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Les Russes préfèrent Barack Obama à Mitt Romney

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Les experts disent que le Kremlin souhaiterait voir le président sortant Barack Obama battre Mitt Romney lors de l’élection présidentielle américaine le mois prochain.

La remise à zéro des relations entraînerait un « échec du programme »

Lundi 8 octobre, l’Agence américaine pour le développement international (USAID), a mis finn à vingt années de travail en Russie sur ordre du Kremlin. Deux jours plus tard, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a sévèrement attaqué la politique d’amélioration des relations avec la Russie menée par Barack Obama, en l’avertissant que des relations sans cesse « remises à zéro » entraîneraient un « échec » de celles-ci.

Plus tard, dans la même journée, le département de la Justice américain a accusé 11 agents russes d’avoir volé la technologie électronique pour Moscou à travers une fausse société basée aux États-Unis.

Ce n’était que le dernier épisode en quatre ans de « remises à zéro » des relations, déjà tendues par le désaccord, en Europe, sur les plans américains de défense anti-missile, l’impasse sur la Syrie, le retour de Vladimir Poutine à la présidence, et les politiques généralement hargneuses en Russie et aux États-Unis.

Moscou préfère traiter avec Barack Obama, moins influencé par les vieilles idéologies

Les belliqueux présidents américains ont déjà contribué à aviver l’animosité du Kremlin envers les États-Unis, en décrivant les problèmes du pays comme la conséquence de l’ingérence des puissances étrangères.

Même si, selon les analystes, Moscou préfèrerait continuer à traiter avec Barack Obama, dont le soutien a permis à la Russie de rejoindre l’Organisation mondiale du commerce et de signer un nouveau traité START sur les armes nucléaires avec Whashington.

Fyodor Lukyanov, rédacteur en chef de la revue La Russie dans les affaires mondiales, affirme que le Kremlin voit Barack Obama comme quelqu’un qui comprend mieux les affaires internationales. « Il serait plus facile de discuter de questions pointues avec lui, car il est moins influencé par les vieilles approches et cadres idéologiques », a-t-il ajouté.

« Quoi qu’il en soit, l’élection hypothétique de Mitt Romney ne serait pas une catastrophe, car la Russie est prête à travailler – ou à ne pas travailler – avec n’importe qui après les années Bush [2000-2008] », a-t-il continué, faisant référence aux difficiles relations post-Guerre Froide, avant l’arrivée d’Obama.

La Russie, l’ennemi géopolitique n°1 pour Mitt Romney

Romney a accusé Obama d’être trop modéré au sujet de la Russie, et de céder trop de place à l’ancien ennemi américain de la Guerre froide sur des questions telles que la défense antimissile, sans avoir remporté de concessions en échange. Il a décrit la Russie comme étant « sans aucun doute notre ennemi géopolitique n°1 ».

Il a promis d’« annuler la remise à zéro » en réexaminant le traité START, en diminuant la dépendance énergétique de l’Europe à la Russie, et en renforçant les liens avec les pays autoritaires de l’Asie centrale, que Moscou considère comme son arrière-cour.

Cette rhétorique offensive a incité Poutine – qui a affirmé que les manifestations de rue en Russie étaient parrainées par l’Occident – à remercier ironiquement Romney d’être si « direct et franc ».

Dans ce que beaucoup voient comme une approbation claire, Poutine a dit d’Obama qu’il était « un homme très honnête, et qu’il souhaite sincèrement faire de nombreux changements positifs ».

40% des Russes souhaitent une réélection d’Obama

Les déclarations officielles font écho à l’opinion publique. Plus de 40% des Russes qui sont conscients que les élections américaines sont prévues pour le 6 novembre disent qu’une réélection d’Obama serait favorable à la Russie, alors que seulement 4% disent la même chose que Romney, selon un sondage réalisé par l’institut de sondage VTSIOM le mois dernier.

Alexander Konovalov, président de l’Institut d’Analyse Stratégique, a souligné l’amélioration du dialogue entre Washington et Moscou comme un succès de la politique actuelle de Washington sur la Russie. Le mois dernier, le Kremlin a ouvert une base aérienne de transit pour l’approvisionnement de l’Otan près de la ville d’Oulianovsk, à 800 kilomètres à l’est de Moscou, afin d’aider la mission en Afghanistan. La Russie a également permis le survol des voies d’approvisionnement.

Pourtant, il a déclaré que, bien que Moscou privilégie traditionnellement les dirigeants démocrates plutôt que républicains, la logique de cette approche ne résiste pas à un examen rétrospectif.

« La Russie veut vraiment qu’Obama gagne en raison des commentaires plutôt stupides de Romney qui dit que la Russie est son premier rival géopolitique. Même si, bien sûr, elle reconnaît que tout cela est une stratégie électorale », déclare Konovalov. « En même temps, je ne pense pas que la Russie attende un changement radical, quel que soit le résultat de l’élection ».

Le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a averti mercredi 10 octobre que les relations ont besoin d’une nouvelle substance pour se développer. « Si nous parlons de la « remise à zéro », il est clair que, en utilisant la terminologie informatique, elle ne peut pas durer éternellement », a-t-il déclaré au journal Kommersant. « Sinon, ce ne serait pas un « reset« , mais un « échec du programme« . Pour continuer à utiliser la terminologie des spécialistes de l’ordinateur, on doit mettre à jour le logiciel ».

Lukyanov a ajouté que, même si « le régime semi-autoritaire de la Russie utilise l’image d’une menace extérieure à son avantage », et ce, à volonté, l’élection de Romney pourrait néanmoins être un « cadeau »« Vous n’avez même pas besoin d’ajouter quoi que ce soit à ce qu’il dit ».

Global Post / Adaptation : Anaïs Lefébure pour JOL Press

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