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Pussy Riot: deux ans dans un «goulag» du camarade Poutine

[image:1,l]Alexandre Soljénitsyne relève-toi, ils sont redevenus fous… Oui, il existe encore des Ivan Denissovitch à travers la grande Russie et leurs journées leur paraissent sans doute tout aussi longues qu’il y a 50 ou 70 ans aux heures du soviétisme triomphant… Le procès des Pussy Riot a révélé au grand jour une réalité méconnue, sous-estimée : il demeure des camps de travail – des « goulags »  – au pays de Vladimir Poutine

La colonie, la version Poutine du « goulag » de Staline ou Brejnev

Depuis la chute de l’URSS en décembre 1991, la langue russe a beaucoup évolué… Et comme le monsieur n’est plus un camarade, le goulag est devenu colonie correctionnelle. Un terme bon enfant pour une réalité bien plus obscure.

Isoler et rééduquer. C’est sur ce principe qu’ont été mis en place – en fait maintenus – 750 camps ou colonies correctionnelles, numérotées à la manière, une fois encore, de tout bon système totalitaire. Le fonctionnement interne, lui, ne diffère pas beaucoup de celui des grandes années du soviétisme.

640 000 internés dont 52 000 femmes

La majorité de la population carcérale russe – 640 000 des 900 000 prisonniers – est placée dans ces colonies. Sur ces 640 000 prisonniers, on recense plus de 52 000 femmes. Toutes, elles portent le même uniforme : une veste grise en coton matelassé et un foulard identique sur la tête. Vision d’un autre temps. 

D’un autre temps aussi, l’architecture de ces installations… Entourés de barbelés, des baraquements de 100 ou 200 lits, une cour, une cantine, une infirmerie et une usine ou une mine – là où travaillent les détenus. Là aussi, là encore, le travail rend libre !

Le travail forcé et des conditions de vie précaires

Au coeur de la détention, le travail, travail forcé qui rythme la journée : lever à 6 heures pour l’appel, petit-déjeuner puis direction le travail jusqu’à 13 heures, puis de 14 heures à 16 ou 17 heures, inspection à 18 heures, dîner et extinction des feux à 22 heures… On pourrait arguer que le rythme n’a sans doute rien à voir avec celui d’Ivan Denissovitch et de ses compagnons d’infortune. Mais, tout de même…

On pourrait aussi plaider que les détenus reçoivent un petit salaire. Mais, tout de même…

Des humiliations pratiquées de façon officieuse

Les trois jeunes activistes des Pussy Riot ont été condamnées à passer deux ans de leur vie dans ces infrastructures carcérales

Comme certaine du sort qui l’attend, Nadejda Polokonnikova, une des trois punkettes, a lancé à la Cour lors du dernier jour de son procès : « derrière nos barreaux, nous sommes plus libres que ceux qui nous accusent ». Alexandre Soljénitsyne aurait sans doute approuvé.

> Retour au dossier : Verdict de la dernière chance pour les Pussy Riot

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