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Israël / Iran : le message anti-guerre de Ronny Edry fait le buzz

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Racontez-nous comment le mouvement « Israël Loves Iran » est-il né ?

Ronny Edry : Il y a cinq mois, j’ai réalisé un poster : une photo de moi et de ma fille accompagnée d’un texte : « Iraniens, nous ne bombarderons jamais votre pays, nous vous aimons » que j’ai ensuite publié sur Facebook. Quelques jours plus tard, des internautes israéliens et iraniens ont partagé et aimé la page.  Aujourd’hui nous comptons plus de 73 000 membres sur Facebook et un site Internet consacré au mouvement a été créé. 

Où en est le mouvement aujourd’hui ?

Ronny Edry : Nous avons lancé un nouveau poster « NOT ready to die », il y a quelques jours. Depuis, une vague de posters nous est parvenue. Nous recevons un nouveau poster toutes les cinq minutes! Les gens qui n’ont pas la possibilité de faire le graphisme eux-mêmes nous envoie leur photo, et une collègue, des étudiants et moi-même nous chargeons du design. Beaucoup plus d’Iraniens nous envoient leur photo depuis que nous avons lancé ce nouveau slogan. Au début du mouvement les Iraniens nous envoyaient des photos floutées, où l’on ne distinguait pas leur visage. Mais après tous ces mois de mobilisation, ils ont commencé à nous envoyer des photos d’eux à visage découvert. Un soldat iranien nous a même envoyé sa photo et son vrai nom. Là je me suis dit « ça va trop loin : il représente l’armée iranienne ! ». Alors je l’ai contacté et il m’a assuré que je pouvais poster sa photo sur le mur de Facebook. Le soldat a même entamé une discussion avec les internautes sur le réseau social !

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La page Facebook du mouvement ressemble de plus en plus à un forum ou Israéliens et Iraniens peuvent échanger librement, qu’en pensez-vous ?

Ronny Edry : C’est exactement cela ! Le dialogue entre Iraniens et Israéliens s’est instauré grâce au medium du réseau social. Sur la page Facebook, les internautes parlent de politique, de la shoah, des Palestiniens. C’est un peu comme un blog.

Une mobilisation virtuelle est-elle aussi efficace qu’une action concrète dans le monde réel ?

Ronny Edry : Je pense qu’il n’y a aucune différence entre le virtuel et le réel. Cela revient au même. Grâce à Facebook, nous atteignons des gens, comme le feraient la télévision, la radio, ou un journal. Derrière chaque compte Facebook, il y a quelqu’un. Nous avons organisé un voyage à Munich il y a quelques semaines, l’occasion pour les internautes impliqués dans le mouvement « Israel Loves Iran » de se rencontrer. On peut créer de vrais liens sur Internet. C’est un outil qui peut avoir plus de force et d’impact aujourd’hui que n’importe quelle action concrète dans le monde réel, comme les manifestations par exemple… Prenez l’exemple des Français. La plupart des images d’Israël ou de l’Iran leur parviennent d’Internet.

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Quel est l’impact de ce mouvement en Iran ?

Ronny Edry : Il n’y a pas un Iranien qui ignore le mouvement « Israel Loves Iran ». En Iran tout le monde a entendu parler de cette mobilisation. D’ailleurs ils ont aussi créé leur propre mouvement avec « Iran Loves Israël ».

Ne craignent-ils pas les représailles des autorités iraniennes ?

Ronny Edry : Bien sûr, les Iraniens ont peur d’appuyer sur « Like » et des représailles qui s’en suivent. Mais ils sont nombreux à nous envoyer chaque jour leur poster. Pour le moment nous n’avons pas eu un seul retour sur un éventuel conflit entre un internaute et les autorités à cause de son implication dans le mouvement.

Pensez-vous que cette guerre entre Israël et l’Iran aura lieu un jour ?

Ronny Edry : C’est la grande question que je pose ! Cette éventuelle guerre entre Israël et l’Iran est un outil politique pour les deux pays. Plus Mahmoud Ahmadinejad fait peur, plus il gagne en force. C’est pareil pour Israël. Parler de cette guerre c’est une façon d’éviter les vrais problèmes dans le pays.

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Avez-vous, comme prévu, réuni des fonds pour financer une campagne d’affichage à travers les grandes places du monde ?

Ronny Edry : Nous n’avons pas réuni assez d’argent pour diffuser les posters sur les écrans géants de Time Square – si j’avais un million, je le ferai ! – mais une campagne d’affichage est prévue sur les arrêts de bus à Tel Aviv. Nous allons afficher le portrait d’un Israélien face à celui d’un Iranien, avec le même slogan. A la manière d’une campagne publicitaire, je pense qu’il faut vendre la paix

Propos recueillis par Louise Michel D. pour JOL Press

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