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Le G20 met la pression sur les pays européens

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Le septième sommet du G20 s’ouvre lundi 18 juin dans la station balnéaire de Los Cabos au Mexique. Un nouveau temps fort de la lutte contre la crise économique et financière après Cannes en novembre 2011 et Toronto en 2010. Cette année, le président mexicain Felipe Calderon, dont le successeur sera élu le 1er juillet, remplace Nicolas Sarkozy dans le rôle de maître de cérémonie. L’année prochaine, ce sera autour de Vladimir Poutine, en Russie, d’accueillir ses partenaires internationaux.

Deux jours de discussions intenses entre les dix-neuf plus grandes puissances économiques du monde et les représentants de l’UE sont au programme, ces 18 et 19 juin.

Le G20 est un rendez-vous annuel international dont le site officiel rappelle les trois grands objectifs : coordonner les politiques économiques afin d’apporter croissance et stabilité durables, résoudre ou éviter les crises par de nouvelles régulations financières et envisager un nouveau cadre financier adapté aux besoins du moment.

L’UE sous pression

Cette année, plus encore que les précédentes, tous les yeux seront rivés sur l’Union Européenne dont la stabilité financière de l’économie mondiale dépend largement. La crise de l’euro et des dettes publiques européennes a des répercussions sur tous les pays du monde, interconnectés sur le plan financier. Le président américain Barack Obama l’avait rappelé dans une conférence de presse organisée à la Maison Blanche le 8 juin : « Nous sommes face à une économie globale désormais et ce qui se passe à un endroit peut avoir un impact sur d’autres, » avait-t-il constaté. « La bonne nouvelle est qu’il y a une solution à ce défi. Ces décisions sont entre les mains des leaders européens. »

Les pays émergents accablent les dirigeants européens

Ce week-end, les dirigeants chinois et indiens ont, eux aussi, invité l’Union européenne à prendre ses responsabilités sur un ton laissant percevoir une certaine impatience, voire même du ressentiment.

L’AFP a rapporté les mots du président chinois, Hu Jintao, qui récapitule les objectifs du G20. Ce dernier a affirmé que les pays du G20 devaient travailler ensemble à résoudre la crise européenne « de manière constructive et coopérative, en encourageant et en appuyant les efforts de l’Europe elle-même, afin de donner conjointement des signaux de confiance aux marchés. » Selon lui, la conjoncture économique actuelle contient encore « des facteurs d’instabilité et d’incertitude qui menacent le rétablissement de la situation et qui se traduisent par une insuffisance de la demande globale, la faible croissance des principales économies et les grandes difficultés des différents pays à se concerter sur leurs politiques macro-économiques. » Enfin, a-t-il dit, « des efforts ardus sont nécessaires pour aboutir à un développement vigoureux, durable et équilibré de l’économie mondiale. »

Dans une autre déclaration relatée par Le Figaro, le gouvernement chinois va plus loin dans la critique de la gestion de la crise par les pays européens, en particulier la France et l’Allemagne, dont la coopération est indispensable : « L’Allemagne et la France, les deux moteurs économiques de la zone euro, devraient peut-être mettre de côté leurs différences politiques, renforcer leur coopération bilatérale et jouer un rôle plus important. » Et plus loin, il ajoute : « L’Europe doit avoir conscience d’être dans le même bateau. »

Le premier ministre indien, Manmohan Singh, dans des propos rapportés par le même Figaro, a appelé les dirigeants européens à « mener une action ferme pour résoudre les problèmes financiers », allant même jusqu’à affirmer que le ralentissement de la croissance en Inde était en partie dû à la crise de la dette en Europe.

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Angela Merkel, seule et contre tous ?

La position d’Angela Merkel, la chancelière allemande, fervente partisane de l’austérité, sera donc testée. Le Figaro a relaté les propos qu’elle a tenu à la veille du G20. Ceux-ci montrent qu’elle semble conserver les mêmes convictions économiques. Elle dit ne pas vouloir de « relance à crédit » et, face aux accusations adressées à l’UE, qu’elle prend presque personnellement, elle veut éviter que l’on « stigmatise » la zone euro, « qui ne porte pas seule la responsabilité de la croissance mondiale. »

Mais, cette fois-ci, elle apparaît de plus en plus isolée face à une alliance en cours d’approfondissement entre l’Italie et la France, qui se retrouvent sur la position américaine, favorable à la relance de l’économie et à la création d’emplois, souligne Le Monde.

Le rôle de la France

La France sera aussi attendue au tournant : certains souhaitent que François Hollande mette en avant des positions fermes sur les politiques d’austérité. L’avenir du duo franco-allemand, qui avait été si souvent critiqué sous la présidence de Nicolas Sarkozy, est donc en jeu.

De manière plus symbolique, le président français devra aussi faire ses preuves lors de la seconde réunion internationale à laquelle il assiste. En mai dernier, au G8 à Chicago, François Hollande avait brillé par son absence lors du discours de Barack Obama et son professionnalisme sera donc testé à Los Cabos.

Réforme du FMI: l’enjeu pour les BRICs

Le gouvernement chinois a rappelé sa volonté d’accroître le rôle des pays en développement dans la gouvernance financière mondiale : « une plus grande coopération entre les pays en développement bénéficiera à la multipolarisation et à la globalisation économique du monde, ce qui est favorable à la paix, à la stabilité et au développement au niveau planétaire ». La Chine soutient pour l’instant la position de la Russie, de l’Inde et du Brésil qui ne veulent pas participer au financement du plan de consolidation du FMI (Fonds Monétaire International), si la gouvernance de ce dernier n’est pas réformée.

Le FMI souhaite un apport supplémentaire de 600 milliards de dollars, dont 363 ont déjà été promis par le Japon, le Mexique, les pays scandinaves et la Suisse. Mais ce serait insuffisant pour réellement renforcer la capacité d’action du FMI. Alors que les Etats-Unis et le Canada ont annoncé qu’ils ne verseraient pas un centime, la Chine est la seule économie encore capable d’influer et il sera intéressant de découvrir cette décision à l’issue du G20.

Régulations financières envisagées et autres enjeux 

Afin de réduire l’impact de la crise de l’euro sur les économies mondiales, les Etats-Unis devraient être fidèles à leur volonté d’augmenter la demande interne dans les pays comme la Chine, qui sont en excédent commercial, afin de réduire leur dépendance au marché européen.

Autre sujet qui sera sûrement abordé, la manipulation des taux de change, point de désaccord récurrent entre la première puissance mondiale et son principal concurrent asiatique, qui profite de la sous-évaluation de sa monnaie, le yuan, pour augmenter sa compétitivité.

Le protectionnisme devrait aussi être dénoncé. Le repli sur soi n’est pas une solution durable face à la contagion financière. L’Argentine de Cristina Fernandez de Kirchner sera sûrement visée puisque la présidente a annoncé des politiques de nationalisations de l’industrie pétrolière alors qu’elle s’aventure, lentement mais sûrement, dans la voie du populisme.

Enfin, le réchauffement climatique devrait être au cœur des débats. Le président mexicain est particulièrement impliqué dans la lutte environnementale – et le sommet Rio+20 doit s’ouvrir au Brésil mercredi 20 juin.

L’un des grands défis de ce G20, et de ceux qui suivront, est de parvenir à élaborer un nouveau cadre financier global durable, qui permettrait d’assurer la croissance sur le très long terme, avec des effets positifs pour les générations futures.

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