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Hollande face à 400 journalistes, un exercice de style présidentiel

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L’heure du premier bilan a sonné pour le président de la République. Environ 400 journalistes français et étrangers sont attendus pour l’occasion dans le cadre solennel de la grande salle des fêtes de l’Élysée où se tiennent traditionnellement depuis le général de Gaulle ces grand-messes républicaines qui donnent le ton d’un mandat.

Exercice périlleux 

En chute dans les sondages, en proie à de fortes critiques de la part de l’opposition mais aussi et surtout d’une partie de la gauche, François Hollande sait que son intervention sera périlleuse. Et pour préparer le terrain, il a multiplié ses derniers jours les entretiens dans la presse écrite« Les Français sont extrêmement stressés et ils ont besoin d’un interlocuteur direct », a-t-il ainsi déclaré à l’hebdomadaire Marianne.

C’était sa promesse de candidat de « rendre compte de son action » tous les six mois devant les Français. Petit hic : François Hollande avait aussi déclaré ne pas vouloir faire ces conférences de presse à l’Élysée mais « dans un lieu neutre » : « Vous me rappellerez à ma promesse si d’aventure je l’oubliais en chemin », avait ironisé à l’époque le futur chef de l’État. Une disposition qui ne serait plus à l’ordre du jour.

Défendre le « pacte de compétitivité »

L’essentiel de son allocution devrait viser à défendre ses choix politiques et ceux de son gouvernement sur les six derniers mois. Et en particulier le « pacte de compétitivité » présenté par Jean-Marc Ayrault, après lecture du rapport Gallois, sur la relance de la compétitivité. Ce pacte prévoit une hausse de la TVA au 1er janvier 2014. Assimilée à la TVA sociale de Nicolas Sarkozy par l’opposition, cette mesure tend à « créer un choc de compétitivité » en transférant une trentaine de milliards d’euros de cotisations sociales patronales et salariales sur la fiscalité.

Ce « pacte de compétitivité » sera d’autant plus difficile à défendre pour François Hollande qu’il avait assuré pendant sa campagne, sur France 2, qu’il ne voulait pas que « les Français soient affligés de trois ou quatre points de TVA »« Cela ne protègera pas des importations extérieures et cela aura des conséquences graves sur la croissance », avait-il ajouté. Il s’était par ailleurs empressé, dès juillet, d’annuler la TVA sociale adoptée par la précédente majorité, qu’il considérait « injuste » socialement et qui devait entrer en vigueur le 1er octobre 2012.

Rassurer à gauche

Et sur le sujet, son allocution risque d’être suivie de très près par l’extrême gauche qui a régit très vivement aux propositions du Premier ministre« Je trouve cela lamentable parce que c’est la poursuite de la même politique qui ne fonctionne pas », a déclaré Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de gauche, sur TV5Monde« C’est un choc qui est fait où on transfère sur le dos de la masse des travailleurs contribuables ce qui ne sera pas acquitté par l’entreprise au moment de la production de la richesse », a-t-il ajouté.

Cette gauche, qui accuse le gouvernement de servir les intérêts du patronat contre ceux des salariés, sera d’autant plus difficile à convaincre que la mesure phare du candidat Hollande sur le droit de vote des étrangers a été repousée.

François Hollande devra aussi répondre aux questions sur une éventuelle sécession des écologistes. « Nous nous posons la question de savoir ce que nous faisons au sein du gouvernement », a déclaré cette semaine le sénateur et chef de file Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Jean-Vincent Placé, sur Radio Classique. En réponse, le Président a assuré dans Marianne qu’il ne souhaitait pas le départ des Verts : « C’est possible. Je ne le souhaite pas (…) Enfin nous verrons bien… Dans tous les cas, pas de panique ! »

Soutenir son gouvernement

« Je dois rappeler le cap », déclarait le Président cette semaine au Nouvel observateur. François Hollande cherchera avant tout à calmer les colères tout en assurant un soutien indéfectible à son gouvernement. Il cherchera aussi à pointer du doigt les réformes qu’il a engagées conformément à ses promesses de campagne. Le mariage et l’adoption ouverts aux personnes homosexuelles adoptés en Conseil des ministres, le remboursement à 100 % de l’interruption volontaire de grossesse (IVG) et la gratuité de la pilule pour les jeunes filles de 15 à 18 ans adoptés à l’Assemblée.

Mais aussi : la signature des premiers emplois d’avenir, des contrats à temps plein accompagnés de formations pour les jeunes peu ou pas qualifiés, la négociation sur les contrats de génération, qui visent à inciter les entreprises à embaucher des nouveaux entrants sur le marché du travail et le retour à la retraite à 60 ans pour les salariés qui ont commencé à travailler tôt. Seulement, une ombre plane au-dessus de ce bilan : le cap des trois millions de chômeurs qui a été franchi… 

À partir de 16h45, David Pujadas animera une émission spéciale en direct du palais présidentiel, entouré de François LengletNathalie Saint-Cricq et Franz-Olivier Giesbert. L’émission sera diffusée sur France 2, BFMTV, ITélé et LCI. L’exercice devrait durer deux heures.

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