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Le Yémen attend que les promesses de dons se concrétisent

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6,4 milliards de dons pour la crise humanitaire au Yémen

Le président yéménite Abed Rabbo Mansour Hadi, arrivé ce lundi à New York, a coprésidé hier la conférence de donation « Friends of Yemen ». Près de 1,4 milliard de dons a été promis en faveur du pays, qui affronte une crise humanitaire importante. Il vient compléter les 6,4 milliards récoltés le 4 septembre dernier à l’occasion d’une première édition de l’événement.

267 000 enfants yéménites touchés par la famine

L’automne yéménite est difficile. Les révoltes de l’an dernier ont laissé le pays dans un plus mauvais état qu’il n’était. L’inflation s’est accrue, la chute de la monnaie aussi, et le manque de biens de première nécessité touche les plus pauvres et les plus éloignés de la capitale, Sanaa.

Anas (voir vidéo ci-dessous) fait partie des 267 000 enfants yéménites menacés de malnutrition, selon l’ONU. Nous l’avons trouvé dans la clinique pour enfants de Beit-Al-Fakih, loin au sud-ouest du pays.

4 euros par jour pour survivre

Le père d’Anas, Mohammed, est ouvrier intérimaire dans le bâtiment. Il ne gagne que 4 euros par jour et doit parcourir 20 km pour aller travailler. Faire amener son enfant à la clinique lui coûte trois jours de paye et signifie que sa famille devra supporter la faim ces prochains jours. Un cas qui n’est pas isolé. La situation de Mohammed et de ses proches est la même pour de nombreuses personnes dans les plaines de Tihaman, une des régions les plus pauvres du Yémen, à des années lumières de la prospérité, relative, de Sanaa.

Le prix de l’essence paralyse l’agriculture yéménite

L’augmentation des prix de l’essence n’a pas seulement empêché de nombreux enfants d’être amené aux cliniques, elle a aussi augmenté de 60% le prix du pain en 2011 – l’exploitation de la quasi totalité des réserves d’eau nécessaires à l’irrigation des cultures repose sur l’utilisation de pompes au diesel. Dans la région, considérée comme le grenier du Yémen, être exploitant agricole est aujourd’hui si cher que de nombreuses personnes ont déjà jeté l’éponge.

5 milliards de dons en 2006, 10% perçus… quatre ans plus tard

Et les choses ne semblent pas prêtes de changer, car si les promesses de dons atteignent des niveaux records, la proportion d’argent réellement déboursée, elle, est minime. En 2006, sur les 5 milliards d’euros promis, seuls 10 % avaient été perçus au mois de février 2010. Pour Joy Singhal, directrice des opérations d’Oxfam au Yémen : « Une part importante de l’aide sera très probablement dépensée en réformes politiques et sécuritaires. La réponse humanitaire […] dispose de moyens très en dessous de ses besoins pour être efficace ».

Les délais supplémentaires sont une question de vie ou de mort pour les habitants des plaines

Pour les habitants des plaines de Tihama, des délais d’acheminement des dons sont aujourd’hui des questions de vie ou de mort. « Les gens ne peuvent pas survivre sur des promesses vides de résultat, aussi généreuses soit-elles », explique Singhal. « Les promesses de dons doivent être rapidement transformées en argent réel, utilisé sur le terrain pour aider les familles, désespérées, qui luttent chaque jour pour s’en sortir […]. En termes pratiques, le manque de financement signifie que nous ne pourrons aider qu’une partie du million de personnes que nous espérions atteindre d’ici la fin de l’année. Nous sommes forcés de prendre des décisions très difficiles ». 

 

GlobalPost / Adaptation Stéphan Harraudeau pour JOLPress

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