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Le Vatican mis à mal par des scandales financiers

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Un siège pas si saint que ça

Toute personne ayant une connaissance même minime de la Bible sait que l’homme riche et puissant mène un dur combat pour être accepté au ciel.
Et bien non, semble déclarer les gens du Vatican. Avec la richesse et l’influence inversement proportionnels à la place qu’il prend à Rome, le Saint-Siège a longtemps été accusé d’utiliser son pouvoir afin de dissimuler de sombres relations et de sinistres complots. 

Grâce à une nouvelle culture journalistique de « titres à scandale », détaillant des allégations de corruption, la mainmise sur le pouvoir, et le népotisme au sein des murs du Vatican, ses fonctionnaires ont désormais bien du mal à expliquer leurs activités dans le monde des « mortels ».[image:7,l]

Ce n’est bien sûr pas seulement une lutte ecclésiastique. La réputation du Vatican dans le monde de la finance internationale est également en jeu. Une notion devenue de plus en plus en plus importante, alors que des millions de fidèles font face à la récession économique mondiale.

Le Saint-Siège a pourtant déclaré qu’il s’efforçait de nettoyer sa banque, l’Institut pour les Oeuvres de Religion (IOR), afin de faire partie de la « liste blanche » des pays qui prennent les mesures suffisantes pour lutter contre le blanchiment » d’argent et la fraude. L’IOR devra en faire partie le mois prochain, si elle respecte les normes établies par la Commission Européenne. Une décision qui devrait faire grogner certains, après la divulgation d’un scandale au sein du Vatican, ainsi qu’un appel du département américain de surveillance du blanchiment d’argent.

Des documents qui plongent le Vatican dans la tourmente

Se refaire une « sainteté » risque d’être difficile pour cet Etat connu pour son opacité. Protégé par un manteau de secret, on ne peut réellement deviner la richesse du Vatican. Des estimations prudentes de l’Institut pour les Œuvres de Religion évoquent 4 milliards de dollars en dépôt. De nombreuses rumeurs ont circulé sur l’Institution à travers les années. On déclare çà et là que les travaux de peinture du Vatican auraient permis des fraudes, que l’argent des nazis ou de la mafia italienne aurait été blanchi par l’intermédiaire du Saint-Siège. De l’argent sale, lavé à l’eau bénite qui n’a pas aidé la cote de popularité du Vatican ces derniers temps…[image:2,l]

Certaines de ces rumeurs sont clairement ancrées dans la réalité. Les administrateurs, connus sous le nom de la Curie, n’ont pas encore démenti les allégations qui ont émergé après les récentes fuites de documents sensibles, dévoilés par le majordome du pape. Le scandale, que la presse appelle désormais « Vatileaks » (en référence au site  de Julian Assange), met en cause la disparition et le meurtre d’une fille de 15 ans, soupçonnée d’avoir été enlevée par un parrain de la mafia et enterrée dans un tombeau du Vatican il y trente ans de cela.

Allègement du personnel

Les nombreux incidents de violence envers les enfants, souvent perpétrés par des membres du clergé, et couverts par l’Eglise catholique n’ont pas aidé à restaurer son image.

C’est peut-être pour cette raison que le Vatican a licencié Ettore Gotti Tedeschi, le dirigeant de l’IOR, pour « manquement au devoir et échec à maintenir la vitalité de la banque ». Gotti Tedeschi avait récemment dévoilé les conclusions d’une enquête de blanchiment par la police financière italienne, qui avait obtenu la saisie de comptes appartenant au Vatican. Une somme estimée à 31 millions de dollars.[image:3,l]

Des allégations un temps rejetées, mais ravivées par le souvenir d’un scandale de corruption reliant le Vatican à la Banque Ambrosiano. Roberto Calvi, le patron de cette dernière avait été retrouvé pendu le 17 juin 1982 au pont de Londres, visiblement victime d’un tueur à gages.

Dans une tentative de résolution de ces problèmes de relations publiques, Benoît XVI a écrit une dépêche à ses églises sur la nécessité d’une morale financière accrue. Il a également publié des décrets créant une agence de surveillance financière, afin de surveiller entre autre l’IOR et les finances du Vatican.
La semaine dernière, il s’est également attaqué aux médias, qui ont fait les gros titres de cette histoire. « Ce sont des rumeurs amplifiées gratuitement, offrant une image du Saint-Siège qui ne correspond pas à la réalité » a t-il déclaré.[image:4,l]

Des luttes intestines mises en lumière

Mais les observateurs expliquent que, bien que le Pape tente actuellement d’aborder les problèmes auxquels est confronté le Vatican, celui-ci en est lui-même partie prenante, malgré lui. Sa volonté de réforme a déclenché des batailles intestines, et « Vatileaks » a été utilisé comme une arme.

Une des principales cibles des fuites  pourrait être le cardinal Tarcisio Bertone, Premier ministre du Vatican. Les critiques l’ont accusé de népotisme, mais aussi de vouloir éviter les initiatives anti-corruption. D’autres y voient un autre objectif : discréditer et chasser le pape.[image:6,l]

« Le Vatican entre dans une nouvelle ère de médias » a déclaré à France 24, Alberto Romagnoli, un correspondant italien de la Rai TV. « Ils ont toujours réglé leur affaires entre eux, derrière des portes closes. Aujourd’hui quelqu’un ouvre la porte. Et certaines personnes veulent un nouveau pape. »

Plan de restructuration à l’allemande

 Alberto Romagnoli a aussi suggéré que Benoit XVI, désormais âgé de 85 ans – un an de plus que son prédécesseur Jean Paul II lorsqu’il est décédé en 2005 – n’a pas l’endurance ou la volonté de s’engager dans une gestion au jour le jour du Vatican, et ne peut pas suivre le rythme de l’évolution de la nouvelle ère numérique.

C’est d’ailleurs un pontife fatigué qui s’est adressé à ses détracteurs la semaine dernière : « Les événement des derniers jours au sujet de la Curie et de mes collaborateurs m’ont apporté beaucoup de tristesse » en ajoutant qu’il voulait « renouveler sa confiance » à ceux qui travaillent à ses côtés.
Mais juste au cas où ceux qui travaillent avec lui ne pouvaient être dignes de confiance, le pape envisage le recrutement d’un compatriote à l’extérieur du Saint-Siège. Ainsi, Hans Tietmeyer, l’ancien chef de la Bundesbank pourrait prendre la tête de l’IOR. [image:5,l]

Une telle mesure contribuerait à redresser la réputation du Vatican. Mais les théoriciens du complot risquent d’y voir là une union entre la puissance économique de l’Allemagne et la puissance religieuse de l’Eglise.
Et comme vous le diront de nombreux pays d’Europe, des liens plus étroits avec l’Allemagne pourrait bien ouvrir la voie à un mot d’ordre nouveau au Vatican : l’Austérité.  Un terme impopulaire certes, mais qui ne devrait pas avoir de mal à fouler les portes du paradis.

Global Post-Adaptation Henri Lahera pour JOL Press

 

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