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L’Extrême-droite prospère sur les angoisses des populations

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Le système électoral en question

S’il est vrai que le système électoral peut influencer le succès d’un parti, il ne suffit pas à l’expliquer. En effet, en France, le FN a plus d’une fois démontré que malgré un système électoral majoritaire, un parti extrémiste pouvait être un véritable acteur de la scène politique. Il est certain qu’un système avec listes proportionnelles, comme cela est le cas dans la majorité des pays européens, devrait laisser plus de chances à un parti de la Nouvelle Extrême Droite (NED) de faire partie du Parlement ou même d’une coalition. Mais, là encore, l’Allemagne est un contre-exemple, car les listes proportionnelles n’ont pas permis aux partis d’Extrême-droite, tels que le REP ou le NPD de récolter suffisamment de votes pour influer sur la politique nationale. Seules quelques places dans les Assemblées des Länders (régions) leur ont été attribuées. 

L’immigration, un enjeu fantasmatique, décollé de la réalité 

Pour ce qui est de l’immigration, s’il est un thème récurrent dans tous les discours des partis de la Nouvelle Extrême-droite, il est impossible d’établir une corrélation directe entre le niveau d’immigration d’un pays et le succès de l’Extrême-droite. En effet, l’Allemagne et le Royaume-Uni sont les deux pays qui attirent le plus d’immigrés avec la France, et pourtant ce sont aussi deux pays où l’Extrême-droite reste un courant assez marginal. 

La situation économique et la culture politique

Qu’en est-il de la situation économique du pays ? Influence-t-elle beaucoup le vote d’Extrême-droite, vote souvent considéré comme protestataire ou désespéré ? Le lien n’est pas direct. Ainsi, la crise économique a touché tous les pays européens au même moment et pourtant, les écarts de succès pour la NED sont énormes. En Espagne, par exemple, il n’existe pas de parti d’Extrême-droite prééminent, malgré un bagage historique avec la dictature franquiste, et un chômage avoisinant les 25%, le pourcentage le plus élevé de la zone euro. La culture politique n’est donc pas non plus un argument valable. En effet, la Suisse, les Pays-Bas et la Norvège ont des cultures d’accommodation, même de tolérance, et pourtant l’Islamophobie s’y fait lourdement ressentir.

Le populisme et ses peurs primaires

Alors, quid des hypothèses socio-culturelles ou des explications empiriques ? Si aucune d’entre elles n’est réellement satisfaisante, c’est parce que le vote pour l’Extrême-droite n’est pas fondé uniquement sur des arguments rationnels, mais aussi sur l’émotion. L’Extrême-droite s’apparente au populisme , dont la sratégie se nourrit des anxiétés et du manque d’éducation de certaines populations, pour leur servir un discours réconfortant, faisant des amalgames entre le chômage et l’immigration par exemple, alors qu’aucune preuve empirique ne peut soutenir la moindre corrélation.

Cherche homme d’âge moyen, peu éduqué en situation précaire…

Le profil des électeurs des partis d’Extrême-droite a été établi par des sondages. Il en ressort que ce sont majoritairement des hommes, d’âge moyen, de classe moyenne, peu éduqués, souvent en situation précaire, et vivant hors des centre-villes. Ces hommes sont des proies parfaites, attentives aux discours extrémistes : « vous êtes au chômage, ce n’est pas de votre faute, ce n’est pas une nécessité conjoncturelle… mais c’est parce qu’un autre a pris votre place ». Ces discours simplificateurs jouent sur l’émotionnel et fustigent certaines catégories de la population au profit d’autres, en créant un climat de peur et de jalousie injustifié. Ils résonnent avec une particulière acuité chez les personnes en mal de reconnaissance.

>>Retour à l’accueil du dossier : La montée de l’Extrême-droite en Europe est-elle une fatalité ?

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