cette nouvelle apparaît comme un désaveu de la révolution pour de nombreux islamistes, largement majoritaires dans l’Assemblée élue.

Mohamed Morsi, candidat des Frères musulmans au deuxième tour du scrutin, s’est montré mesuré dans ses déclarations, estimant qu’il était de sa responsabilité « comme futur président de l’Égypte d’accepter les décisions de la Cour. Des millions d’électeurs vont se rendre aux bureaux de vote samedi et dimanche pour dire non aux tyrans. »

Porte ouverte à l’Assemblée pour les politiques de l’ancien régime

Ce jugement représente une deuxième chance pour le personnel politique en cour sous l’ancien régime de siéger dans la prochaine Assemblée après des élections dont la date n’a pas encore été annoncée.

Selon l’arrêt de la Cour, environ un tiers des députés auraient été élus illégalement, rendant «  la composition de la chambre illégale ». Celle-ci ne peut donc « pas légalement être maintenue », rapporte l’agence officielle de presse égyptienne.

Cette décision, si elle représente pour de nombreux Egyptiens, un déni flagrant de la révolution, est néanmoins cohérente avec la récente validation de la candidature d’Ahmed Chafik, dernier Premier ministre d’Hosni Moubarak, qualifié pour le second tour du scrutin présidentiel.

Une chance pour les courants politiques de la révolution

Perçue comme une manipulation de l’ancien régime et de l’armée, la nouvelle pourrait également représenter un signe d’espoir pour les nombreuses communautés et familles de pensées, balayées par la vague islamiste lors des dernières législatives. Les courants libéraux, issus de la révolution, les mouvements de travailleurs, mouvements laïcs et représentants de la communauté copte étaient en effet largement sous-représentés dans l’Assemblée égyptienne.

Un nouveau scrutin permettra notamment la formation d’une nouvelle Assemblée constituante. La précédente avait été boycottée par de nombreux membres, qui accusaient les islamistes de vouloir rédiger une constitution centrée autour de la charia.

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