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Le monde rêvé de Mitt Romney ou l’appel à un leadership américain

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Apparaissant en confiance et plus présidentiel que jamais, Mitt Romney a prononcé ce que son équipe avait qualifié de « discours majeur de politique étrangère », lundi 8 octobre, au Virginia MIlitary Institute, l’université militaire de Lexington – une prestigieuse académie militaire.

En dépit de tous ses efforts, les attaques du challenger républicain contre le président Barack Obama ont davantage relevé de la rhétorique que de la brillante démonstration d’une vision pour l’Amérique. Résultat : l’administration démocrate a saisi, une fois de plus, l’occasion de lui renvoyer coup pour coup.

Mitt Romney entend restaurer le leadership américain

L’intervention de Mitt Romney n’a pas véritablement permis de mieux connaître sa doctrine diplomatique. Seul véritable engagement, celui d’armer les rebelles syriens en lutte contre le régime de Bachar al-Assad. Sur les autres questions, Mitt Romney s’est contenté de prendre le contre-pied, ou, en tout cas de critiquer, les positions du président sortant, sans offrir de solutions alternatives.

« Je sais que les Américains se demandent si notre pays, avec son économie malade et sa dette massive après onze ans de guerre, est toujours capable d’être le leader », a lancé Mitt Romney. « Je crois que si l’Amérique n’assume pas le leadership, d’autres le feront, qui ne partagent pas nos intérêts et nos valeurs… Et le monde deviendra plus sombre. »

Le Proche-Orient, théâtre d’affrontement entre Romney et Obama

Mitt Romney a concentré ses attaques sur l’action de Barack Obama au Proche-Orient. Le candidat républicain a cherché à tirer parti de ce qui s’est passé en Libye, et en particulier à Benghazi, le 11 septembre dernier – en rappelant la mort de quatre Américains, dont l’ambassadeur Chris Stevens dans l’attaque du consulat.

Mitt Romney s’en est pris à la lenteur avec laquelle l’administration Obama a reconnu le lien entre cette attaque et le terrorisme : « Comme l’a finalement admis le gouvernement, ces attaques étaient bien le résultat d’une action volontaire des terroristes qui usent de la violence pour imposer leur sombre idéologie à tous, y compris les femmes et les petites filles ; qui se battent pour contrôler aujourd’hui l’essentiel du Proche-Orient ; et qui entendent mener une guerre sans fin à l’Occident. »

Ces attaques, Mitt Romney les avait déjà lancées dans une tribune publiée par le Wall Street Journal, le 30 septembre dernier.

Mitt Romney croit à une demande d’Amérique interventionniste

Le Président, estime Mitt Romney, s’est contenté de « diriger de l’arrière » et a cherché délibérément à mettre de la distance entre Washington et Israël.

De la même façon, Barack Obama aurait été faible vis-à-vis de l’Iran, n’a pas suffisamment influencé les événements en Égypte et a laissé le prestige et l’influence des États-Unis se dégrader partout dans le monde – un monde qui, d’après Mitt Romney, ne demande qu’une Amérique toujours plus interventionniste.

« Il y a une forte demande pour un leadership américain au Proche-Orient – et ce n’est pas propre à cette seule région. Ce sentiment est largement partagé par les amis et les alliés de l’Amérique à travers le monde », a ajouté Mitt Romney.

Le monde rêvé de Mitt Romney

Mais, le monde vu par Mitt Romney n’est pas forcément le monde tel qu’il est, rappelle l’expert en politique étrangère, David Shorr, qui travaille sur ces questions pour le compte de la campagne de Barack Obama. Lors d’un entretien dans l’Iowa, la semaine dernière, celui-ci s’est montré très critique sur les tentatives de Mitt Romney de s’aventurer sur le terrain diplomatique.

« En la matière, on assiste à ce que j’appellerais de la « pensée magique », » estime David Shorr. « Romney n’a jamais été confronté à la réalité. Ses propositions ne tiennent pas compte de la nécessité de négocier, des conséquences inopinées qui peuvent en découler ou de la défiance à laquelle peut se trouver confrontée la diplomatie américaine. »

Mitt Romney fait de la « petite politique » et non de la diplomatie

Le challenger aurait davantage cherché à marquer des points qu’à définir une doctrine de politique étrangère.

« Si vous regardez attentivement ce qu’il a dit, vous trouverez tout et son contraire dans les propos de Mitt Romney », estime David Shorr. « Quel est le meilleur test pour un commandant en chef? Essayer de deviner le bilan diplomatique ou agir ? »

Au crédit de Barack Obama, d’après David Shorr, son intervention en Libye aux côtés des Occidentaux et sa contribution à la chute de Mouammar Kadhafi et à l’arrêt du massacre de civils. Quant à la Syrie, c’est une autre histoire…

« Un des tests permettant de décider ou pas d’une intervention est la chance du succès », affirme David Shorr. « À défaut d’une intervention de grande ampleur, Barack Obama fait ce qu’il peut dans le dossier syrien. »

Les autres thèmes abordés par Mitt Romney étaient globalement hors-sujet, selon David Shorr.

Mitt Romney peine à trouver un angle d’attaque efficace

« Mitt Romney s’est rendu compte qu’il se retrouve enfermé car le bilan de Barack Obama est considérable », explique David Shorr. « Que peut dire Mitt Romney au sujet de l’Iran ? Le Président a imposé les sanctions les plus dures jamais imposées à Téhéran. Qu’y a-t-il d’autre à faire ? Mitt Romney n’a pas de meilleures réponses »

Mitt Romney a aussi évoqué la question israélo-palestinienne durant ce discours.

« L’Amérique s’engagera à nouveau en faveur de l’objectif de l’établissement d’un État palestinien, démocratique et prospère, vivant côte à côte, avec l’État juif d’Israël », a déclaré Mitt Romney. « Sur cette question, le Président a échoué. »

Mais Mitt Romney ne peut faire oublier qu’il avait lui-même été surpris à déclarer, lors d’une réunion publique, que la paix au Proche-Orient était impossible puisque les Palestiniens « n’ont aucun intérêt à établir la paix, et que le chemin vers cette paix est impossible à accomplir. »

L’équipe de campagne de Barack Obama n’a pas tardé à riposter. Dès lundi 8 octobre, elle diffusait une publicité sur le programme de politique étrangère de Mitt Romney, qualifié d’amateur.

Sur la question, les deux hommes tenteront de se départager lors du troisième débat présidentiel, le 22 octobre.

GlobalPost – adaptation Rédaction JOL Press

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