Site icon La Revue Internationale

L’Italien Mario Balotelli, nouveau chouchou d’Israël

balo_italien.pngbalo_italien.png

[image:1,l]

Le fils adoptif prodigue d’une maman juive

Finalement, le rêve de l’Italie de remporter un nouvel Euro ne deviendra pas réalité. Les Azzurri se sont inclinés 0-4 face à l’Espagne en finale.

Mais entre-temps, Mario Balotelli, l’attaquant vedette de la Nazionale, co-meilleur buteur du tournoi, avec notamment un doublé de classe face à l’Allemagne, est enfin devenu la star internationale que tous ses fans attendaient.

Et, à la surprise générale, il est également devenu le nouveau chéri d’Israël, qui n’a pas, il faut dire, de grand footballeur à vénérer. Alors il faut bien s’en inventer.

Comment ? Et bien il s’avère que « Super-Mario », fils d’immigrés ghanéens adopté par une famille italienne, international italien qui a dû attendre ses 18 ans pour obtenir la nationalité transalpine, a  « quelque chose de juif en lui. »

« Il est l’un des nôtres » déclare ainsi le célèbre commentateur de télévision Motti Kirschenbaum. « A partir de maintenant, ce n’est plus Mario. Nous l’appellerons Meyer. » Le sulfureux buteur de Manchester City se serait-il soudainement converti au Judaïsme ? Lui demande-t-on seulement son avis ?

Pas le moins du monde. En fait, comme pour tous les garçons juifs, la mère du joueur serait juive. La mère adoptive, en l’occurrence.

[image:2,l]

Beaucoup ont été marqués par cette scène où le jeune attaquant de 21 ans se précipite, ivre de joie, vers sa mère, une petite « mama » italienne en pleurs, au terme de la demi-finale victorieuse face à la Mannschaft. « Ces buts sont pour toi Maman ! » lui déclare-t-il alors en la couvrant de baisers.

Dans les médias, Mario Balotelli ne cache pas son bonheur : « J’ai attendu ce moment tellement longtemps. En plus, ma mère n’est plus toute jeune et a du mal à voyager. Etant donné tout le trajet qu’elle a fait pour venir me voir, je me devais de la rendre heureuse. »

Le chouchou de la presse israélienne

Mais si la scène a fait son petit effet, elle a pris des proportions gigantesques en Israël, tant il était devenu clair pour certains que le fantasque avant-centre de la Squadra est le fils d’une mère juive.

Le jour de la grande finale, l’international faisait la Une de tous les quotidiens nationaux. « L’UN DES NÔTRES » titrait ainsi le tabloïd Yedioth Acharonoth, tandis que son concurrent, Ma’ariv, affichait lui « La maman yiddish de Super-Mario ».

Chez Haaretz, plus sobre, on titrait simplement « Le fils adoptif d’une maman juive mène son équipe nationale en finale de l’Euro. » Israël n’est peut-être pas un grand pays de football, mais il sait honorer les enfants, même adoptés, d’une maman juive. 

Oui, Balotelli est connu pour être proche de sa mère. Elle lui tenait la main tous les soirs pour l’aider à s’endormir. « Ce baiser n’était pas facile pour lui» a-t-elle déclaré aux médias italiens à l’époque, « parce que, comme toute jeune homme, il est gêné d’embrasser sa maman. »

Mario Balotelli connaît sa famille biologique, les Barwah, mais ils ne sont pas proches. Ils se sont contactés, via les médias, uniquement lorsque le footballeur est devenu très connu. Après qu’ils aient donné une interview où ils sous-entendaient que la famille adoptive du joueur avait de mauvaises intentions [envers lui], Super-Mario a déclaré par Facebook : « Si je n’étais pas devenu la star du football que je suis, jamais ils ne se seraient souciés de mon sort. »

[image:3,l]

La mère adoptive de Mario Balotelli est la fille d’une survivante de la Shoah

Lors d’une visite de la Nazionale au camp de concentration d’Auschwitz, le jeune buteur a confié à ses coéquipiers que sa mère était la fille d’une survivante de la Shoah, et qu’elle gardait sous son lit des lettres dont elle ne voulait pas parler.

Ces confessions tombèrent malencontreusement entre les mains des médias. Certains sites d’extrême-droite s’emparèrent de ces révélations : « En tant que noir et juif, il devrait jouer pour Israël, pas pour l’Italie » écrivait ainsi l’un d’entre eux.

Dans les stades de l’Euro, des insultes antisémites se sont ainsi mêlées de temps à autre, aux cris de singe lancés à l’encontre de l’attaquant. Cesare Prandelli, le sélectionneur italien, est immédiatement monté au créneau pour défendre son joueur, déclarant notamment que le racisme était « un grave problème de société ».

Un lien à la solidité toute relative

En Israël, on semble avoir découvert l’histoire de Mario Balotelli , digne d’un dessin animé Disney,  seulement ces derniers jours. Mais pour les fans juifs italiens, ces faits sont connus de très longue date.

Ainsi, Noa Segre, un salarié du secteur Hi-tech à Jérusalem, suit l’attaquant depuis que ce dernier est ado.

« Bien sûr que je savais [qu’il est juif]. Je suis Italien. » nous dit-il avec une pointe d’impatience. « Tout le monde le sait en Italie, et en particulier les racistes qui l’ont toujours brocardé parce qu’il est noir et parce qu’il est juif. Même quand il jouait tout gamin à l’Inter. Et on est tous au courant pour sa maman juive, qui refusait de le laisser jouer quand il n’avait pas bien travaillé à l’école. »

Lior Shabo, un autre fan vivant à Jérusalem, mais pas italien pour sa part, trouve quant à lui le cirque médiatique autour du joueur de mauvais goût. « Qu’est ce qui se passe enfin ? Tout d’un coup, on en fait des tonnes, alors qu’avant, personne ne le suivait. Et maintenant qu’on sait qu’il est Juif, on fait comme si il était des nôtres ? La semaine dernière, il n’était rien pour nous. Je n’aime pas ça. »

[image:4,l]

Une surenchère médiatique qui ne fait pas l’unanimité

La sœur de Mario, Cristina Balotelli, une ex-journaliste qui est désormais la responsable des relations publiques de son frère, a elle un temps pris des cours dans une école de commerce israélienne. Cette dernière nous assure qu’elle fait tout pour la joindre, et qu’elle nous tiendra au courant. Les Balotelli intéressent bien du monde en Israël désormais.

Qu’en pense l’intéressé lui-même, qui assiste chaque année à la messe de Noël et a toujours revendiqué son italianité, n’ayant jamais voulu devenir le représentant black du multiculturalisme transalpin ? Nul ne sait comment Mario Balotelli considère ce battage médiatique. Ni même s’il lui prête la moindre attention. Mais ce qui est sûr c’est que de cela, nul ne se soucie.

Global Post / Adaptation Charles El Meliani pour JOL Press

Quitter la version mobile