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Le PSG est-il (une énième fois) en crise?

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Source de tous les fantasmes, victime de toutes les frustrations

On attendait, et on attend encore beaucoup, du PSG. C’est la première fois depuis des décennies qu’un club français a les moyens – financiers – de rivaliser avec le top des équipes européennes. Avec Zlatan Ibrahimovic, Ezequiel Lavezzi, Thiago Silva et consorts, on attendait un ogre prêt à balayer 4-0 toute malheureuse équipe de Ligue 1 qui aurait l’infortune de croiser son chemin.

Alors, forcément, quand après trois journées de championnat, le PSG ne compte que 3 points au compteur, sans jamais avoir réussi à s’imposer, il y a de quoi être déçu – du moins pour ceux qui attendaient le rouleau compresseur tant annoncé. Et si Bordeaux est sur une bonne dynamique depuis la seconde partie de saison dernière, on ne peut pas dire que Lorient et Ajaccio, respectivement 17ème et 16ème du dernier exercice, soient des foudres de guerre.

Une équipe supposée aller titiller les plus grands clubs européens peut-elle décemment buter sur de quelconques équipes de Ligue 1 ? Le PSG est-il en crise ? Pour répondre à cette question, il convient déjà de sortir de cette hystérie collective qui se manifeste dès qu’il s’agit du club francilien. Celle-là même qui pousse nos politiques à s’indigner des salaires des joueurs de Paris, alors même qu’ils sont financés par un fonds étranger et qu’ils vont rapporter des dizaines de millions annuels au fisc français. Avec un peu de sens commun, il y aurait au contraire de quoi se réjouir. Mais passons.

Une Ligue 1 qui prouve ses qualités

Revenons aux deux questions précédemment posées. Pour la première, la réponse est évidemment positive. La Ligue 1 n’est peut-être pas le championnat le plus fringuant d’Europe, mais il en est incontestablement l’un des plus homogènes. Si un champion de France est sans doute loin du niveau d’un champion d’Angleterre ou d’Espagne, les équipes de bas de tableau françaises sont très probablement plus fortes que leurs équivalents dans ces deux championnats. Les scores fleuves y sont d’ailleurs omniprésents, et sont autant le fait de la force des écuries prestigieuses que de la faiblesse de l’opposition qui leur est proposée.

Il existe par ailleurs en France une véritable culture tactique, en particulier en matière défensive. Là où, par exemple, les défenses d’un Rayo Vallecano et d’un Wigan sont, au choix, de véritables passoires ou des reflets criants d’évidentes limites tactiques et techniques, les équipes de L1, et même les plus faibles, brillent souvent par leur rigueur défensive, au détriment, bien souvent, de la qualité de leur animation offensive.

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A cela, il faut ajouter que le niveau des gardiens français est largement supérieur à ce que l’on peut trouver dans bien des championnats européens. Alors, évidemment, lorsqu’une « petite » équipe joue contre l’ogre parisien, elle verrouille sa défense et joue en contres. Ce n’est pas très beau ni très agréable, mais il faut croire que cela fonctionne. Et cela rend la vie très difficile aux équipes portées vers l’offensive.

Une équipe pas au point collectivement

Mais alors, le PSG est-il pour autant condamné à enchaîner les matchs nuls ? Bien sûr que non. Un verrou défensif, aussi rigoureux soit-il, n’est pas infranchissable. Mais pour tromper la vigilance des défenseurs adverses, il n’y a pas de secret. Il faut soit avoir une équipe forte collectivement, dotée d’un jeu vif en une touche et d’automatismes déroutants, soit s’en remettre à un coup d’éclat individuel. La différence, c’est que la première solution est généralement plus fiable à long terme que la seconde, basée sur la forme du joueur concerné.

Seulement voilà, le PSG, renforcé par nombre de nouveaux joueurs, est encore en rodage. Il est d’autant plus que – et cela est important à souligner – nous n’en sommes qu’à la troisième journée de championnat ! Les difficultés actuelles du PSG sont autant le fait d’une Ligue 1 qui n’est pas si faible que ce que l’on voudrait nous faire croire que celui d’un effectif pas encore rodé offensivement, doté qui plus est d’éléments pas encore au top physiquement voire de retour de blessure. Et, malgré ces trois matchs nuls, la défense centrale a montré des signes de progrès encourageants.

Le PSG n’est donc pas en crise. Mais il est vrai que tout n’est pas rose pour autant. Le fond de jeu quasi inexistant, s’il est certes dû au manque de rodage, n’est pas sans rappeler la faiblesse collective du club la saison passée. Et cette fois-ci, l’excuse du début de saison n’est plus valable.

Pas de crise, mais des faiblesses chroniques

Depuis l’arrivée de Carlo Ancelotti au poste d’entraîneur il y a de ça huit mois, le PSG n’a jamais semblé avoir trouvé ce fond de jeu qui est la marque des grandes équipes. Dans ce domaine, Lille et Montpellier lui étaient supérieurs la saison passée, et le PSG, certes efficace, ne brillait en la matière que par intermittence, au gré de la forme individuelle de ses stars.

Si l’on considère que le début de saison poussif dont est victime le club est dans la continuité de ce que l’on a vu la saison passée, alors il est nettement plus inquiétant. Le coaching de Carlo Ancelotti est quant à lui de plus en plus remis en cause. Outre qu’un entraîneur de son standing aurait dû depuis longtemps faire du PSG une équipe au moins collectivement au point, ses choix en ce début de saison laissent perplexe.

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Face à Bordeaux, Thiago Motta, visiblement pas remis de sa blessure et cramé physiquement, a pourtant joué toute la rencontre. Maxwell, de plus en plus faible, est toujours aligné. Zlatan Ibrahimovic, seul en pointe, était supposé servir de point de fixation. Mais pour qui ? Nene n’est clairement pas un avant-centre, et Javier Pastore n’est même pas attaquant. Les deux semblent en plus incapables de le servir dans de bonnes conditions. Et sur le banc, Kevin Gameiro rongeait son frein.

Tâtonnements et revirements constants

Au milieu, le technicien italien, certes pas aidé par les blessures, a multiplié les tâtonnements hasardeux. Face à Bordeaux, à domicile, il a ainsi aligné trois milieux à vocation défensive, tous gauchers qui plus est. Face à Ajaccio, c’est un milieu rigoureusement offensif qui a été mis en place. Certes, il faut adapter sa tactique en fonction de l’adversaire. Mais de là à la transformer complétement à chaque match

Outre l’efficacité douteuse de ces coups de poker peu à propos, ce n’est pas par des révolutions constantes que le PSG se trouvera une cohérence collective. Et ce n’est pas seulement depuis ce début de saison que l’on reproche à Carlo Ancelotti ses incessants revirements tactiques.

Le PSG n’est pas en crise, non. En tout cas, pas plus que d’habitude. Car ce n’est pas la première fois qu’il inquiète par son incapacité chronique à fournir des prestations collectives réellement abouties. Il faut toutefois laisser à Carlo Ancelotti le bénéfice du doute : il est handicapé par nombre de joueurs blessés, et par de nouveaux arrivants pas forcément intégrés dans le collectif.

Mais quel collectif ? Si l’équipe ne montre pas rapidement de meilleures dispositions au niveau du jeu – car c’est bien celui-ci qui pose problème, et non pas trois matchs nuls de début de saison qui peuvent être aussi bien anecdotiques que révélateurs -, alors oui, on pourra parler de crise. Une crise de la manière plus qu’une crise de résultats. Et qui, malgré le bruit ambiant de ceux qui tombent faussement des nues, dure depuis plusieurs mois.

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