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La coalition Lib Dem-Tories de David Cameron peut-elle durer?

[image:1,l]La longue liste de doléances de Danny Smith commence par ces deux années depuis lesquelles il n’a été payé que pour regarder ses baguettes…

Il n’est donc pas surprenant que ce musicien au chômage ne soit pas impressionné par la décision du gouvernement d’abandonner ce qui s’annonçait comme une des symboles de sa mandature : la réforme de la Chambre des Lords, cette anachronique chambre haute du Parlement dont les membres ne sont pas élus et qui a toujours été la cible des militants libéraux-démocrates.

L’annonce faite par le vice-Premier ministre Nick Clegg, la semaine dernière, du retrait du projet de réforme de la Chambre des Lords a révélé un gouvernement aux aguets.

Ce retrait en dit également long sur la fragilité de l’alliance entre les centristes – Libéraux-démocrates – de Nick Clegg et leurs partenaires de coalition, les conservateurs du Premier ministre David Cameron. Certains se demandent désormais si cette union improbable durera jusqu’aux élections de 2015.

Nick Clegg s’oppose à David Cameron

Les Libéraux-démocrates ont longtemps nourri le désir d’une réforme de cette Chambre qui établirait l’élection d’une partie des élus, et qui rendrait plus facile l’expulsion des membres inactifs, pairs héréditaires qui penchent principalement à droite et qui ont contribué à maintenir les libéraux-démocrates en marge de la vie politique britannique depuis près d’un siècle.

Les conservateurs se sont engagés à soutenir la réforme de la Chambre des Lords en vertu de l’accord de coalition conclu avec les Libéraux-démocrates pour arracher le pouvoir aux travaillistes du Labour en 2010. Lors des dernières élections, les trois principaux partis avaient inclu cette réforme dans leurs programmes électoraux.

Mais le plan a échoué sous la pression des législateurs conservateurs et de nombreux travaillistes, qui se sont opposés à la révision, craignant l’établissement d’une Chambre haute, élue, qui remettrait en cause la domination de la Chambre des communes.

Résigné face à une défaite inévitable, Nick Clegg, frustré, a contre-attaqué : les Libéraux démocrates ont retiré leur soutien aux plans des conservateurs visant à redessiner les frontières des circonscriptions électorales, qui leur donnait l’assurance d’au moins 20 sièges supplémentaires.

Cela aura des répercussions majeures lors des prochaines élections, augmentant la probabilité d’un gouvernement travailliste ou d’une coalition travailliste/Libéraux-démocrates.

Vers l’effondrement de la coalition ?

« La réforme des Lords et le redécoupage électoral sont deux projets de loi distincts, » explique Nick Clegg. « Mais ils font tous les deux partie d’un ensemble de réformes politiques. En mener un mais pas l’autre créerait un déséquilibre, pas seulement dans la coalition, mais également dans notre système politique. »

La scission entre les deux partis marque une des heures les plus sombres de la coalition.

David Cameron a cherché à minimiser ce qu’il a admis être « des différences fondamentales » entre les partenaires.

« Nous sommes les leaders de deux partis différents, nous sommes régulièrement en désaccord, nous ne pouvons pas le cacher, »a-t-il expliqué à la radio LBC après l’annonce de Nick Clegg : « Il y aura des disputes et des désaccords. »

Cela n’a pas vraiment apaisé les spéculations sur l’éventualité d’un effondrement de la coalition, qui permettrait aux travaillistes de former un gouvernement avec les Libéraux-Démocrates ou de déclencher une élection anticipée. Cela pourrait également effrayer les marchés financiers britanniques à un moment où les investisseurs internationaux sont en état de choc devant la crise de la zone euro.

Les Britanniques lassés par leur gouvernement

Cependant, les Britanniques n’auraient aucun regret à voir leur gouvernement s’effondrer. Ses sévères mesures d’austérité ont supprimé des milliers d’emplois dans le secteur public et ont largement détérioré le niveau de vie des Britanniques.

L’image du gouvernement a récemment été ternie par la révélation dans la presse de ses liens avec l’empire économique de Rupert Murdoch.

« Il y a du gaspillage, » déclare Danny Smith, qui reçoit actuellement une aide mensuelle de 221$. « Ils sont là pour trouver tout l’argent qu’ils pourraient se faire, tout en trainant par terre des gens comme moi. »

Des opinions similaires ont trouvé écho dans les rues de Londres, ravivant le souvenir des émeutes de l’été dernier, dont l’anniversaire a été étouffé par l’effervescence des Jeux Olympiques.

Les sondages montrent que les conservateurs reculent de plus en plus derrière les travaillistes. Bien que la cote de popularité de David Cameron (33%) se situe toujours au-dessus de celle de son adversaire, le leader travailliste, Ed Miliband, son taux de désapprobation a atteint 50%.

Que le mariage tienne encore deux ans

« Le gouvernement ne semble pas vivre dans le monde réel, » a déclaré Ola Balogunn, 33 ans, ingénieur. « Nous devons dépenser de l’argent pour créer des emplois, mais tout ce que nous voyons ce sont des coupes budgétaires, et encore d’autre coupes budgétaires. »

« Les rivalités dans la coalition n’aident pas, » ajouta-t-il. « Ils devraient être en train de travailler ensemble afin de venir en aide aux gens, mais, au lieu de ça, nous voyons les conservateurs dominer. La plupart des raisons pour lesquelles les deux partis se sont unis n’ont mené à rien. »

Malgré les luttes intestines et les prédictions malheureuses, les analystes politiques estiment que la coalition devrait survivre jusqu’en 2015.

« Il serait suicidaire pour l’un des deux de briser cette coalition, » déclare Matthew Ashton de l’Université de Nottingham, « en particulier avec la situation économique prenant un mauvais tournant. »

Les conservateurs sont affaiblis, après avoir joué à promettre un sursaut économique qui ne se matérialisera sans doute pas cette année, selon les dernières prévisions de la Banque d’Angleterre.

Avec la plupart des prédictions disant que les conservateurs perdrait le pouvoir lors des prochaines élections, explique Matthew Ashton, Ils « vont essayer de tenir ensemble dans l’espoir de quelque chose, à savoir la croissance économique, revienne ces deux prochaines années. »

Pour le moment, le mariage bat de l’aile mais on ne parle pas encore de divorce.

Global Post / Adaptation Sybille de Larocque – JOL Press

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