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L’opération «Pilier de défense» aura-t-elle une influence sur les élections?

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Deux questions fondamentales planent aujourd’hui sur la vie politique israélienne. La première est de savoir si, oui ou non, l’opération à Gaza se transformera en invasion terrestre. La deuxième : comment le conflit affectera-t-il la campagne électorale, qui a plus ou moins été suspendue depuis le début des hostilités. Les élections législatives sont prévues pour le 22 janvier.

Iron Dome, secret de protection israélienne

Gidi Rahat, expert des politiques électorales, estime qu’Iron Dome, le super système de défense israélienne qui permet d’intercepter les roquettes tirées depuis le Liban ou la bande de Gaza, pourrait se révéler être « le bon côté » de l’opération Pilier de défense – comme l’a appelée Israël.

« Iron Dome est une arme de défense massive qui sauve de nombreuses vies des deux côtés de ce conflit. Les vies israéliennes évidemment – et ce serait un conflit totalement différent si les abris et Iron Dome ne sauvaient pas ces vies – mais c’est également vrai pour le côté palestinien. S’ils parvenaient à tuer plus de personnes en Israël, l’opinion publique soutiendrait et exigerait même peut-être une invasion terrestre, et ce n’est absolument pas ce qu’on voit actuellement », explique-t-il.

« Si des dizaines d’Israéliens avaient été tués, il y aurait eu un véritable soulèvement », ajoute-t-il.

En fait, Iron Dome connaît un tel succès que les autorités israéliennes ont mis en garde contre un manque de précaution de la population, et dimanche 18 novembre, l’État-major a émis plusieurs messages pour rappeler aux citoyens de Tel Aviv de ne pas oublier de se mettre à l’abri lorsqu’ils entendent une sirène signalant un raid aérien.

« Iron Dome ne signifie pas que les missiles ne sont pas en chemin », a affirmé un porte-parole de l’armée.

La vie politique attend la fin du conflit

Et pendant ce temps, la campagne politique a totalement disparu du paysage.

L’ancien Premier ministre Ehud Olmert, qui devait annoncer son entrée dans la course mercredi 21 novembre, a préféré décaler son annonce.

La dirigeante du parti travailliste, Shelly Yechimovich, qui s’est fermement soulevée contre le nouvelle coalition de Benjamin Netanyahu avec l’aile droite du parti dirigée par son ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, s’est limitée à des discours plus raisonnables, soulignant ses « objectifs raisonnables pour sécuriser la vie des habitants du sud. »

Le parti travailliste a annoncé la suspension de toute campagne électorale, mais les évènements informels tels que les café-débats des nouveaux candidats, semblent se mettre en place.

Quand la guerre du Liban avait été décisive

Ehud Olmert, selon Gidi Rahat, restera en retrait « afin de ne pas rappeler au public la guerre du Liban, que tout le monde lui reproche. »

En 2006, en réponse à des bombardements constants de ses colonies du nord et de l’enlèvement de deux soldats, Israël a entamé la deuxième guerre du Liban. Le pays a bénéficié d’un soutien quasi-universel du public au début, mais, environ un mois plus tard, ce soutien s’est transformé en désastre politique pour Ehud Olmert. Il est apparu que les négociations de cessez-le-feu étaient déjà en cours lorsque l’armée israélienne a ordonné le déploiement d’un bataillon de soldats dans ce qui s’est avéré être une embuscade.

L’habitude de la guerre

Benjamin Netanyahu se retrouve aujourd’hui dans une situation similaire.

Pourtant, Gidi Rahat affirme, qu’en général, le jour du scrutin, le résultat des élections n’est pas significativement influencé par les conflits armés.

« Cela dépendra de la durée et de l’interprétation de l’aboutissement du conflit, si celui-ci est considéré comme une victoire ou comme une défaite, mais dans l’ensemble, tout changement électoral est bref et revient à la normale avant le vote », affirme-t-il.

Avraham Diskin, un expert des élections de l’université hébraïque est du même avis. Dans l’ensemble, dit-il, le public soutient le gouvernement dans les moments de pression, quelles que soient les conditions. Les gouvernements de droite et de gauche gagnent les soutiens du public à chaque fois qu’un « développement spectaculaire » se produit, qu’il s’agisse d’un conflit armé ou du lancement de pourparlers de paix.

« Je pense que la plupart des gens savent qui est le méchant dans cette histoire », dit-il. « Il savent aussi qu’Israël a procédé avec prudence. Tout le monde sait qu’Israël a la capacité de faire disparaître la bande de Gaza, de sorte que ces frappes sont une véritable rupture avec la façon dont la plupart des nations répondent lorsqu’elles sont attaquées par des missiles lancés dans des zones urbaines. »

Que feraient les autres pays à la place d’Israël ?

Dans une tribune du Telegraph, l’éditorialiste Dan Hodges est du même avis.

« Certains débattront de la sagesse de la réponse d’Israël, d’autres de sa légalité. Mais, s’il vous plaît, ne pensons quand même pas que si des villes britanniques étaient actuellement sous les bombes, nous tendrions l’autre joue. Si l’IRA tirait des roquettes sur nous, pourrions-nous bombarder le quartier de Falls Road ? Oui, nous le ferions », a fait valoir Dan Hodges.

« Bien sûr », ajoute Avraham Diskin, « cela pourrait changer. Cela pourrait s’inverser complètement. Il y a encore du temps avant le 22 janvier. »

Global Post / Adaptation Sybille de Larocque – JOL Press

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