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Ces indétrônables monarques du XXIème siècle

[image:1,l]Si le Royaume-Uni célèbre avec une ferveur toute particulière le jubilé de la reine Elizabeth II, les soixante ans de règne de la reine ne sont pas moins symboliques dans les pays dans lesquels la reine des Britanniques est également souveraine.

Le Commonwealth, plus grande monarchie du monde

Le terme de « chef d’État » est informel, pourtant, Elizabeth II reste symboliquement reine du Commonwealth, agglomérat composé de 16 États indépendants. Si Elizabeth II n’a pas de pouvoir réel dans ces régions, elle est partout représentée par un gouverneur général, désigné sur place de différentes manières. Ainsi, l’image de la Reine Elizabeth, et à travers elle, celle du Royaume-Uni, y est incarnée en Australie, aux Bahamas, à la Barbade, à Antigua et Barbuda, à Belize, au Canada, à Grenade, en Jamaïque, en Nouvelle-Zélande, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, à Saint-Christophe et Niévès, à Sainte-Lucie, à Saint-Vincent et les Grenadines, aux îles Salomon et à Tuvalu. Autant de territoires qui composent la plus grande monarchie du monde.

Les consensus des monarchies constitutionnelles

Si de nombreux régimes monarchiques ont aujourd’hui cédé leur place à des Républiques ou régimes similaires. Les dirigeants de la communauté internationale comptent encore parmi leurs membres, 45 monarques.

Au fil de l’Histoire et de l’essor des démocraties modernes, les régimes constitutionnels sont venus se substituer au pouvoir du souverain. La plupart des monarchies sont donc constitutionnelles et les monarques ont, la plupart du temps, un rôle mineur, voire représentatif à la tête d’un État dirigé par un gouvernement et un Parlement.

Un régime appliqué de l’Asie à l’Union européenne

Le Cambodge fonctionne ainsi. Depuis la Constitution de 1993, ce royaume asiatique est une monarchie constitutionnelle, à la tête de laquelle un souverain représente la nation. Si celui-ci appartient à la famille royale, il ne siège pas automatiquement à la tête de l’État. C’est le Conseil du Trône, composé de neuf membres qui choisit son souverain parmi tous les membres de la famille royale.

Plus au Nord, l’Empire du Japon a également adopté une forme constitutionnelle. Le titre de souverain se transmet par le sang et c’est la Maison de Yamato qui dirige l’île depuis 1889 mais ce n’est qu’en 1947 que les pouvoir du souverain ont été transférés à un Parlement composé de deux chambres indépendantes. Aujourd’hui, le roi n’a qu’un rôle honorifique au Japon.

L’Union européenne est composée de quelques monarchies constitutionnelles qui ont su traverser l’Histoire malgré les révolutions. Le Royaume de Suède en est un parfait exemple. Si le roi Carl XVI Gustaf est officiellement à la tête de l’État, représentant d’une monarchie vieille d’un millénaire, c’est le ministre d’État, Fredrik Reinfeldt, qui tient les rênes du pouvoir. Depuis la Constitution de 1975, le roi n’est plus que le représentant formel de l’État suédois. Le peuple est néanmoins très attaché à son monarque, symbole et héritier de l’Histoire du pays.

Cinq monarques absolus du XXIème siècle

Les monarchies absolues se font plus rares au XXIème siècle. On en compte cinq, parmi lesquelles figurent l’Arabie-Saoudite, le Sultanat d’Oman, l’Émirat du QatarBruneï (membre du Commonwealth) et le Swaziland.

Le roi Mswati III règne en maître sur le petit Swaziland du Sud de l’Afrique. Régulièrement condamné par les associations de défense des droits de l’Homme, le monarque concentre  tous les pouvoirs, les partis politiques sont interdits, ou considérés comme des associations. En 2006, une nouvelle Constitution, accordant plus de pouvoir à Mswati III, est entrée en vigueur. La succession au trône n’est néanmoins pas régie par le roi, la famille royale choisit une des femmes du roi au pouvoir, afin que celle-ci devienne la « grande épouse », celle-ci ne doit avoir eu qu’un fils du roi, qui succèdera alors à son père.

Monarchie, religion et Histoire

En Arabie Saoudite, une monarchie islamique dirige le pays depuis la création de l’État en 1932. Six monarques, de la famille Saoud, se sont succédés à la tête du pays dont la Constitution a été rédigée sur la base du Coran et de la Sunna.

Voisin de l’Arabie Saoudite, le Qatar est également dirigé par une tribuHamad bin Khalifa al-Thani est l’émir officiel mais dirige le pays avec de nombreux membres de sa famille depuis l’indépendance du pays, en 1971. Si le Qatar est une monarchie absolue dans les faits, il semble que les institutions tendent à se libéraliser depuis les années 90.

La monarchie, sous toutes ses formes, est un modèle utilisé dans un quart des pays du monde. S’il apparaît parfois désuet, il est lourd de symbole et témoigne véritablement de l’attachement des populations à leur Histoire et à leurs cultures. S’il ne fallait qu’un exemple, l’engouement des Britanniques à l’occasion du jubilé de la Reine Elizabeth II, est frappant et révélateur d’une forme de continuité des institutions, au-delà des mandats et des élections.

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