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En Kapisa, retrait anticipé ou précipité?

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Un retrait retardé mais toujours anticipé

L’une des promesses électorales de François Hollande est en cours d’accomplissement. Les forces françaises ont transféré ce mercredi 4 juillet la région de la Kapisa aux troupes de l’Armée Nationale Afghane (ANA), étape essentiel dans le retrait des troupes promis avant le 31 janvier 2012. Si le planning devrait prendre du retard, environ 6 mois, la date de retrait restera avancée par rapport à celle fixée par Nicolas Sarkozy.

Dans le cas de la Kapisa, ce sont ainsi 1000 soldats (soit un peu moins de 30% des forces françaises en Afghanistan) qui quittent progressivement une région difficile, où la situation s’était aggravée ces derniers temps. La zone est stratégique dans le contrôle du pays, mais les vallées montagneuses situées à la frontière pakistanaise servent à la fois de point de passage et de camps retranchés pour les insurgés. Une épine constante dans le pied de la Coalition.

C’est d’ailleurs la multiplication des attaques meurtrières à l’encontre des soldats français dans la région qui avaient incité Nicolas Sarkozy à avancer le retrait des troupes françaises de fin 2014 à fin 2013. Insuffisant pour le nouveau président de la République.

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Mission accomplie ?

Mais cette surenchère de la part de François Hollande est-elle dénuée de risques ? Le plan originel, qui prévoyait donc un retrait français au 31 janvier 2013, était basé sur un transfert de la région à l’ANA, qui peut normalement compter 4000 soldats et 2000 policiers pour assurer la paix dans la région.

Seulement, l’armée française ne semble pas avoir suffisamment sécurisé la Kapisa pour que les troupes afghanes puissent en assurer un contrôle satisfaisant. L’OTAN le sait, comme d’ailleurs les politiques et militaires afghans à titre officieux, et réfléchit à des solutions alternatives pour que ce retrait anticipé n’ait pas de conséquences regrettables pour la sécurité régionale.

La première solution serait de déployer des troupes de la Coalition en Kapisa pour compenser le départ des forces françaises et aider l’ANA à assurer sa mission. On parle ainsi de forces de réaction rapide, petites brigades à déployer ponctuellement et rapidement, qui permettraient de « dépanner » les Afghans en cas d’urgence, mais qui ne compenseraient pas cependant le départ des Français.

Par ailleurs, le déploiement de ces unités constituerait un camouflet pour l’armée française, tant ce serait la reconnaissance de l’échec de sa mission dans la région. Et donc, la reconnaissance du caractère précipité du retrait. A cela enfin, il faut ajouter que ces forces de la Coalition manqueront probablement ailleurs.

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La deuxième solution serait d’envoyer des « conseillers militaires » auprès des troupes de l’ANA, un peu comme faisaient les Américains avec l’armée sud-vietnamienne durant la Guerre du Vietnam. Ceux-ci seraient chargés de conseiller et d’entraîner les militaires afghans, mais ne participeraient théoriquement pas aux combats.

Enfin, en dernier recours, l’OTAN devra se résoudre à croiser les doigts et à laisser les forces afghanes contrôler, seules, cette région pleine de tensions et fondamentalement instable. Si les choses se passent bien dans ce cas de figure, ce sera en revanche une reconnaissance de fait du travail des soldats français. Mais même ces derniers nourrissent de sérieux doutes.

Malgré l’ambiance festive de la passation de pouvoir entre militaires français et afghans, il est incontestable qu’une inquiétude sourde se mêle à la joie et au relatif sentiment de devoir accompli.

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