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Les violences anti-arabes se multiplient dans les colonies

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Les enfants israéliens sont retournés à l’école cette semaine pour entendre une histoire bien troublante.

Trois enfants responsables de l’incendie d’une voiture

Trois garçons, âgés de 12 à 13 ans, ont été arrêtés pour leur implication dans l’incendie d’une voiture en Cisjordanie, qui a presque brûlé à mort les six membres d’une famille arabe, a annoncé la police israélienne, lundi 27 août.

Les trois enfants habitent la colonie cisjordanienne de Bat Ayin, proche de l’endroit où l’explosion a eu lieu.

La famille Ghayada se rendait dans un supermarché fréquenté par des colons juifs et des Palestiniens lorsque leur voiture a pris feu, dans la soirée du 16 août. Les six blessés ont été hospitalisés à Jérusalem, deux sont dans un état grave.

La réalité des colonies israéliennes

Dans une interview sur la chaîne israélienne Channel 1, le père de l’un des suspects a nié tout lien entre son fils et l’agression: « Je connais mon fils. Il était dans la ville quand c’est arrivé, et s’il avait été impliqué, je l’aurais su. J’aurais vu quelque chose, » a-t-il déclaré. « Il n’a pas été éduqué pour haïr les Arabes, » a-t-il encore ajouté, expliquant que son fils avait vécu la « réalité » de sa communauté, notamment le meurtre de deux habitants de Bat Ayin par des Arabes. En 2009, un garçon de 13 ans avait été tué par un Palestinien armé d’une hache.

Un acte terroriste en territoire colonisé

La police affirme avoir des preuves tangibles de liens entre les garçons et les attaques, notamment des empreintes digitales, selon certains médias israéliens.

Si les enfants sont reconnus coupables, ce cas viendrait gonfler la liste déjà longue d’attaques commises en Cisjordanie par des colons. Cette violence a attisé les craintes des Israéliens de voir une société devenir de plus en plus anarchique et agressive dans les territoires contestés, et que cette anarchie se répande sur le territoire israélien.

Le vice-premier ministre Shaul Ya’alon a définit l’attaque de Bat Ayin d’ « acte terroriste ». Pour la première fois, le département d’État américain a comparé la violence perpétrée par les colons israéliens contre les Palestiniens à des « incidents terroristes » dans son rapport annuel sur le terrorisme. Washington a publié ce rapport deux jours après l’attaque. 

La traque des Arabes à Jérusalem

Quelques heures après l’attaque à la bombe, un autre évènement est survenu dans le centre de Jérusalem, une foule de jeune Juifs ont crié : « Mort aux Arabes ! », tout en pourchassant un jeune arabe, Jamal Julani, 17 ans, laissé pour mort dans la rue un peu plus tard. Le jeune homme a été sauvé par un étudiant en médecine qui lui a apporté les premiers soins.

Mardi 28 août, la police a déclaré avoir mis en accusation huit mineurs, dont une jeune fille, en lien avec l’agression de la place de Sion. Les jeunes sont en détention et poursuivis pour agression et incitation au racisme.

Ces épisodes violents ont conduit le ministre de l’Éducation, Gideon Sa’ar à ordonner aux écoles de tout le pays de consacrer une partie de la journée de rentrée à une discussion sur la violence des jeunes contre les arabes.

Légitimité de la violence contre les Arabes

Gad Yair, professeur de sociologie à l’université hébraïque de Jérusalem, explique qu’il n’y a pas nécessairement de liens de causalité entre les deux évènements, qui sont tous deux survenus le 16 août. La société semble seulement faire face à un problème d’autorité.

Pourtant, les incidents répétés ont mis en évidence une sorte de nouvelle « légitimité pour la violence », ajoute-t-il. « Les autorités ne réagissent pas. »

Le fait qu’il ait fallu cinq jours au Premier ministre Benjamin Netanyahu pour publier une déclaration condamnant ces deux actes est considéré comme « une hésitation » qui légitimerait la violence, explique Gad Yair.

Une justice à double vitesse

Lundi 27 août, quelques heures après que la police a annoncé l’arrestation des trois garçons, un homme et sa fille ont été agressés et blessés au visage par trois hommes masqués et armés de rasoirs. L’homme, Ismail el Adara, aurait été expulsé très brutalement de son village de Bir el Eid.

Le porte-parole de la police israélienne Mikey Rosenfeld a confirmé que l’incident avait eu lieu, et a déclaré « qu’une plainte a été déposée contre l’armée et a été remise à la police qui a ouvert une enquête ».

La déclaration de Mikey Rosenfeld met en lumière l’un des défis les plus importants dans le traitement de la violence des colons : quelle autorité doit se charger de ces affaires ? Les citoyens israéliens qui résident dans les colonies sont couverts par la loi israélienne, mais les résidents palestiniens sont sujets à la loi militaire israélienne.

Une récente étude de Yesh Din, une organisation de défense des droits de l’Homme œuvrant dans les territoires contestés, a montré que sur les 781 enquêtes ouvertes par la police de Cisjordanie à la suite de plaintes déposées par des citoyens palestiniens, seuls 9% ont abouti à des inculpations.

L’armée israélienne complice des violences anti-arabes?

Pire, certains groupes de défenses des droits de l’Homme ont affirmé que les soldats « soutiennent et collaborent », ou au moins ne s’opposent pas, aux colons violents.

Un groupe, Ta’ayush, a enregistré une vidéo sur laquelle, le mois dernier, des soldats israéliens apparaissent se tenant à l’écart tandis que des colons jettent des pierres sur des militants israéliens et un berger palestinien.

« Je le dis avec beaucoup de prudence, mais j’ai le sentiment que nous avons en face de nous deux pays : Israël et les colonies israéliennes, » explique Gad Yair. « On a le sentiment qu’il y a une justice à deux vitesses. C’est très difficile de l’avouer, mais cela semble être le cas de plus en plus souvent. Nous avons deux pays et dans le leur, il y a une milice qui glisse vers la violence contre les Palestiniens. »

Les colons ont toujours utilisé des enfants

D’autres arrestations sont attendues dans le cadre de l’attaque de Bat Ayn. Au moins deux membres de la famille Ghayada se souviennent avoir vu un juif religieux, âgé « d’au moins 27 ans » dans les environs lorsque la voiture a été incendiée. Le beau-frère de l’une des victimes a expliqué à une radio israélienne que « cela n’a pas été fait par des enfants. Il y avait d’autres personnes là-bas. »

Vardi, professeur et activiste affirme que « les enfants sont certainement impliqués dans ces évènements, mais des adultes le sont aussi. La technique qui consiste à utiliser des mineurs est utilisée par les colons depuis des années. Car il est très difficile de les traduire en justice. Les colons n’ont aucun scrupule à utiliser des enfants, à piller, à mentir, à utiliser la violenceEt ils font tout ce qu’ils peuvent pour échapper à la justice. »

Global Post / Adaptation Sybille de Larocque – JOL Press

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