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Au-delà du mythe, l’héritage de Lady Di

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Dans Londres, des fleurs gisaient au sol par millions, le peuple, à la recherche d’un coupable, pointait du doigt la famille royale et sa souveraine, Elizabeth II, totalement déconnectée de la réalité en cours. Les fondements mêmes de la monarchie britannique menaçaient de chanceler et, soucieux d’éviter une crise de régime qu’il aurait bien des difficultés à maitriser, le jeune Premier ministre Tony Blair, bafouant tous les usages, forçait la main à sa souveraine et lui dictait sa loi. Le 6 septembre, après une longue semaine placée sous le signe de l’irrationnel, la vue de deux jeunes princes en costume de deuil derrière le cercueil de leur jeune mère ramenait chacun à la raison. Le peuple rendait leur deuil à ses fils et Diana, quant à elle, entamait son entrée dans l’Histoire.

Quinze ans plus tard, que reste-t-il de Lady Di ?

Il y a 5 ans, à l’occasion du dixième anniversaire de la disparition de la Princesse, le désir de célébrer sa mémoire était perceptible chez les Britanniques : une messe en sa mémoire avait été organisée par ses deux fils, William et Harry, et l’occasion avait été marquée sous de nombreuses formes à travers le Royaume. Le jour même, le « buzz » médiatique avait été considérable et des heures de programmes télévisés avaient été commandées par les chaînes de télévision.

Je vous parle d’un temps que les moins de 25 ans ne peuvent pas connaitre…

Cette année, l’intérêt pour l’anniversaire apparait nettement plus contenu. Oui, Diana est désormais pleinement rentrée dans l’Histoire – et est traitée, comme telle, en personnage historique, importante mais pas non plus essentielle.

Et Diana reste une nostalgie, le souvenir ému des années 1980 et du début des années 1990, des années folles, celle des yuppies, de la new wave en pop music, les années Thatcher, Joan Collins et… Diana. Une époque entre-deux, où l’Histoire retenait un peu son souffle, hésitait aussi, avant de s’emballer et de tourner tant de pages.

Quinze années se sont écoulées, ceux qui ont vécu les « années Diana » et appartenaient à la « génération Diana » ont vieilli, et ont été rejoints par une génération plus jeune, qui n’a que de vagues souvenirs de Diana. L’émotion suscitée par la mort de l’icône s’est peu à peu estompée, et a été reléguée au rang des souvenirs de plus en plus lointains. Le deuil est achevé.

Le comportement de Diana et les circonstances de sa mort ont profondément changé la monarchie britannique

Diana n’aurait sans doute pas imaginé la réaction populaire à l’annonce de son décès. Mais, confrontée à de telles circonstances, elle n’aurait sans doute pas été aussi dépourvue qu’ont semblé l’être les Windsor, dans la semaine qui suivit ce 31 août 1997.

Diana avait compris, spontanément – semble-t-il, l’importance de la communication – la bonne image, le bon message. Tous ceux qui l’ont suivie à partir du tournant des années 1990, lorsque ses difficultés conjugales sont apparues clairement insurmontables, l’attestent. Elle savait manipuler les médias, dans un jeu permanent de donnant-donnant, un jeu dangereux qui lui coûta sans doute la vie.

Son décès força la famille royale britannique, « la firme », à se soumettre aux règles imposées par une société toujours plus médiatique. Lorsque la Reine et ses princes ont accepté de recruter parmi leurs conseillers d’authentiques « spin doctors », experts en communication, issus le plus souvent de cabinets politiques, la monarchie a cessé de n’être que de droit divin pour reposer davantage sur les techniques modernes de marketing, politique ou économique. Elizabeth II tweete – enfin, le palais de Buckingham le fait en son nom. Impensable. Et on peut soutenir que la mort de Diana a, sans doute, contribué à une accélération de la prise de conscience.  

William et Harry, le « Saint Graâl » de Diana

À la mort s’est substituée la vie. Les images de jeunes garçons en deuil ont été remplacées par celles de deux jeunes hommes dans la fine fleur de l’âge.

À la mort de Diana, William et Harry ont pu compter sur leur père, Charles, sur leur grand-mère paternelle, la reine Elizabeth II, ainsi que sur un solide noyau familial. Ils ont aussi pu compter sur la bienveillance, quasi sans limites, de tout un peuple.

Leurs écarts – on se souvient de Harry en uniforme nazi ou de William empruntant un hélicoptère de l’armée pour rendre visite à sa dulcinée – leur ont été, certes, reprochés, mais il leur est tant pardonné. William et HarryWilliam surtout, mais Harry aussi – ont été très bien élevés. Diana, la rebelle, était une mère très attentive, consciente au plus haut point du sort particulier que le destin avait réservé à ses fils – elle savait aussi, et plus encore après sa séparation et son divorce d’avec Charles, que c’était dans la capacité de ses fils à tenir leur rang que résidait son salut ou, en tout cas, l’espoir de retrouver un jour son rang : William ne lui avait-il pas promis de lui rendre un jour son titre d’altesse royale qu’Elizabeth II lui avait retiré dans le cadre des négociations de divorce ?

William et Kate, les témoins

Devant l’Histoire – on peut l’affirmer avec confiance désormais -, elle sera un jour la défunte mère d’au moins un roi d’Angleterre. Et un futur roi d’Angleterre dans lequel, toujours, les Britanniques et les autres se plaisent à retrouver dans son apparence – ce regard – et dans son comportement – cette forme d’empathie légendaire pour ceux qui souffrent – la trace de sa mère, l’héritage de Diana.

La prétendante au trône de Diana est sans conteste Kate Middleton, la duchesse Catherine de Cambridge, la femme de William. L’héritage de Diana est un héritage de bonnes et mauvaises pratiques, ce qu’il faut faire mais aussi ce qu’il ne faut pas faire. Et dans le comportement de la jeune épouse princière, depuis son mariage le 29 avril 2011 – et en fait depuis bien avant – il apparait évident que la figure tutélaire de sa belle-mère, qu’elle n’aura jamais connue, est omniprésente. Son ambition, la seule ambition sans doute qui valait aux yeux de Diana, la mère, assurer la réussite et le bien-être de son époux, le futur William V d’Angleterre.

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