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La Chine veut une place au Conseil de l’Arctique

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La Chine veut sa part de l’Arctique

La hausse des températures fait fondre les calottes glaciaires et nous permet de découvrir des ressources jusque-là inaccessibles, et de nouvelles routes maritimes. Depuis un moment déjà, l’Arctique attire l’attention de nombreux pays, et surtout de la deuxième puissance économique : La Chine.

Au cœur de tout cela se trouve le Conseil de l’Arctique, une des plus importantes organisations intergouvernementales dans la région. Mais la Chine voudrait également devenir un observateur permanent.

« La Chine aimerait avoir un peu plus son mot à dire au sein du Conseil, qui est aujourd’hui la seule organisation qui s’occupe des affaires dans l’Arctique » a déclaré Cheng Gang, un chercheur à l’Université nationale de Singapour.

Formé en 1996, le Conseil comprend huit pays possédant des territoires à l’intérieur du Cercle polaire arctique : le Canada, les Etats-Unis, la Russie, la Suède, le Danemark, la Norvège, l’Islande et la Finlande.
Les discussions concernent majoritairement le développement durable et la protection de l’environnement dans la région.

Le Pôle Nord, nouvel Eldorado ?

Pour comprendre l’attrait du grand Nord et d’une place au Conseil, il faut penser ainsi : les dernières estimations du US Geological Survey ont montré que 13% du pétrole non découvert, et 30% du gaz naturel se trouverait dans le nord de l’Arctique. La hausse des températures pourrait rendre la région polaire naviguable pendant plusieurs mois de l’année. De nouvelles voies de transport s’ouvriraient et permettraient de raccourcir les trajets de plusieurs milliers de kilomètres. Mais la région détient un écosystème fragile et sa glace aide à réguler les températures mondiales.

Linda Jakobson, directeur du programme de l’Asie du Sud-est pour le Think-tank australien du Lowy Institute, a tenu à expliquer les enjeux de la région. L’Arctique était resté une question périphérique pour la Chine, mais l’intérêt pour la zone a augmenté ces dernières années en raison de routes maritimes plus courtes, et du fort potentiel de ressources naturelles.

« La Chine a compris qu’elle ne veut pas être exclue » a déclaré Jakobson, qui est également membre de l’équipe de recherche sur l’Arctique à la Stockholm International Peace Research Institute. « Il ne veulent surtout pas être mis à l’écart de quelconques institutions qui régira l’Arctique ».[image:2,l]

S’imposer en douceur

Si les observateurs permanents ne peuvent pas voter, ils peuvent en revanche faire partie du processus du Conseil, proposer des projets aux membres (avec permissions), et même faire des déclarations. Si la Chine parvient à ses objectifs, elle pourra influencer le dialogue sur la région, où beaucoup d’intérêts économiques sont en jeu. En mai 2013 prochain, les membres se prononceront sur les demandes d’observateurs permanents. La Chine, qui dans le passé n’a été qu’un observateur ad hoc, n’est pas le seul pays cherchant à faire parti du Conseil. La Corée du Sud, le Japon et d’autre pays sont également en lice.

La Chine n’a d’ailleurs pas ménagé ses efforts pour courtiser les pays de l’Arctique, en proposant des offres d’investissement et des promesses de collaboration en termes de développement durable et d’énergie renouvelable.
Plus tôt cette année, le président Hu Jintao s’est rendu au Danemark, une première pour un président chinois. De son côté, le premier ministre chinois Wen Jiabao est allé en Islande et en Suède.

La Chine s’investit financièrement

Pékin a également consacré des ressources importantes à la recherche du climat, de l’environnement et l’écosystème de l’Arctique. Depuis 1984, la Chine a mené 31 expéditions polaires, (sur lesquels elle a invité des chercheurs étrangers) et construit trois stations de recherche. Elle a investi 1,25 milliards de yuans, soit 200 millions de dollars, dans un brise-glace, qui sera opérationnel en 2014.
Chen Gang pense que Pékin a une chance sur deux d’obtenir le statut d’observateur. « Il pourrait y avoir quelques luttes diplomatiques avec les Etats-Unis et la Russie, mais les pays scandinaves ont une attitude ouverte envers la Chine. De manière générale, ils veulent que la Chine siège dans le Conseil de l’Arctique en tant qu’observateur permanent. »
Chen Xulong, directeur du département d’études stratégiques à l’Institut chinois des études internationales, a expliqué qu’il n’était « pas question » que le pays obtienne le statut. « La vraie question est de savoir si les membres peuvent convenir » dit-il.

Le Conseil de l’Arctique met en garde la Chine

Hjálmar Hannesson, un haut fonctionnaire islandais a déclaré que son pays était « plutôt en faveur » de l’admission de nouveaux candidats, y compris la Chine, en tant qu’observateurs permanents. À condition qu’ils remplissent les critères que les Ministres du Conseil avaient adopté l’an dernier à Nuuk, au Groenland.

Klavs Holm, un haut fonctionnaire du Danemark a expliqué qu’il accueillait les pays « qui respectent les critères » et espérait qu’une décision positive soit prise lors de la réunion prévue en 2013.
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La Norvège moins enthousiaste ?

La réticence principale vient de la Norvège. En 2010, le comité du Prix Nobel (dont les cinq membres sont nommés par le Parlement du pays) a élu le dissident chinois Lu Xiaobo comme lauréat. Depuis, le dialogue politique entre les deux pays est au point mort. En janvier 2012, une source diplomatique a déclaré que le manque de dialogue entre les deux nations rendait difficile l’approbation de la Norvège pour la candidature de la Chine.
Mais en Juin, Svein Michelsen, un porte-parole du ministère norvégien des Affaires étrangères, a déclaré que la Norvège était « prête à soutenir l’inclusion de la Chine en tant qu’observateur. » « C’est notre position de longue date » a t-il dit.

Svein Michelsen a souligné l’importance d’un dialogue étroit entre le demandeur et les Etats membres et a déclaré que pour le moment, il n’y avait « pas de dialogue politique de haut niveau » entre les pays. « La Norvège regrette cela », a t-il expliqué. « Mais nous sommes prêts à renouer le dialogue avec la Chine, ce qui  nous semble être dans l’intérêt mutuel de nos deux pays. »

À l’heure actuelle, rien n’est certain. « Il reste à voir ce que le Conseil de l’Arctique fera avec toutes les applications d’observation » indique Jakobson. « Je ne pense pas qu’ils traiteront un pays différemment d’un autre. Ils seront tous acceptés…ou tous refusés. »

Global Post/ Adaptation Henri Lahera pour JOL Press

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