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Service militaire pour les religieux: Benjamin Netanyahou désavoué

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La coalition s’effondre

La large coalition du gouvernement israélien, formée il y a seulement dix semaines, s’est effondrée à cause de la question de la conscription des jeunes hommes ultra-orthodoxes.

Privé de sa large majorité, le gouvernement de Benjamin Netanyahou ne repose plus que sur une fragile majorité de seulement 65 sur les 120 membres de la Knesset (parlement monocaméral d’Israël), ce qui ne laisse présager rien de bon pour cet été qui s’annonce mouvementé.

La majorité en danger

Entre les révoltes sociales naissantes, la droite qui pense déjà aux prochaines élections et le centre qui cherche une ligne directionnelle, Benjamin Netanyahou se voit pris au piège entre deux impératifs politiques incompatibles : la majorité du peuple d’un côté, la minorité religieuse qui lui assure une majorité gouvernementale de l’autre.

Cette union ratée avait été imaginée en mai dernier par deux dirigeants prêts à tout pour ne pas perdre la face.

Un accord entre deux hommes

Benjamin Netanyahou espérait que cette coalition tiendrait jusqu’aux élections de fin 2013. Il avait parié sur la stabilité – et le rôle modéré – du parti centriste Kadima et sur ses 29 sièges parlementaires pour maximiser ses chances.

Shaul Mofaz, un ancien chef d’État-major des forces israéliennes récemment élu à la tête du parti Kadima, comptait quant à lui sur sa présence au gouvernement pour se faire bien voir auprès d’un électorat sceptique. En effet, il n’avait réussi à être élu à la tête de son parti qu’après une lutte acharnée contre son adversaire l’ancienne ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni, dont il n’était sorti indemne.

La Cour suprême change la donne

Mais les deux hommes ont été arrêtés dans leur élan par la Cour suprême d’Israël, qui a déclaré, la semaine même de leur accord, que la loi sur la conscription, votée dans le sens des partis religieux de droite en visant à protéger les jeunes hommes religieux de tout service militaire, était contraire aux Lois fondamentales d’Israël (l’équivalent de notre Constitution).

Un mardi noir pour Shaul Mofaz, qui a dû faire face, ce 17 juillet, à la colère des membres de son propre parti, qui pour la plupart ne souhaitaient pas la coalition décidée par leur leader, qui s’était bien gardé de leur demander leur avis avant de s’allier avec Benjamin Netanyahou, pour beaucoup dans le seul but de gonfler sa notoriété personnelle.

Un parti qui se soulève

Le parlementaire centriste Meir Shitreet a lancé la première pierre, demandant au leader de son parti de quitter le gouvernement au plus vite ou de se préparer à une rébellion.

« Nous n’avons pas notre place au gouvernement », a-t-il pesté dans une émission matinale à la radio israélienne. « Nous n’avons aucune raison de rester. »

Shaul Mofaz, contraint de réunir les membres de son parti de façon urgente, a dû faire face à une majorité d’entre eux (25 sur 29) qui souhaitait quitter le gouvernement.

Des élections anticipées ?

De nombreux experts politiques soulignent que les chances que le gouvernement de Benjamin Netanyahou tienne jusqu’aux élections sont maintenant extrêmement faibles. La chef du Parti travailliste Shelly Yachimovich a immédiatement appelé à des élections anticipées.

« Cette sombre et honteuse union n’a duré que deux mois. Autant Benjamin Netanyahou que Shaul Mofaz se sont illustrés par leur instabilité. J’appelle à la fin de cette mascarade et j’espère que tous deux me rejoindront pour des élections anticipées»

Tzipi Livni, la prédécesseure de Shaul Mofaz à la tête du parti centriste de Kadima, s’indigne contre la tournure que prennent les événements pour le parti : « Cette coalition a été faite dans le péché. Israël mérite le changement, et je vous le promets, le changement viendra. »

Le sort du gouvernement de Benjamin Netanyahou

Le sort du gouvernement de Benjamin Netanyahou a peut-être été décidé il y a deux semaines, lorsque le Premier ministre a décidé seul de dissoudre le comité qu’il avait établi pour résoudre la question du service militaire des jeunes religieux.

Sa décision a été vue comme une capitulation de sa part face aux pressions de ses alliés religieux de droite, qui, même s’ils sont minoritaires, font pencher la balance en faveur de la fragile majorité gouvernementale.

L’historique « défaut de fabrication »

D’un point de vue historique, la chute de cet accord découle du premier « défaut de fabrication » de la nation : un accord établi par David Ben Gurion, le tout premier Premier ministre, qui, en 1948, avait exempté les hommes religieux de tout service militaire, alors à l’international.

Dans un contexte de post Seconde Guerre mondiale, du fait de l’extermination de la quasi-totalité de la communauté juive en Europe et de la grande majorité de pionniers laïcs en Israël, cette mesure était une façon d’inclure la minorité religieuse dans la société. Après 60 ans, la minorité ultra-orthodoxe s’est renforcée, et cette exemption de service militaire est devenue quasiment sacrée pour les religieux et d’autant moins légitime aux yeux des citoyens laïcs.

Des Indignés israéliens

Cette année, la conscription est devenu le point central du mouvement Occupy (qui s’apparente à celui des Indignés), représentant la majorité silencieuse israélienne d’hommes et de femmes qui partent en service militaire pour deux à trois ans dès l’âge de 18 ans, nombre d’entre eux étant appelés à être réservistes à la quarantaine.

Lundi 16 juillet, Benjamin Netanyahou a proposé un compromis où les femmes religieuses resteraient exemptes de service militaire et où les hommes pourraient le repousser jusqu’à leur 26 ans. Une mesure ridiculisée, parce que la plupart des hommes ultra-orthodoxes se marient à la vingtaine, et qu’ils sont, avant 26 ans, père de plusieurs d’enfants et donc, de fait, exempts de service militaire de toute façon.

A son départ, Shaul Mofaz, réprouvé, a accusé Benjamin Netanyahou d’avoir choisi « des déserteurs qui n’assument pas leurs responsabilités avant nos fils et nos filles. Il a choisi l’extrême droite et ne nous a pas laissé d’autre choix que de partir ».

GlobalPost / Adaptation Amélie Garcia JOL Press

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