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La commission électorale retarde l’annonce des résultats

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Alors que la commission électorale égyptienne n’a pas rendu son verdict, les deux candidats en lice pour devenir le nouveau président revendiquent tour à tour la victoire.

Les candidats revendiquent chacun la victoire

Le premier à se proclamer président a été Mohamed Morsi, candidat des Frères musulmans, le soir même du deuxième tour de la présidentielle, le 17 juin dernier. Il prétendait avoir recueilli pas moins de 52,5% des voix.

Quelques heures après, son adversaire, le général Ahmad Chafik, dernier Premier ministre d’Hosni Moubarak, déclarait également avoir eu des informations selon lesquelles le scrutin le donnait vainqueur à 51,5%.

« Je suis confiant, sur la base de données et indications dont nous disposons, je serai le futur président, » a encore prétendu Ahmad Chafik, jeudi 21. Annonce confirmée quelques heures plus tard par son porte-parole, Ahmed Sarhane, « nous sommes certains que le prochain président de l’Egypte est le général Ahmad Chafik. »

De nombreuses irrégularités signalées

Alors que les résultats devaient tomber jeudi 21 juin, la commission électorale a préféré retarder cette annonce pour examiner les très nombreux recours en irrégularités qui ont été présentés par les deux candidats depuis la clôture du scrutin.

Après avoir commencé à examiner les recours des candidats, mercredi 20 juin, la commission électorale a fait savoir, dans un communiqué, qu’elle aurait besoin de « plus de temps avant de pouvoir annoncer des résultats définitifs. »

« La commission électorale, dirigée par le juge Farouk Sultan […] a décidé de reporter l’annonce des résultats du second tour, » a confirmé plus tard l’agence de presse officielle Mena.

L’incertitude est totale et l’anxiété monte chez de nombreux Egyptiens pour qui choisir entre Ahmad Chafik ou Mohamed Morsi revenait à opter entre la peste et le choléra.

L’état de santé d’Hosni Moubarak complique la situation

Pour compliquer encore le climat politique égyptien, l’état de santé d’Hosni Moubarak est également au cœur de tous les débats.

Donné pour « cliniquement mort » deux jours après le scrutin, l’ancien président égyptien serait actuellement toujours dans le coma, sous assistance respiratoire, à la suite d’une attaque cérébrale. Après avoir été placé en détention dans la prison de Tora, dans le sud du Caire, Hosni Moubarak, 84 ans, a été transporté dans un hôpital militaire, à la demande de sa famille.

Ce climat de tension intervient à un moment où l’Egypte joue véritablement son avenir. Pourtant, si l’enjeu principal des jours à venir aurait dû être l’annonce du nom du prochain président, de nouveaux rebondissements sont venus bouleverser la configuration de l’élection présidentielle.

En effet, l’armée, au pouvoir depuis la chute d’Hosni Moubarak et fermement attachée à ses privilèges, après avoir accepté de transférer le pouvoir à une autorité civile, est en train de préparer la suite des évènements en renforçant son pouvoir. Un pouvoir qui sera, de toute évidence, largement supérieur aux prérogatives qu’aura le prochain président.

L’armée en profite pour mener son coup d’Etat

Par une suite d’annonces successives, l’armée a réussi à bouleverser la construction politique de l’Egypte de ces derniers mois.

A la veille du deuxième tour de l’élection présidentielle, vendredi 15 juin, le Conseil suprême des forces armées (CSFA) a tout d’abord décidé de dissoudre l’assemblée en mettant en cause l’illégalité des conditions d’élection d’un tiers des députés. L’armée s’est ainsi emparé du pouvoir législatif, par intérim, en attendant de prochaines élections.

Au soir du deuxième tour, dimanche 17 juin, le CSFA a ensuite publié une « déclaration constitutionnelle » qui lui accorde de nombreux pouvoirs, notamment ceux d’avoir un droit de regard sur la constitution de l’assemblée constituante, un droit de véto sur la constitution et l’indépendance de son budget.

Dans ce contexte, si le nom du président élu se fait attendre, son pouvoir, largement réduit, ne permettra pas un changement radical de la situation politique et du rapport entre les forces en présence en Egypte. Il se pourrait que la page de la révolution tarde encore à se tourner.

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