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La Russie admise à l’OMC: qu’est-ce que ça change?

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C’est seulement en décembre dernier que la Russie, dernière grande puissance à ne pas être intégrée à l’OMC, avait obtenu le feu vert des pays membres à son admission. Aucun pays n’a négocié aussi longtemps pour entrer à l’OMC : la candidature de Moscou remonte à 1993, mais le processus a été plusieurs fois freiné et en particulier après la guerre éclair en 2008 avec la Géorgie, membre de l’organisation, qui a bloqué un temps les discussions. La Chine avait négocié 15 ans avant d’entrer à l’OMC en 2001. Il ne reste plus que 28 pays à ne pas être membres de l’OMC – et 27 le 24 août avec l’entrée du Vanuatu.

Pascal Lamy, directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), s’est réjoui que le neuvième exportateur mondial prenne place « à la table familiale des nations commerçantes ». Il a souligné que le « voyage » avait été « long » et que cette adhésion allait « sans aucun doute renforcer le système de commerce multilatéral ».

L’espoir d’accélérer la modernisation de l’économie russe

L’entrée de la Russie devrait faciliter les investissements et le commerce, offrir de nombreuses opportunités pour les entreprises russes et étrangères, et permettre d’accélérer la modernisation de l’économie russe : « C’est un moyen parfait de stimuler le développement de l’économie et la concurrence », a écrit sur Twitter l’ex-ministre russe des Finances Alexeï Koudrine, une figure respectée dans les milieux internationaux.

Aujourd’hui, l’économie du pays repose pour une trop large part sur les exportations d’hydrocarbures et n’est pas suffisamment diversifiée pour faire face aux chocs externes. La Russie manque de produits compétitifs.

Vers une levée des obstacles à la fluidité des échanges

Cette adhésion doit garantir « la stabilité du commerce extérieur, la baisse des barrières douanières et administratives et la possibilité de participer à l’élaboration des règles de coopération internationale », a déclaré de son côté au quotidien officiel Rossiïskaya Gazeta le principal négociateur chargé du dossier de l’entrée de la Russie à l’OMC, Maxime Medvedkov.

Parmi les effets escomptés, figure la baisse des taxes d’importation. Ainsi, désormais, en moyenne, la Russie va appliquer une taxe douanière de 7,8% sur les produits. Des formes de soutien de l’Etat à certains secteurs vont disparaitre – ou diminuer. Moscou a pris des engagements spécifiques dans onze secteurs de service.

La crainte de la concurrence étrangère

L’enthousiasme des élites moscovites contraste avec les inquiétudes des « petits ». Les opposants au projet ont prédit que la baisse des droits de douane permettrait aux étrangers d’inonder le marché de produits bon marché, signant l’arrêt de mort de nombreuses industries héritées de l’époque soviétique.

Les autorités ont longtemps été partagées sur les bénéfices de l’adhésion. Vladimir Poutine lui-même avait ainsi mis plusieurs fois en garde contre le prix à payer pour en faire partie. Mais la crise économique mondiale, qui a mis la Russie à genoux en 2008-2009, a achevé de persuader Moscou du bien-fondé d’une adhésion.

En conclusion, les experts ne s’attendent pas à ce que la Russie connaisse un miracle « à la chinoise » – en référence au « boom » qu’avait provoqué l’adhésion de Pékin. En revanche, la baisse des produits importés pourrait, contrairement à leurs craintes, être favorable aux plus modestes qui pourront acheter plus en dépensant moins.

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