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Le désert de Judée se transforme en scène d’opéra

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Comment les membres des classes aisées aux passions ésotériques choisissaient de passer leur temps libre ? Voici un élément de réponse…

5 000 personnes dans le désert

Si vous vous trouviez sur la l’autoroute du nord de Jérusalem, la semaine dernière, vous auriez remarqué la présence de 5 000 personnes, confortablement installées dans de luxueux sièges installés provisoirement, dans la nuit noire et chaude du printemps israélien.

En face, un paysage lunaire, surréaliste de rochers et de dunes, et au loin le sommet plat d’une montagne, surmonté d’une forteresse.

Et ici, au milieu de nulle part, la soirée commence.

Un vieux village espagnol est reconstitué. Un clairon annonce le début des festivités depuis une crête basse et sablonneuse, des officiers en grande tenue sur de grands chevaux entrent en scène. Les airs d’un célèbre opéra commencent à résonner :Un opéra, au milieu du désert, joué par un orchestre caché dans sa fosse, dont le son, résonnant dans la nuit, confère une dimension toute particulière à l’œuvre.« Carmen » une oeuvre de Georges Bizet, a été mise sur pied cette année, par l’Opéra d’Israël, pour une foule de privilégiés, des passionnés d’opéra, et, en particulier, d’opéra à la belle étoile. Ces gens voyagent partout dans le monde, de Lucerne à Vérone et Santa Fe et désormais jusque dans le désert de Judée, à la recherche d’un frisson culturel tout particulier.

Un spectacle féérique dans un lieu imprégné d’histoire

La montagne qui sert de décor de fond est vraiment réelle. Massada est un plateau rocheux isolé sur lequel Hérode le Grand construisit une série de palais fortifiés dans lesquels il se serait réfugié juste avant l’ère de Jésus Christ.

Cet endroit est devenu célèbre pour avoir accueilli les Sicaires, ces juifs extrémistes dissidents, alors qu’ils tentaient d’échapper à l’invasion de la Légion romaine. En 73, après avoir résisté pendant trois ans aux forces romaines, les Sicaires, près de 1 000 personnes, ont préféré la mort à la reddition et ont choisi le suicide collectif. Aujourd’hui, ce site contient encore certains vestiges de la légion romaine très bien préservés.

« Un véritable étonnement »

Si vous suivez le circuit  des opéras extérieurs d’été, c’est ici que vous devriez vous trouver l’année prochaine, pour assistez à l’œuvre de Giacomo Puccini, « Turandot ».

Victor Faux, président des Amis britanniques de l’Opéra d’Israël, est admiratif devant cette mise en scène en plein air, qui lui procure un « bonheur total ». Il est particulièrement transporté par le jeu de va-et-vient sur scène de cette jeune Israélienne de 29 ans qui joue le rôle de Carmen, Na’aman Goldman, qui remplaçante, au dernier moment, de la star italienne Anna Malavasi, tombée malade, le soir de la première.

« C’est un spectacle tout simplement magnifique. La complexité qui se dégage du spectacle. 300 personnes sur scène. La manière avec laquelle l’opéra a été intégré au paysage naturel. C’est toujours un véritable étonnement. » explique-t-il.

Si vous voulez une acoustique parfaite, restez chez vous

Les critiques israéliens ont pourtant immédiatement attaqué cette initiative, notamment en raison de la piètre qualité acoustique, perturbée par les bruits d’un public peu respectueux d’un silence difficile à observer en plein air.

« Si vous cherchez une acoustique pure, n’allez pas à l’opéra » déclare Victor Faux, un homme qui ne mâche pas ses mots. « Vous restez chez vous avec votre son en stéréo. Les gens apportent leur téléphone portable à l’opéra, Dieu nous garde. Si vous assistiez à un opéra en plein air au Royaume-Uni, des avions voleraient au-dessus de la scène avant d’atterrir ou après avoir décollé de l’aéroport d’Heathrow, il pourrait tout aussi bien pleuvoir. Honnêtement, le seul élément médiocre dans ce spectacle, ce n’est pas la qualité de l’acoustique mais la qualité des critiques israéliens. »

Il y a une longue tradition -toujours pratiquée en Italie, où, d’ailleurs, Victor Faux estime que certains de ces critiques devraient se rendre pour un cours de perfectionnement– de « musique extérieure accessible et populaire. C’est exactement ce que l’opéra aurait toujours dû être ! »

Global Post / Adaptation Sybille de larocque – JOL Press

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