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Aux crises économique et politique s’ajoute une crise morale

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Mario Monti, qui donnait ce dimanche 23 décembre midi une conférence de presse de fin d’année très attendue, a annoncé qu’il ne se présenterait pas aux élections législatives prévues pour les 24 et 25 février. Cependant, il a présenté l’ « Agenda Monti » qui, selon lui, devrait être appliqué conjointement par tous les partis dès les premiers jours de l’élection de son successeur. Avec, au programme, nouvelle loi anti-corruption, libéralisation et réforme de la loi électorale.

Il se déclare néanmoins prêt à diriger le pays si le besoin s’en fait sentir : « Aux forces qui manifesteront une adhésion convaincue et crédible au programme Monti, je suis prêt à donner mon opinion, mes encouragements, et si on me le demande, à les diriger. Je suis prêt à assumer un jour, si les circonstances le veulent, les responsabilités qui me seraient confiées par le Parlement. » 

Le redressement budgétaire opéré par Monti lors de son mandat étouffent les ménages italiens

L’ancien président du Conseil, qui a présenté sa démission au président de la République Giorgio Napolitano vendredi 21 décembre, évite donc, une nouvelle fois, de passer par le vote populaire en cas de retour au pouvoir. Un choix compréhensible, alors que les débats entre économistes se font de plus en plus âpres quant au bilan de son mandat. En outre, sa popularité est au plus bas. En effet, d’après un sondage de l’instut SWG, 60 % des Italiens seraient opposés à sa candidature politique.

Une opinion publique qui ne surprend pas, quand on voit l’état du pays. Le redressement budgétaire opéré par Monti lors de son mandat et les hausses d’impôts votées cette année étouffent les ménages italiens. Le dernier-né, l’Impôt Municipal Unique (IMU), équivalent de notre taxe foncière, dont la précédente version avait été supprimée par Silvio Berlusconi en 2008, est très controversé car considéré comme injuste. Ainsi, alors qu’il achève de réduire le pouvoir d’achat des 80 % d’Italiens propriétaires – et souvent au prix de lourds sacrifices – celui-ci ne s’applique pas aux biens de l’Église, ni aux établissements bancaires.

L’ « impôt sur les ordures » (la « Tares ») collecté par les collectivités locales afin de financer les services publics municipaux, augmentera quant à lui de 293 % en moyenne. Une étude de l’Union Italienne du Travail (UIL) révèle que, pour un ménage « moyen », vivant dans une habitation « de taille moyenne », son montant d’élèvera à 305 € annuels, contre 225 auparavant. Et la liste est loin d’être exhaustive.

Les députés votent des lois sur les animaux écrasés quand le pays a d’autres chats à fouetter

Mais la crise traversée par l’Italie est également morale. Dans la ville de Novara, peuplée d’une centaine de milliers d’habitants et située à cinquante kilomètres de Milan, le désarroi est palpable. Alors que la crise était loin des sujets de conversations il y a un an encore, aujourd’hui elle est partout. Elle contamine les repas de fêtes, et alimente jusqu’aux conversations de rue, auparavant légères et plaisantes. « Notre pays a perdu jusqu’à ses valeurs », lance une femme à un marchand dans la rue. Le Français de passage se voit rappeler sans cesse sa chance d’être relativement épargné par la crise. Une étudiante de l’université de Bologne semble même surprise d’apprendre qu’à Paris, les jeunes ont encore la possibilité de trouver des petits boulots. « Ici, même les diplômés n’en trouvent pas, alors ceux qui sortent de l’école, je n’y pense même pas ».

Certains habitants préfèrent en rire qu’en pleurer, et ironisent sur les priorités pour le moins décalées de leurs députés. Ainsi, en pleine tourmente tant économique que politique, les députés ont voté la semaine dernière une loi condamnant à la prison toute personne écrasant un animal sur la route qui aurait pris la fuite. Cela alors que la loi concernant le délit de fuite pour un accident heurtant un être humain n’est pas appliquée… Et que le pays semble avoir d’autres problèmes autrement plus graves à régler.

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